Procès sur la mort de Modibo Kéïta : La défense d’Amadou Djikoroni face à la presse

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Amadou Seydou Traoré dit Amadou Djikoroni, 82 ans, est à couteaux tirés avec les héritiers du Dr. Faran Samaké, médecin traitant de Modibo Keïta, mort en détention dans des circonstances douteuses en mai 1977. Le doyen soutient que le premier président du Mali indépendant a été assassiné par son médecin traitant. Ce qui lui a valu un procès qui sera ouvert, le 30 novembre prochain, après le paiement par les plaignants d’une consignation d’un million de F Cfa. La plainte a été introduite par les héritiers du médecin à savoir Fanta Samaké et Siaka Samaké et Tiécoro Diakité. A la faveur d’une conférence de presse, les avocats d’Amadou Djikoroni ont révélé leur stratégie visant à prouver la véracité des allégations de leur client.

L’importance du sujet juridique et judiciaire exige que la population soit édifiée. A cet effet, les avocats de la défense ont tenu une conférence de presse, le 3 novembre 2010, à la maison de la presse. Pour Me Harouna Toureh, le procès va se passer en toute transparence pour découvrir «une vérité historique longtemps cachée». Les avocats d’Amadou Djikoroni relèvent que l’assignation de l’accusé sous le coup de la diffamation, un délit de presse, est irrecevable en sa forme. «Pourquoi Amadou Djikoroni est visé par un délit de presse en écartant les organes de presse qui ont relayé l’information ? Délibérément, les plaignants ont enlevé les personnes les plus concernées dans la procédure», a expliqué Me Harouna Toureh. Mais de l’avis des avocats, l’accusé ne souhaite pas que le procès soit annulé. Néanmoins, les avocats soulèveront une fin de non recevabilité à la participation de Tiécoro Diakité estimant qu’il n’a pas légitimité d’héritage de Feu Faran Samaké. Selon Me Mohamed Ali Bathily, la diffamation suppose de mettre à la connaissance du public des allégations susceptibles d’envoyer quelqu’un en prison.               

Il est évident qu’aucune déclaration officielle ne fait clairement état d’assassinat Modibo Keïta mais l’opinion publique malienne est largement convaincue que le premier président du Mali indépendant n’est pas mort d’une mort naturelle. A la faveur d’une conférence débat, tenue le 8 juillet 2010 à Nara, dans le cadre des festivités du cinquantenaire, Amadou Seydou Traoré lâche : «La thèse de la mort de Modibo Keïta est claire : c’est un empoisonnement par injection sur une ordonnance prescrite par Dr. Faran Samaké…. Moussa Traoré, Tiécoro Bagayoko et son oncle Faran Samaké ont assassiné Modibo Keïta». C’est cette déclaration qui a valu à l’auteur ce procès parti pour être historique dans l’histoire politique du Mali. Plus de 30 ans après sa mort, la vérité sera-t-elle connue un jour ? Où sont les preuves ?                             

Le Procès des héritiers du médecin traitant de Modibo Keïta contre Amadou Seydou Traoré dit Amadou Djikoroni, qui était en prison au moment de la mort de Modibo Keïta, sera un grand pas vers la manifestation de la vérité.                         

Pour les avocats, les causes de la mort de Modibo Keïta n’ont jamais été médicalement identifiées alors que l’ancien président Moussa Traoré a soutenu dans « Mémoire d’un continent » d’Ibrahim Baba Kaké qu’il est mort d’un oedème de poumon. Des ouvrages («Ma vie de soldat», «Mise au point», «Transfert définitif») écrits par des personnalités alors très proches de Moussa Traoré ou qui ont été en première ligne de la surveillance médico-sanitaire de Modibo Keïta concluent tacitement quant à eux à l’hypothèse d’un assassinat dont le médecin traitant Faran Samaké serait l’auteur. Les avocats de la défense ont donc cité comme témoins à la barre les auteurs des deux premiers ouvrages (le troisième est décédé) à savoir Soungalo Samaké et Youssouf Traoré amis aussi d’autres personnes supposées avoir un bout de vérité dans cette histoire : le jeune frère de la victime, Semoulou Keïta, l’ancien arbitre Modibo N’Diaye, le capitaine Zan Coulibaly et surtout l’ancien président Moussa Traoré. Interrogé sur l’éventuelle présence effective de ces témoins, Me Harouna Toureh dira : «le juge est tenu de les convoquer»   

Seydou Coulibaly

 

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