Morceaux choisis : Mali 1968-1991 (suite) : Quelle indépendance pour quelle souveraineté?

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‹‹Quand les hommes portent au cœur le même idéal, rien ne peut les disperser; ni les murs d’une prison, ni la terre des cimetières. Ils ont, pour les animer, une même idée, une même conscience››.

En renversant le pouvoir de Moussa Traoré, le  26 MARS 1991, le peuple Malien  entendait mettre fin, définitivement, à la gouvernance catastrophique de son destin, caractérisée par la dictature, l’ostracisme, le clanisme, le népotisme, la boulimie du pouvoir, l’impunité, l’immoralité et l’argent mal acquis. Aussi, à toutes les pratiques malsaines détériorant un corps social comme : la malhonnêteté, l’égocentrisme, l’injustice, le mépris des autres, la concussion, la gabegie, le gaspillage, l’insécurité, le détournement des derniers publics, l’impunité.

Le peuple malien voulait le changement perçu comme : La justice sociale et économique, la construction d’une nation-unie, libre, prospère, le patriotisme de ses nouveaux dirigeants dans la gouvernance transparente, visible et lisible des affaires publiques, l’amélioration des conditions de vie et de travail du peuple, la garantie des libertés démocratiques, la récompense des mérites et la sanction des fautes.

En lançant, courant Mars 1991 :  «  Anw Té Koro léfè, fo koura », « KoKadiè », « yèlèma »  « Anw ka Koura nanan », c’est-a-dire : « Nous ne voulons plus de l’ancien mais, du neuf, du nouveau » ; « la grande lessive » ; « le changement » ; « le nouveau pouvoir ; notre pourvoir populaire nouveau est là ».

Les insurgés victorieux, civils et militaires portaient en eux ce Message du peuple malien, qui était à la fois un nouvel Acte. Un Acte courageux, admirable, au contenu dense, clair, profond et polysémique.

En les décryptant et les décodant en profondeur dans toutes les dimensions, ces mots d’ordre, sentences et proverbes appelaient et interpellaient les insurgés victorieux, civils et militaires patriotes, démocrates, républicains et révolutionnaires à :

Premièrement : Se rappeler ces deux, deux enseignements qui restent des leçons d’histoire à ne jamais oublier au cours d’un processus révolutionnaire, à savoir que « quand les vrais acteurs d’une cause, d’une lutte en devienne des spectateurs, c’est le festival des opportunistes-jouisseurs, des filous cupides et rapaces »   d’une part.  Et d’autre part, qu’ « A la phase aiguë de la lutte révolutionnaire, il faut éviter : les déclarations sans effet, l’action sans continuité, la prise de position spectaculaire, sinon, ceux faisant l’objet de nos attaques, une fois leur panique estompée, se recherchent, s’unissent, agissent promptement sans hésiter comme vous »

 

Deuxièmement : En connaissance de cause, établir concrètement et matérialiser ici et maintenant, en République du Mali post 26 mars 1991 un nouvel Etat, un nouvel Ordre politique, social, économique et culturel en lieu et place de l’ancien militaro-bureaucratique.

 

Troisièmement : Faire renaitre et émerger un Etat national, démocratique, laïc et républicain. Ce nouvel Etat refondé, modernisé devrait pouvoir pleinement jouer son rôle d’éclaireur des changements à effectuer à partir des cinq missions et fonctions régaliennes suivantes à assumer par lui, à savoir :

1) Assumer sans faiblesse ses fonctions régaliennes de Défense, de Justice, de Sécurité sur l’ensemble du territoire national en alliant fermeté et dialogue, une main d’acier dans des gants de velours.

2)    Assumer la fonction de réglementation permettant l’épanouissement dans la transparence et en toute efficacité des activités collectives et individuelles.

3) Exercer sans complexe sa fonction d’orientation, de régulation de la vie économique.

4) Etre le garant de la cohésion sociale sans laquelle il n’y a pas de nation

5) La protection de l’environnement.

 

Quatrièmement : Permettre ainsi de bâtir une société malienne moderne, ouverte sur les environnements sous-régionaux et régionaux insérée efficacement dans l’économie mondiale.  Selon les principes de bonne gouvernance politique, économique, sociale culturelle.

 

Cinquièmement : Par devoir de reformes pour plus d’efficacité et de performance, le nouvel Etat refondé et modernisé devrait affirmer sa prééminence. Après les refondations de l’administration,  de la justice, de la gestion, de la gouvernance, de l’économie, de l’Education et de l’armée) suite à un Etat des lieux.

 

Sixièmement : Créer un fond nouveau des forces sociales issues d’un même mouvement et sur des bases nouvelles.

 

Septièmement : Tracer les boulevards de la 3ème République du Mali.

 

Huitièmement : En tant qu’événement neuf, opérer des transformations radicales qualitatives dans tous les domaines de la vie nationale et, cela, sous la conduite d’une classe d’avant-garde sur la base d’un projet de société et d’un programme politique avec l’adhésion des masses populaires laborieuses qui en sont sa force motrice. Le tout dans l’unité politique et l’homogénéité idéologique entre les acteurs de la révolution.

 

Neuvièmement : Anéantir les grandes disparités économiques et les inégalités sociales en accomplissant et réalisant la révolution sociale, culturelle, technique, scientifique et industrielle.

 

Dixièmement : Permettre, dans les phases d’évolution du processus révolutionnaire, la naissance d’un ordre nouveau, d’une Société nouvelle qui remplacent les anciens, de manière irréversible.

Telles étaient les tâches nouvelles, les urgences et priorités nationales à exécuter par les dirigeants, les responsables de la nouvelle cité en termes de changements « Yèlèma ».

L’autre Message du Peuple malien, c’était le « KoKadiè» (la grande lessive)

Dense, audible, digne d’un Mali nouveau post 26 Mars 1991, il s’agissait en 1992 comme en 2016 du laver propre :

 

Renoncer à faire du neuf avec du vieux d’une part et d’autre part, renoncer à l’utilisation de ces « hommes épices » « ces cubes MAGGI » qui savent donner du tonus à toute sauce que l’on appelle les prédateurs/ profiteurs/jouisseurs encore dénommés les ‘’grands commis de l’Etat’’ qui savent aussi nager dans les eaux sales et pourries de la corruption et des délinquances financières, économiques et foncières. Sortis de nulle part que des rangs du mouvement insurrectionnel, à la 25ème heure ; ils constituent la classe petite bourgeoise nocive et dangereuse des prédateurs-rentiers-prébendiers d’Etat, d’occasion et de situation qui privatisent, bradent et bazardent l’Etat, l’Ecole, l’Economie, l’Armée, la santé…

 

Avoir la volonté et prendre le courage de confier la gouvernance de l’Etat et des affaires publiques à des hommes et des femmes compétents, rigoureux, patriotes sortis des rangs du Mouvement démocratique.

 

Faire le grand pari sur l’avenir sans passé, ni c.v. achalandés.

 

Le renouvellement sans complaisance, ni compromission de l’appareil d’Etat, de son administration et de sa gestion.

 

Abandonner le fétichisme des grands technocrates, commis d’Etat  et autres bedonnant de diplômes, mimant les autres mais, inféconds et incapables de créer, d’inventer, de rénover et d’innover.

 

Se consacrer définitivement qu’on saurait bâtir du neuf avec du vieux, des pièces de musée et autres références archéologiques.

 

Tenir sans état d’âme les procès crimes : de sangs, économiques, politiques, moraux et éthiques.

 

Tenter de réussir à coup sûr de faire d’un diplôme-chômeur un administrateur-gestionnaire –aguerri ; de faire des mécaniciens de moulins des réparateurs- des mécaniciens-inventeurs de génies et de brevets d’inventions (à l’instar de Sony, Honda, Samsung et autres qui, au Japon, en Corée , bien que n,’ayant pas eu de longue années de scolarité, ont quand même pu et su disposer de plus de 400 brevets d’invention) comme en Chine, en Inde, au Brésil, à Cuba et ailleurs dans les pays émergents du tiers-monde.

 

Encourager en milieu  rural les analphabètes et les néo-alphabètes à s’impliquer à leurs participations/contributions aux prises de décisions qu’aux campagnes de fixation des prix aux producteurs et, au lancement des campagnes électorales.

 

Syndicaliser totalement les paysans agriculteurs, éleveurs, pêcheurs.

Faire émerger une société civile forte, engagée, compétente et responsable.

La décentralisation (progressive, expérimentale, participative, par étapes) à coupler avec une certaine déconcentration ; dans la logique de la refondation de l’Etat et de la Régionalisation.

La renaissance de la société malienne à travers la justice sociale, économique, culturelle et l’équité.

L’intégration (locale, régionale, nationale sous-régionale) par le bas et la production. Il s’agira de s’ouvrir au monde en abordant souverainement et sur tous les plans (en particulier social et culturel) la question de l’insertion du national au régional et au mondial.

L’émergence de coalitions et/ou de regroupement politiques alliés.

La refondation de l’Etat, de l’Administration, de l’Economie, de l’Education/formation, de l’Armée.

La valorisation/promotion des hommes et des femmes du pays aux moyens de savoirs, de savoir-faire et de savoirs-être citoyens.

Le dialogue, la consultation, la concertation, l’implication, la participation, la contribution inclusifs des citoyens/nés, des acteurs sociaux (étatiques et non étatiques), des intervenants au niveau micro, méso et macro du développement national et, à la gestion participative ; à la gouvernance démocratique.

 

Le renouveau culturel.

Nota bene : le lendemain du 26 mars 1991, il s’agissait, pour : le mieux-être des populations, du peuple malien, le bonheur et l’honneur du Mali, de traduire dans le concret, matérialiser ces slogans et mots d’ordre populaires. En termes de développement national, global, équilibre et souverain.

Mais hélas suite à l’absence d’une avant-garde homogène, d’unité, de vision stratégique, de projet de société consensuel, de programmes politiques communs, la révolution sanglante du 26 Mars 1991 fut infiltrée, récupérée et trahie par A.O.K et le pouvoir de l’Etat-parti-marmite ADEMA qui enterrèrent de 1994 à 2002 tout ce que G.M.T avait terrassé entre 1968 et 1991, d’indépendance, d’autonomie, de souveraineté du Mali.

I.B.K, faut-il le rappeler, a été plébiscité par une écrasante  majorité des Maliens avec comme principale attente : une rupture totale avec la corruption, les fraudes, la mauvaise gestion qui, après 22 ans de pratique démocratique occidentale, ont causé des plaies d’Egypte au Mali et ont finalement conduit le pays dans le gouffre.

Mali 1992-2012 : Les forces sociales et économiques déboutées du pouvoir le 26 Mars 1991 ont eu le temps de se regrouper et de récupérer la direction et le contenu de la révolution populaire du 26 Mars 1991. Après la Transition de 14 mois pour le salut du peuple (C.T.S.P.), les dites forces sociales et économiques déboussolées du pouvoir le 26 Mars 1991, une fois leur panique estompée, se sont retrouvées, regroupées et, ensuite, elles ont émergé et ont réussi à aiguiser les contradictions internes du Mouvement démocratique historique pour enfin s’emparer de l’appareil d’Etat et de tous les pouvoirs de décision et d’exercice du pouvoir.

L’agglomérat que constituait le Mouvement démocratique historique n’a pas eu le temps de se coaguler en conglomérat. Tout cela faisait le beurre des Prédateurs-rentiers-prébendiers d’Etat, d’occasion, de situation appelés « opérateurs économiques » et /ou « hommes d’affaires ». Il s’agit des 78 multimilliardaires de la démocratie fabriqués entre 1992 et 2013. Ce fut le coup d’arrêt brutal de la révolution populaire du 26 Mars 1991.

Le Mouvement démocratique historique avait vécu et est mort de sa belle mort.

Les attentes, aspirations, espérances populaires en tant que défis à relever à travers : le « KoKadiè » (la grande lessive, le laver propre), le « yèlèman » (le changement), « anw tè koroléfè fo koura » (faire autrement la politique et gérer autrement le pays), ici et maintenant, étaient trahies.  Mais, elles restent pertinentes, d’intérêt et actuelles en 2016. Le peuple malien floué, grugé, désillusionné désenchanté se  souvient !

Qu’est-ce que le Peuple ?

Dans le cas concret et précis du Mali, lorsque nous parlons du peuple, nous ne nous référons pas aux secteurs aisés et conservateurs de la Nation qui servent n’importe quel régime dictatorial d’exploitation et d’oppression et qui se prosternent à se rompre le front devant les maîtres de services.

Nous ne parlons pas non plus des prédateurs de l’Etat, de l’Economie, de l’Education, de la formation, de l’Armée, des finances, de l’héritage et du patrimoine de la nation et qui, de 1968 à 2014, en véritable vampire (cupides et rapaces), en véritable prédateurs-prébendiers-rentiers d’Etat, d’occasion et de situation, se sont emparés de l’appareil d’Etat et de tous les pouvoirs (décisionnel, politique, économique, financier et foncier, transactionnel, communicationnel, éducationnel, diplomatique, etc…) et ont sacrifié l’héritage, le patrimoine national sur l’autel des injustices, des inégalités, des délinquances ( financières, foncières, économiques), de la corruption, des privatisations/bradages/bazardages tous azimut et sans retenues !!!

Ces cadres dirigeants et responsables de la gestion et de la gouvernance de l’Etat, de la nation, de la famille, de l’école, des forces de défense et de sécurité, de l’économie nationale qui, d’une part ont sapé les fondements de la famille, de l’Education, de l’Etat, de l’Armée de l’Economie nationale et qui, d’autre part par leurs faits, actes, pratiques et comportement mafieux ont causé la grande et grave crise ample, profonde, multiforme et multidimensionnelle que le pays connaît ; en commençant le développement national par la fin !!! («Yèrètagninidioucouya » c’est-à-dire le gain individuel facile ici et tout de suite !!!). Ces prédateurs multimilliardaires fabriqués entre 1992 et 2014, dont les cheveux et les barbes ont vite blanchi suite à l’enrichissement illicite, à la corruption et qui, par décret du peuple souverain du peuple malien débout, sont condamnés par l’histoire !

Nous entendons par peuple, lorsque nous parlons de lutter. Cette grande masse indomptable à laquelle on a tout promis et rien donné. Que tout le monde trompe et trahit ; celui qui veut  que sa patrie soit plus digne et plus honnête ; celui, qui, ayant connu l’injustice et la trahison, génération après génération, veut enfin savoir ce qu’est la justice.

Le  peuple est celui qui exige des transformations importantes et sages dans tous les domaines, et est disposé pour les obtenir, lorsqu’il a suffisamment confiance en lui-même, à tout donner jusqu’à la derrière goutte de sang.

La camarilla de démagogues-jouisseurs-arrivistes-opportunistes-flibustiers et de politiciens professionnels-kleptomanes veulent réaliser le miracle d’entretenir les meilleures relations avec tout le monde et d’avoir toujours raison et, ce faisant, ils trompent et trahissent nécessairement tout le monde à propos de tout.

Nous appelons peuple, lorsqu’il s’agit de lutter… Les millions des maliens et maliennes des villes et des campagnes sans travail et qui veulent gagner leur pain honnêtement sans pour cela devoir émigrer de leur patrie, à la recherche d’une subsistance. Les millions des travailleurs agro-sylvo-pastoraux qui habitent des maisons misérables, qui travaillent quatre à cinq mois par an et connaissent ensuite la misère, le dénuement et la pauvreté avec leurs familles et leurs enfants surtout.

Plus ceux d’entre eux qui ont été expropriés de leurs terres et qui n’ont pas un lopin de terre à cultiver et dont l’existence devait susciter davantage de compassion s’il n’y avait pas tant de cours de pierre ou, pire encore. Car, Dieu dans le Coran dit : « ils ont le cœur dur comme de la pierraille ou plus dur encore car, il y a des pierres qui s’effondrent par crainte d’Allah et d’autres qui se fendent pour laisser l’eau ».

Voici le peuple ! Celui qui souffre de tous les malheurs et qui, dans la lutte est capable de tous les courages, de tous les sacrifices ; cela jusqu’à la dernière goutte de sang. Lorsqu’il a suffisamment confiance.

Dix ans de corruption et de gabegie 

Où sont partis les 950 milliards de F cfa qui ont atterri dans la cagnotte du budget d’Etat et des autres structures des finances publiques, sous forme de dons en espèce sonnantes et trébuchantes-comme prime à la démocratie ?

A ce peuple dont les chemins d’angoisses sont pavés de trahisons et de fausses promesses non tenues, nous ne disons pas : nous allons te donner, mais voici : prends et lutte maintenant de toutes les forces pour que soient tiennes, la liberté et la félicite !

L’avenir de la nation et la solution de ses problèmes ne peuvent plus continuer à dépendre des intérêts égoïstes de 78 prédateurs multimilliardaires fabriqués entre 1992 et 2014 à partir de pratiques déloyales et politiques.  Ils mangeant, nagent et vivent dans les « douze  V » (Voitures, Villas, Verger, Virements bancaires, Valises remplies d’argent Volé, Villégiatures dans les paradis fiscaux, Vendetta, Vandalisme, Vampirisme, Vols, Viol).

Le pays ne peut plus continuer à attendre à genoux les miracles de quelques veaux d’or, pareil à ceux de l’antiquetestement qui furent détruits par la colère du prophète. Les veaux d’or ne peuvent accomplir de miracles.

Les problèmes de la République ne seront résolus que si nous entreprenons de lutter avec la même énergie, la même honnêteté et le même patriotisme que mirent nos libérateurs du  22 Septembre 1960 !!!

Bakaridian Dantioko de Sebougou à Lafiabougou -Bamako

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