L'exécution de Fily Dabo Sissoko, Hamadoun Dicko et Kassim Touré

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Elle eut lieu le  12 février 1964 à environ 16h 15 quelque part entre Bouressa et Tazidjoumet dans le nord du Mali. C’est le lieutenant Jean Bolon Samaké qui a été chargé de l’assassinat et c’est lui qui a commandé le peloton d’exécution.

C’était un jour triste balayé par des vents de sables cinglants qui lacéraient la peau collée aux os des suppliciés ; le cortège macabre avançait à la recherche d’un ”bon” endroit et l’officier le trouva entre Bouressa et Tazidjoumet. Arrivés sur les lieux de l’exécution, Hamadoun leva la tête et regarda les vautours et les charognards qui décrivaient des cercles dans le ciel. Il demande alors au lieutenant, qui avait déjà formé son peloton d’exécution, de ne pas laisser leurs corps à ces bestioles.

”Dans ce cas, creusez vous-mêmes vos tombes !”, fut la réponse. Sans outils les trois personnes âgées, affamées et maladives se sont alors mises à dégager péniblement du sable et se creuser une tombe qui préserve des vautours.

Spectacle hallucinant sans doute. Drôle de choix où il faut surpasser son manque de force pour se créer une couche finale non dégradante. Après ce travail de Titan, les trois sont descendus dans la fosse commune, prêts pour la mort. Ils se sont mis côte à côte, debout, les mains non attachées au dos, les yeux non bandés et sans poteaux d’exécutions.

Le peloton se mit en formation en face, presque à bout portant, les hommes du lieutenant manœuvrent alors la culasse de leur fusil et ajustent leur trajectoire. L’officier crie alors :”feu !” Déchiquetés, les corps des trois hommes s’écroulent dans la tombe commune. Ils sont recouverts de sable.

Avant l’exécution, Hamadoun Dicko a enlevé sa bague et l’a confiée au lieutenant pour sa fille. Ce dernier la remettra à son supérieur direct, Dibi Silas qui mettra la bague dans le canal hiérarchique.  Parvenue à Modibo Kéïta, la bague fut bloquée et non remise à son destinataire. Enfin de compte on ne sait pas ce qu’elle est devenue.

Telle fut l’histoire des trois leaders des ”émeutiers” de 1962. Douze parmi eux ont survécu à Kidal.

H A MAIGA

 

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