Le lien entre le Mali de Modibo Keita, la Côte d’Ivoire de Houphouët à aujourd’hui

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Au premier abord, quoi de plus éloigné que le Mali de Modibo Keita et la Côte d’Ivoire de Félix Houphouët-Boigny, au début des années 1960 ?

D’un côté, un État résolument lancé dans la voie de l’édification du socialisme, partisan militant de l’unité africaine et du panafricanisme, solidaire des gouvernements socialistes et anti-impérialistes de l’Afrique nouvelle. De l’autre, un pays vitrine du capitalisme excellant et du libéralisme économique, étroitement attaché à l’ancienne puissance coloniale, hostile à toute construction fédérale interafricaine, et artisan d’une diplomatie de résistance avec la formation du « groupe de Monrovia » face aux initiatives du groupe de Casablanca.

Pourtant, à y regarder de plus près, on est frappé, au-delà des différences liées aux orientations idéologiques divergentes des deux régimes par d’étonnantes similitudes dans la pratique politique comme dans la volonté de construction d’une société nouvelle. Celles-ci sont trop grandes pour être fortuites et apporteront un aliment à notre réflexion sur l’évolution des pouvoirs en Afrique après les indépendances.

Malgré leurs idéologies différentes, à travers ces deux hommes leaders, le Mali et la cote d’ivoire ont pu créer un lien d’amitié.

En 2012, Selon un communiqué signé du ministre de l’Économie et des Finances de Côte d’Ivoire, Adama Coulibaly, la Côte d’Ivoire a décidé de « suspendre toute relation économique et financière et tout flux financier en direction du territoire malien jusqu’à nouvel ordre ».

Le gouvernement ivoirien instruit précisément les administrations financières publiques, les banques et établissements financiers de suspendre toute relation et tout flux financier vers le Mali. La décision fait suite à la résolution de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) après le coup d’Etat militaire intervenu au Mali.La CEDEAO a décidé de la fermeture de toutes les frontières terrestres et aériennes de ses pays membres avec le Mali et l’arrêt de tous les flux et transactions économiques, commerciaux et financiers avec le Mali.  Ainsi commença une déchirure relationnelle entre le Mali et la cote d’ivoire.

Abidjan le 15 janvier 2013, alors que le président ivoirien et de la CEDEAO, Alassane Ouattara séjourne en Allemagne, l’Etat-major de Côte d’Ivoire ne s’est pas encore prononcé officiellement s’il participera ou non à l’envoi de soldats ivoiriens pour la libération du nord mali occupé par les islamistes.
Au moment où les autres pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’activent au déploiement de leurs hommes au Mali.
COTE D’IVOIRE-MALI : Les relations diplomatiques sont-elles immobiles ?

La question a une grande valeur, car lors de la célébration de la fête des 59 ans de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, aucun ministre malien n’a daigné répondre à l’invitation de l’Ambassade de Côte d’Ivoire au Mali. Est-ce parce que les relations entre les deux Etats sont tendues ou parce que l’Ambassadeur de la Côte d’Ivoire au Mali, Samuel Ouattara est  persona non grata ?

Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour que les autorités maliennes n’acceptent pas de répondre à l’invitation des autorités ivoiriennes via son ambassade pour la commémoration de son accession à la souveraineté nationale. Si l’on sait que le président IBK est l’ami de l’ex président Gbagbo, toute chose qu’Abidjan sous Ouattara n’a pas vite gommé, avant de se résigner et enterrer la hache de guerre. Pour que les relations diplomatiques entre les deux pays soient immobiles, surtout que la concurrence entre les Etats est très rude, et que le pays de Félix Houphouët Boigny a perdu une quantité importante du trafic routier malien, lors du déclenchement de la crise de 2002.
Ces deux pays entretiennent des relations paradoxales; ils passent leur temps à se disputer et pourtant ne peuvent pas vivre l’un sans l’autre.
Si aucune information officielle ne confirme la tension, l’absence des autorités maliennes à la résidence de l’Ambassadeur ivoirien fait planer un doute et un scepticisme, sur la bonne coopération diplomatique entre nos deux pays.
Car lors de cette soirée on sentait une certaine gêne, dans le discours de l’ambassadeur Samuel Ouattara qui avait de la peine à lire son discours, car l’absence de personnalité malienne a été constatée par tous les invités surtout les ambassadeurs présents à cette soirée. Tellement la gêne était grande que l’ex ministre Tiéna Coulibaly était obligé de jouer les pompiers en prenant la parole à son nom propre pour remercier le travail d’Hercule abattu par Alassane Ouattara dans son pays.
Le Mali et la Cote D’ivoire sont sur le point de rompre définitivement leurs liens diplomatiques ? ou bien le management diplomatique de Samuel Ouattara n’est pas à hauteur de souhait ?

Difficile de répondre à ces questions, mais une chose demeure, les autorités maliennes ont boudé la fête de la célébration des 59 ans de l’indépendance de la Côte d’Ivoire au Mali.

Après toutes ces déchirures, le Mali et la Côte D’ivoire ont pu renouer leur lien d’amitié  et de coopération en 2019 ;

Abidjan, le 25 juin 2019 – A l’issue d’une audience avec le Premier Ministre ivoirien, Amadou Gon Coulibaly, la ministre malienne de la Culture, Ndiaye Ramatoulaye Diallo, a dit être venue à Abidjan dans le cadre de la relance de la coopération bilatérale entre la Côte d’Ivoire et le Mali dans le domaine culturel.

« Nous sommes venus rendre compte au Premier Ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly de notre séance de travail avec mon homologue Maurice Kouakou Bandaman. Elle a porté essentiellement sur la relance de la coopération bilatérale entre la Côte d’Ivoire et le Mali dans le domaine de la culture », a dit N’Diaye Ramatoulaye Diallo.

Elle a aussi vivement encouragé la Côte d’Ivoire à ratifier la Charte de la Renaissance culturelle. « Le Président malien Ibrahim Boubacar Kéita a été désigné par ses pairs de l’Union africaine (UA) comme coordinateur-champion de la culture, des arts et du patrimoine pour l’UA. Et dans le cadre de son mandat, le premier objectif est l’entrée en vigueur de la Charte de la Renaissance culturelle », a-t-elle expliqué, tout en se félicitant de la promesse faite par le Premier Ministre de tenir l’engagement de la Côte d’Ivoire de ratifier ladite Charte.
Et d’ajouter que « 14 pays ont déjà ratifié cette Charte. Et si le 15è pays, la Côte d’Ivoire, nous fait l’honneur de la ratifier, la Charte de la Renaissance culturelle entrera en vigueur ».
Enfin, elle a annoncé la tenue à Korhogo du prochain festival « Triangle du Balafon », qui réunit la Côte d’Ivoire, le Mali et le Burkina Faso. Ledit festival se tient habituellement à Sikasso au Mali.  Dès lors les deux Etats ont relancé leur lien de coopération jusqu’aujourd’hui.

                                                                                                       ASSITAN DIAKITE

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