Le dossier complet du coup d’Etat du capitaine Yoro Diakité contre le CMLN en 1971 : L''arrestation de Yoro Diakité et ses complices

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Après leur arrestation, le capitaine Yoro Diakité fut traduit en justice. C’est ainsi que la chambre de jugement de la Cour suprême de Sûreté de l’Etat a siégé toute la journée du lundi 31 juillet 1972 pour statuer sur l’affaire  ministère public contre l’ex-capitaine Yoro Diakité et autres accusés de tentative d’attentat à la sûreté de l’intérieure de l’Etat.

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A l’ouverture de la séance, présidée par Monsieur Mamadou Kane, premier président de la Cour d’Appel, l’arrêt de renvoi a été lu par Me Bandiougou Bagayoko, greffier en chef près de la Cour d’Appel.

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Le contenu de  l’arrêt de renvoi :

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 Le 19 novembre 1968, l’armée prend le pouvoir, elle constitue un Comité  Militaire de Libération nationale et charge le capitaine Yoro Diakité , premier président du dit comité de former le gouvernement provisoire.

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Janvier 1970, à la suite de la suppression de bicéphalisme. Yoro Diakité quitte la présidence du gouvernement pour occuper successivement les postes de Ministre d’Etat chargé de la Défense, de l’Intérieur et de la Sécurité.

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Il est finalement démis de toute fonction ministérielle. Toujours selon l’arrêt de renvoi, Yoro Diakité qui considérait ses mutations successives comme le résultat d’une véritable conspiration montée contre lui par ses camarades du comité Militaire ne cachait plus son mécontentement. Aussi, entreprend t-il des actions en vue de retrouver cette place  comme une sinécure. Il recrute Seydou Guindo, un ex-commandant de cercle comme agent de renseignements chargé en même temps de mener auprès des civils  une campagne en sa faveur. Il multiplie ses contacts avec les sous-officiers et hommes de troupe auxquels il rendait des visites nocturnes.

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Vers  1970, l’occasion s’offre à lui d’intoxiquer le capitaine Malick Diallo, membre du CMLN comme lui, chef de bataillon et  commandant d’armes de la place de Kati. A cette époque, deux sous-officiers de la garnison de Kati qui refusaient de rejoindre leurs postes d’affectation sont mis aux arrêts. Une nuit, Yoro Diakité se rend chez Malick Diallo et lui déclare qu’une mission de la gendarmerie devait incessamment venir enlever deux sous-officiers pour les liquider. Malick Diallo fait aussitôt convoquer l’officier de la compagnie d’alerte à qui il donne l’ordre de réunir les hommes et de barrer toutes les routes menant à Kati. Cet ordre n’est heureusement pas exécuté par l’officier. C’est ainsi qu’a échoué le plan de Yoro Diakité, qui selon l’arrêt de renvoi, consistait à semer un désordre au camp afin de permettre à ses hommes de profiter de la situation.

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En 1971, lorsque les deux sous-officiers en question sont radiés du contrôle de l’armée pour avoir refusé de rejoindre leurs postes d’affectation, Yoro Diakité demande encore à Malick Diallo de faire quelque chose, précisant que ce renvoi est fait pour pouvoir les atteindre. Malick Diallo et lui. Malick Diallo répond ne pouvoir ni vouloir  rien faire, mais  le lendemain Siméon Sidibé et Bamba Kéïta sont appréhendés par les forces de sûreté. Au domicile du premier, on découvre un pistolet mitrailleur et six chargeurs garnis ainsi que des minutions en vrac pour pistolets automatiques. Tous les inculpés nient les faits à l’exception de Seydou Guindo. Cependant des charges sérieuses sont relevées contre chacun d’eux.

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Entretemps Yoro Diakité est arrêté. Il reconnaît que son intention était de devenir chef  du gouvernement, mais précise cependant qu’il voulait y parvenir que par les prières des marabouts et non par la force. Cependant, son co-inculpé Malick Diallo déclare que Yoro Diakité a sollicité à plusieurs reprises  pour son adhésion à son projet de constituer un nouveau gouvernement. Le lieutenant Missa Mathieu Diakité commandant du groupe d’artillerie mixte arrêté déclare que son role  était d’arrêter quelques officiers en  précisant que le dialogue n’était plus possible entre lui et ses camarades du comité. Le  lieutenant Soungalo Samaké de la Compagnie   Para a été également sollicité par Yoro Diakité. Siméon Sidibé déclare qu’il n’a pas été compris par Malick Diallo lorsqu’il  lui a déclaré qu’ils allaient frapper. Selon lui, il s’agissait de corriger deux ou trois sous-officiers qui étaient  à la base de leur mutation. Cependant, il a tenté de récuperer le soldat  Kally Sidibé en lui demandant l’opinion des militaires du GAM sur les différents renvois de l’armée "la découverte chez lui d’armes et de munitions alors qu’il était libéré de l’armée est accablante", précise l’arrêt de renvoi.

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Bamba Kéïta quant à lui, ami intime de Siméon Sidibé, avait  été arrêté avec celui-ci . La décision de tenter le coup de force. Malick Diallo nie énergiquement avoir été de concert avec Yoro Diakité pour tenter un coup d’Etat. Il a cependant pris contact avec le lieutenant Soungalo Samaké à qui il a manifesté son mécontentement pour la mutation de Siméon et  Bamba ajoutant "il faut que cela change".

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Quant au civil, Seydou Guindo, il a expliqué son abstention défectueuse  par le fait qu’il ne savait pas à quelle autorité dénoncer Yoro  Diakité puisque ce dernier continuait d’exercer les fonctions du premier vice-président du CMLN. Cependant, son acte d’accusation citait que ce dernier était surtout attiré par les promesses faites par Yoro Diakité de lui donner un poste de direction de  sécurité d’Etat.

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Fin de l’arrêt de renvoi.

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Le président Amadou Koné a mené tout le débat.

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Au nom du ministère public, le Procureur général Tiémoko Diatigui Diarra, dans son réquisitoire a développé la gravité de l’attentat à la sûreté intérieure de l’Etat. Les avocats du barreau malien, quant à eux ont eu toute liberté pour plaider la cause de leurs clients. C’est à 19 heures 30 minutes le lundi 31 juillet  1970 que le jury s’est retiré pour délibérer.

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Ont été condamnés aux travaux forcés à perpétuité :

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Yoro Diakité, Malick Diallo et Siméon Sidibé.

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Ont été condamnés à cinq ans d’emprisonnement chacun : Bamba Kéïta, et Seydou Guindo.

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La Rédaction

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