LA REVOLTE DES BOBOS EN 1916 : En droite ligne de la lutte d’indépendance en Afrique

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C’est dans dix ans que les Bwa du Mali et Bwaba du Burkina Faso vont célébrer le centenaire de la légendaire révolte des Bobos de 1916. Et déjà, les deux communautés sont à pied d’œuvre pour préparer cet anniversaire historique. Elles se sont ainsi rencontrées à l’occasion des 90 ans de cet acte héroïque et douloureux. C’était le 9 décembre 2006 au Centre international des conférences à l’initiative de l’Association « Niimi-Présence Bwa ».rn

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« Cette célébration n’est ni un appel à la sécession ni un repli sur soi car Niimi-Présence signifie je fais partie, je compte », a assuré le président de l’Association, Raphaël Diarra. Faire partie de quoi ? Compter parmi qui ? Toute la problématique de l’intégration de cette minorité réside dans ces deux équations.

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L’objectif de l’Association est avant tout de rassembler les Bobos autour de leur culture, pour le développement économique, spirituel et moral du Bwatu. Cela est d’autant important que, comme l’a souligné M. Diarra, « le Bwa, objet de beaucoup de préjugés et stéréotypes, connaît mal sa culture. Nous voulons donc l’inviter à la redécouvrir car il ne saurait intégrer la société s’il ne connaît pas lui-même ». La célébration de la révolte de 1916 va servir de cadre d’échange entre le Burkina Faso et le Mali à partir du pays bobo.

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Au niveau de la présidence de la République, marraine de la manifestation, on souligne que « l’anniversaire des 90 ans de la révolte de 1916 s’inscrit dans le cadre général de la lutte contre l’occupation coloniale… La révolte n’a pas été l’affaire des seuls Bwa qui se caractérisent par leur loyauté, leur bravoure, leur intégrité et leur honnêteté ».

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Rompre le silence

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Les Bobos veulent se faire désormais entendre. Pour ce faire, il faut briser le silence. Ainsi, au cours de la manifestation du 9 décembre dernier, d’éminents historiens ont planché sur le dénouement de ce qui a été appelé la révolte des populations du Haut Sénégal-Niger de 1916 et ses conséquences sur les peuples bwa, sur les Africains en général.

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La révolte proprement dite a commencé entre 1915 et 1916 dans un village Dafing. En zone bwa, son déclenchement faisait suite à l’envoi sur le chantier du travail forcé d’une femme à terme qui va y accoucher et perdre son nouveau-né. Les hommes qui traînaient le pas jusque-là seront poussés à l’action par les femmes en les boudant au lit puis en quittant leur pagne en signe de protestation. Alors que les hommes ont proclamé la fin de l’oppression, a souligné Dr. Mafing Kondé. La révolte s’est généralisée pour embrasser des localités comme Dédougou, le pays Dogon…

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Le Pr. Bakary Kamian estime le nombre de bras armés à 80 000 hommes essentiellement armés de gourdins, de frondes, de hachettes, d’arc… « Nombreux étaient les résistants qui n’avaient d’arme que leur volonté. Certains préféraient se faire enterrer vifs plutôt que de se soumettre… Le chiffre de 23 000 tués n’est pas exhaustif car de nombreux villages ont été entièrement anéantis », a ajouté Pr. Kamian devant une assistance sidérée.

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Pour Dr. Joseph Tandé Diarra, qui travaille sur le sujet, la révolte a eu comme conséquences, entre autres, l’acculturation. « Beaucoup de Bwa se sont convertis au christianisme, la religion du colon. Avant la révolte, le Bwa avait sa croyance, ses dieux protecteurs auxquels il avait foi. Mais, à l’issue de la révolte qui n’a laissé que honte, panique, ruine et désolation, le Bwa a cru bon d’adhérer au Dieu des vainqueurs pour trouver meilleure protection », a-t-il précisé.

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D’après de nombreux chercheurs, la révolte des Bwa a été le mouvement précurseur des luttes d’émancipation des peuples africains. Elle a surtout inspiré le Rassemblement démocratique africain (RDA). En effet, comme l’a conclu le Pr. Bakary Kamian, « les Bwa se sont sacrifiés pour une cause et un idéal qui est la liberté et nulle part en Afrique, il n’y a eu de révolte d’une telle ampleur ». Mais, ce ne fut pas sans la bénédiction des Peuls, leurs « maîtres ».

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Moussa Bolly

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