L’autre face cachée de la vie de Fily Dabo Sissoko

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  Son destin, c’était Kidal, dans le désert brûlant, loin de la falaise du Tambaoura, et du site de Dambao où l’eau glisse sur les laves pétrifiées  aux ives couleurs, loin des marigots et des karités der Bendenri, de Galema et de Horokoto. Poète, philosophe, écrivain beaucoup plus qu’homme politique.

 André Gide, dit de lui dans la page de son journal daté de Bafoulabé en janvier 1938 : «L’étonnant ce n’est pas que Fily Dabo Sissoko soit fétichiste, l’étonnant c’est qu’il n’ait pas cessé de l’être et convaincu, malgré la lecture de Descartes, de Spinoza, de Platon etc. Il parle de Frazer, de Levy Bruhl. Son grand maître, c’est Fustel de Coulanges, c’est vers la cité  antique qu’il se retourne, c’est là qu’il trouve son point d’appui.

Fily Dabo Sissoko naquit le 15 mai 1900 à Horokoto dans le cercle de Bafoulabé en pays malinké au sein d’une vieille  famille de chefs. Sa mère, Dialla  ou Dala Dabo était citée en exemple dans sa région pendant des dizaines d’années après sa mort. Sa grande mère, Daramo serait une descendante de Soudiata. Le père de Fily avait décidé de faire de lui un marabout mais au moment où l’enfant allait commencer ses premières études coraniques survint la mort de son frère  Djiné- Moussa qui était inscrit à l’école primaire de Bafoulabé. C’est alors que le petit Fily devrait aller prendre la place que son frère laissait vide. C’est le père Mamadou Konaté, nous le rappelons, Tiébleba Konaté qui a envoyé Fily accompagné de Mamadou Konaté chez le commandant de cercle pour l’inscrire à l’école. Mamadou Konaté étant plus âgé que Fily de trois ans, chaque matin, réveillait Fily, le prenait par la main pour l’amener à l’école et à la descente le ramenait à la maison en le prenant par la main. Un détail historique très important à nos yeux, pour tout malien.

Bref, après le primaire à Bafoulabé, Fily poursuit ses études à l’école Normale d’Instituteur, puis il commença sa carrière d’enseignant. Parmi ses élèves, Gabriel d’Arboussier. Peu de temps après, Fily Dabo Sissoko a quitté l’enseignement pour devenir chef  de canton de Namba. Fily a beaucoup écrit. Ses études publiées dans diverses revues et ouvrages témoignent l’étendue de ses lectures et de la finesse de ses pensées. Fily ne s’instruit pas pour sa seule satisfaction, il veut mettre la culture reçue au service de la masse. Il est certain que les portraits débordant d’humour et de malice qu’il brosse de certains de compatriotes faux  évolués qui ne songent qu’à imiter les blancs et  les imitent mal contribuent à revaloriser la personnalité africaine. Les répercussions  de ce mouvement allant à contre courant dans ses débuts sont peut être plus profondes qu’on le suppose à première vue entre 1930 et  1940.

C’est en effet, un texte de Fily Dabo critiquant l’assimilation  culturelle qui fut reçue par la conférence de Brazzaville en février 1944 en tant que témoignage des aspirations de l’Afrique occidentale française. Fily entendait démontrer que l’apport de l’âme nègre dans le courant évolutif de l’humanité n’est pas  négligeable et qu’il est même essentiel à l’évolution actuelle de l’humanité. Pour cela affirme t-il, il  conviendrait que primo le «Noir » reste noir, reste noir de vie et d’évolution et secundo, que le «Blanc » essaye par tous les moyens appropriés de faire évoluer le Noir selon sa ligne d’évolution propre.

Après la seconde guerre mondiale, lors des dernières élections organisées dans les colonies françaises en octobre 1945, Fily Dabo est élu député du Soudan-Niger à la première assemblée constituante française puis à la seconde en juin 1946. A son arrivée à Paris, Fily met tout de suite en pratique les théories qu’il élaborait depuis plusieurs dizaines d’années. En  1946, il présente avec Félix Houphouët Boigny, une proposition de loi demandant le développement de l’enseignement en Afrique occidentale française . En 1946,  Fily Dabo Sissoko créa à Bamako le Parti Progressiste Soudanaise (PSP) qu’il affilia à la SFIO le 2 juin  1946.

Peu de temps après, il signe le manifeste des élus africains lancé par Houphouët Boigny en vue de la convocation du Congrès de Bamako au mois d’octobre 1946. Malheureusement, le jeu des influences politiques métropolitaines devait aboutir à désunir les signataires de l’appel et au lendemain du Congrès, un fossé infranchissable va désormais séparer l’Union Soudanaise RDA et le PSP. Membre du Consulat général du Soudan, il sera appelé à présider cette Assemblée à partir de 1953 tandis qu’il siégeait au même moment au Grand Conseil de l’AOF à Dakar. A Paris, on l’appelle à participer comme Secrétaire d’Etat au commerce et à l’Industrie au second ministère de Robert Shuman qui n’allait durer que du 5 au 9 septembre 1948.

En janvier 1957 à  Conakry, Fily Dabo préside le Congrès constitutif du Mouvement socialiste Africain (MSA) dont il sera l’un des vice-présidents aux côté  du leader du Mouvement Lamine Gueye. Un manifeste est adopté par le MSA fixant les buts de la nouvelle formation dont le premier est d’œuvrer pour une politique démocratique assurant à la personne humaine la libération et le libre exercice de ses droits humains et citoyen. Cependant, les élections soudanaises de mars  1957 ne laissaient plus que 6 sièges sur 70 au PSP de telle sorte que les activités politiques de Fily dans son pays   s’amenuisaient. Par ailleurs, lorsque le MSA s’intègre dans  le « Parti du Regroupement Africain » au début de 1958, Fily est vice-président du Groupe parlementaire de cette formation à l’Assemblée nationale française jusqu’au moment où les députés africains quittèrent définitivement le palais de Bourbon tandis que s’achevait la IV  République française et que naissait les Républiques africaines.

Aux élections législatives soudanaises de 1959, le PRA obtient 24% des voix mais aucun siège. Fily Dabo Sissoko et Hammadoun Dicko avaient à l’occasion de cette Constitution, exprimé leur opposition à la formation  d’une Fédération du Mali entre le Sénégal  et le Soudan qui, à leur avis distendrait les liens naturels et indispensables existant entre le Soudan et la Côte d’Ivoire de Félix Houphouët Boigny.

Les vrais mystères de la  vie de Fily Dabo Sissoko : La géomancie traitée par Fily

Les noirs de mon pays l’appelle « Diaba », « Kénio », «Latourou » .  Les marabouts « Ramoulti ». Ces noms sont assez explicatifs en eux-mêmes.

En effet, «Diaba » n’ayant pas de graine, est l’un des symboles du mensonge. Le « Diaba »  est donc l’art du message systématisé. Ceci dit : il peut sembler paradoxal de prêter  la moindre attention à une telle discipline. Mais qui peut se vanter de prédire l’avenir à coup sûr. Pourtant, qui peut empêcher  de se poser la question du comment de toute de toute chose ? « L’avenir n’est à personne » disait Victor Hugo. Mais de son côté, la curiosité humaine n’a pas de limite.

« Kénio » : sable (d’où la pratique sur du diable par extension de sens, le praticien s’appelle « Diabalala » Diabou- mansa » ou  « Keniémano » praticien du Diable, roi du Diaba, roi du Kenio : maître es-géomancie. Très souvent, ce maître est craint et par là jouit d’une certaine notoriété. Parfois, il fait même école et recrute ses adeptes parmi les chasseurs et les jeunes gens que l’ambition aiguillonne car le Diaba est le protecteur des fils uniques et des faibles. Qui le connaît à fond vaut deux hommes. C’est au moins l’opinion courante.

Introduction de la géomancie au Soudan

A l’origine de cette introduction deux noms : Na Moussa et Na Bourama du Wassolou. Tous deux, ils furent initiés à la science par un «Djin » (probablement un des maîtres es-science occulte qui ont émigré du Ouagadou par suite des conséquences funestes de  la mort de Ouagadoui Bidia. Nous nous empressions de dire que ceci hypothèse du reste assez plausible car on le verra plus loin dans des incantations qui préludent encore au développement  des thèmes, subsistent le vocable «Wargara ». D’un autre côté, la « légende de Soudjata, si riche sous d’autres rapports (alchimie, magie blanche, télépathie etc.) est muette sur la géomancie. Na-Moussa et Na-Bouréma, nous ignorons  par quelle filiation eurent un disciple de  haute classe en la personne de Djitoumou Moussa qui conduisit l’exode des Samaké (dit au Touré du Cordan (Dièra-Wassoulou) ou Djitoumou actuel).

Ce Djitoumou Moussa dont l’action se place vraisemblablement  au XVIIè siècle est considéré  à juste titre comme l’introducteur de la géomancie dans le Soudan occidental. La géomancie du Gourma en particulier et du Soudan en général doit provenir de la même source commune à savoir le Ouagadou. De Djitoumou, la géomancie gagna le Bélédougou, le Kaarta, le Birgo, le Koukodougou, le Bambouck et le Khasso.

Aujourd’hui, encore, elle est communément pratiquée dans toutes ces régions avec d’authentiques maître.

Les maîtres : Autrefois quelques noms sont parvenus comme Djitoumou Moussa, Sambal Korin, Bandian Diédus, Nougon Fouloukoro, Wolokoro Fadiou,  Kalan Zan, Natié-Guita etc.

A ces noms, il convient d’ajouter des noms des Djin, d’indices et d’animaux symboliques comme : Halo-Faté, Diaté-N’Demba, Kerin-Kono, Djingui-Dinga-Dan.

Extrait du bulletin de Recherche soudanaise : La géomancie traitée par Fily Dabo Sissoko

 

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