Il faut le dire sans rancune : des trous de mémoire de l’histoire.

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Hier matin,  non loin de l’école Cabral de Badalabougou SEMA I, dans une classe de 9e année, un professeur de second cycle d’une quarantaine d’années, s’adressa à ses élèves en ces termes : « Que vous rappelle la date du 17 mars 1980 ? » Silence de cimetière dans la salle. Un enfant téméraire leva le doigt en direction du professeur en criant : moi monsieur, moi monsieur, moi monsieur ! Alors, à toi Moussa lui dit le professeur. Et à Moussa de répondre : il y a 36 ans,  le 17 mars 1980, le Mali a gagné la coupe du monde de football. Toute la salle explosa de rires. Un deuxième parla de la date de naissance d’un footballeur, un troisième élève de la date de naissance d’un grand rappeur !

Lorsque le professeur s’apprêtait à donner la réponse alors, tout au fond de la classe un doigt timide d’une fille se leva : «  moi monsieur ! » Sans grand enthousiasme, le professeur lui dit : « A toi Mariam ! ». La jeune fille se leva et dit : « le 17 mars 1980, le Général Moussa a assassiné Cabral ». Tout la salle est restée pantoise, sidérée. Des murmures se faisaient entendre. D’autres riaient sous cape et se demandaient qui était Cabral et qui était le Général Moussa. Les élèves attendaient la réaction du maître qui ne tarda pas à venir : « C’est bien Mariam, tu as bien répondu ; mais ce n’est pas exactement la réponse. En effet, Cabral a été assassiné sous la présidence du Général Moussa Traoré dans ce sens on peut dire que c’est lui l’assassin. Mais comme ce n’est pas de ses propres mains, on ne peut pas dire  qu’il en est l’auteur. Vous comprenez la nuance ? A la question de savoir qui est Cabral, il n’eut aucune réponse et le professeur même n’a pu donner les nom et prénoms de Cabral. Il a eu un trou de mémoire.

C’est pour signifier aux amis de l’AMS-UNEEM que le temps est en train d’effacer le souvenir de leur camarade et surtout auprès des jeunes. Les amis du président Modibo Keïta ont bien compris ce phénomène de trou de mémoire et ils ont profité du centenaire de sa naissance pour tenter de le réhabiliter. Profitant du passage à vide du pays en ce moment, il semble que les amis de Moussa Traoré, un homme qui a été condamné  par la justice de son pays, veuillent aussi s’adonner à cet exercice de réhabilitation. C’est un peu le sens du livre écrit par un collectif d’intellectuels maliens publié par  une maison d’édition de la place.

Ils veulent réécrire l’histoire mais je ne suis pas sûr que, quelle que soit leur expertise,  ils puissent faire oublier au peuple malien les avatars qu’il a subis sous le long règne CMNLO-UDPMISTE sous la direction du lieutenant puis du Général Moussa Traoré. J’espère que beaucoup de Maliens liront ce livre et apporteront la contradiction. En présentant le livre on note en parlant du Général Moussa Traoré : « Il fit appel aux cadres du pays, exigeant d’eux essentiellement trois qualités : la compétence, le patriotisme, la loyauté ». Après tout, n’était-ce pas aussi cela, qu’exigeait l’auteur de Mein Kampf  aux cadres allemands ?

Wamseru A. As

 

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