Coups d’Etat en Afrique : Certains d’entre eux ont changé le visage du continent

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En Afrique,  les coups d’Etat ont entamé leurs sagas juste après les ferveurs panafricanistes et indépendantistes des temps des premiers Chefs d’Etat africains. Mais une fois passées les frénésies et manifestations populaires relatives aux premières heures des indépendances, beaucoup de pays africains furent violemment frappés  par des séries de coups de force.

Cependant, après leurs putschs, les nouveaux tenants des pouvoirs africains (en majorité des militaires) se retrouvèrent confrontés aux dures réalités de la gestion du pouvoir. Ainsi, la  plupart d’entre eux, sous le prétexte de «redresser les dérives » de leurs prédécesseurs, n’ont plutôt contribué qu’à plonger  leurs pays dans des marasmes économiques et sociopolitiques sans précédent. Et le fait de s’incruster au pouvoir durant de très longues années n’avait fait que conduire leurs pays vers le désastre.

Ben Ali dépose Bourguiba

Le 7 novembre 1986, Habib Bourguiba est déposé. Né en 1903 et décédé en 2000), ce militant nationaliste a traversé le 20è siècle et marqué de son empreinte l’histoire de la Tunisie. Avocat de formation, il mène une lutte inlassable pour l’accession de son pays à la pleine souveraineté. Mais ce engagement lui vaudra exils forcés et emprisonnements répétés. Sa lutte accompagnée de diplomatie aboutit en mars 1956. Un an plus tard (1957), Bourguiba devient le premier Président de la République tunisienne. Sitôt élu, il se montre réformateur et veut un Etat moderne, tant sur le plan économique que social. On retiendra de lui ses  décisions dites « progressistes » : interdiction de la polygamie, autorisation du divorce et de l’avortement. Laïcité obligeant, les autorités religieuses voient ainsi leur pouvoir réduit. Dans les années 1970, le pays n’échappe pas au marasme économique et à son corollaire : la montée progressive de l’islamisme. Ayant une très haute idée de lui-même, Bourguiba se fait Président à vie en 1974. Pourtant, son état de santé ne rassure pas. On dit que le leader faiblissant devient de moins en moins lucide et on soupçonne son épouse, Wassila, de gouverner à sa place. C’est donc sur ces doutes que son Premier ministre, Zine El-Abidine Ben Ali, décide d’intervenir en perpétrant un « coup d’Etat médical » le 7 novembre 1987. Certifié sénile par des rapports médicaux, Bourguiba est déposé avec ménagement par son numéro deux qui prend le pouvoir en tant que successeur constitutionnel. Assigné à Monastir, sa ville natale, Bourguiba y vivra pendant 13 ans sans se rendre compte qu’il n’est plus Président, du fait de sa sénilité. Il rend finalement l’âme en 2000. Enterré dans un somptueux mausolée qu’il s’y est fait construire de son vivant, le « père de la Tunisie moderne » est honoré une dernière fois par des funérailles nationales.

Samuel Kanyon Doe : l’exécution d’un barbare

Il n’a pas voulu se montrer magnanime, il n’a donc bénéficié d’aucune indulgence non plus. Samuel Kanyon Doe a fini comme il a gouverné : dans la cruauté. Le souvenir est encore vivace dans la mémoire collective africaine de l’interminable supplice infligé au Président libérien lors de sa destitution en septembre 1990. La lente torture et les mutilations qu’il subit sont filmées en même temps qu’elles se déroulent sous le regard goguenard de son vainqueur, le rebelle Prince Yormie Johnson, qui le fait finalement exécuter. Aujourd’hui encore, ces horribles images circulent de main en main. La figure de Samuel Doe, un Sergent âgé seulement de 29 ans, est inconnue du grand public. Même William Tolbert, le Président démis, n’avait pas vu venir ce putsch quand il est étranglé dans son lit. Après un jugement aussi sommaire qu’expéditif, ses ministres, tous arrêtés,  sont fusillés en public sur les plages de Monrovia. Arrivé au pouvoir en avril 1980, Samuel Doe est tué à son tour le 9 septembre 1990 1990). D’atroces exécutions sommaires rythmeront les années de terreur du régime Samuel Doe qui perpétue les pratiques de corruption pourtant dénoncées par lui-même avant sa prise du pouvoir. Premier « autochtone » à diriger le pays jusque-là sous la domination des Américano-libériens (Libériens d’origine américaine, descendants d’esclaves affranchis), le militaire de l’ethnie Khran se rend de plus en plus impopulaire. De nombreuses tentatives de coups d’Etat contre lui échouent. En décembre 1989, la rebellion du « National patriotic front of Liberia » (NPFL)  de Charles Taylor éclate et conquiert rapidement l’essentiel du pays jusqu’à pénétrer dans la capitale Monrovia. Acculé, Samuel Doe se laisse alors abuser par une proposition de rapprochement de Prince Johnson, ancien allié de Taylor qui a créé  sa rebellion dissidente. La Général-Président (Doe) est cueilli dans un piège mortel. La suite est connue. La guerre civile, une des plus meurtrières du continent, elle, ne fait que commencer. A suivre

Oumar Diawara  « LE VIATOR »

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