Frantz Fanon avait coutume de dire: «Chaque génération, dans une relative opacité, doit découvrir sa mission et la remplir ou la trahir.» Il importe de rappeler que mardi le 19 novembre 1968, un groupe de sous-officiers de l’armée malienne dirigé par le lieutenant Moussa Traoré, alors instructeur de la milice populaire du Mali, a donné un coup d’arrêt au régime nationaliste du président Modibo Keïta.
La junte militaire a pris le nom de Comité militaire de libération nationale (CMLN). Elle s’était donnée pour tâcher de ‘’libérer’’ la nation malienne. Mais de quoi ? Elle n’en dit mot. Cette tâche, comme le peuple sait aujourd’hui, était de la calomnie, du mensonge assourdissant à l’encontre du régime populaire de Modibo Keïta et donc contre le peuple travailleur du Mali.
Dans son illustre ouvrage de première main intitulé ‘’Le chemin de l’honneur’’, le célèbre prisonnier du bagne de Taoudéni, le sieur Guédiouma Samaké a écrit: «Libération nationale: libérer une nation, un peuple, c’est délivrer cette nation, ce peuple de la servitude, de l’esclavage. Mais au Mali, qui avait asservi le peuple pour qu’on parle de libération nationale ?
Nous savons toutefois que le Soudan français a subi toutes sortes d’humiliations, que nos grands-parents et nos parents ont supporté une longue période de souffrance morale et physique depuis les paniers de latérite en passant par les fournitures d’œufs de poulets, de mil, de caoutchouc et même de jeunes filles au commandant blanc et à son garde. C’était à cette époque que le mot libération se justifiait; mais pas au moment où les hommes qui, grâce à leur opiniâtreté, au prix de toutes sortes de sacrifices, ont rendu au peuple sa dignité.
De 1960 au 19 novembre 1968, on peut noter des erreurs politiques, mais dire que le peuple a été asservi relève de la pure calomnie, de la pure ignominie.»
Les putschistes de 68 ont justifié leur forfait d’apatride par le besoin de «redresser» l’économie nationale du Mali. Mais ce n’était là qu’une poudre aux yeux des aveugles. Leur gage était unique: se servir du pays au lieu de le servir comme en témoignent ces propos d’un sbire du CMLN, tortionnaire et bourreau du prisonnier Guédiouma Samaké (rapporté par celui-ci sorti du bagne).
Ce sbire disait contre le régime nationaliste de Modibo Keïta: «Le système politique en place n’est pas bon. Plus de socialisme, plus de cours d’idéologie:
– Il faut libéraliser le commerce car il n’y a plus de pièces de rechange pour les voitures.
– Le salaire d’un lieutenant était de l’ordre de 80 000 francs maliens. Pour les autres, cela est admissible, mais pour un lieutenant, responsable national, c’est peu, très peu pour faire face aux petites réceptions souvent organisées à l’intention des amis dont le nombre allait croissant journellement. C’est que lorsqu’on accède à une échelle sociale aussi élevée, les courtisans ne manquent pas. Des primes spéciales seront donc instituées pour satisfaire ses besoins nouveaux même si on a clamé partout que les caisses de l’Etat sont vides.
– Le logement du lieutenant aussi ne convient plus car trop exigu pour contenir tout ce monde.»
A partir de ces propos pour le moins dérobant, il est aisé de rendre à l’évidence que le Comité militaire de libération nationale n’avait que faire du mieux-être du peuple au nom duquel il a prétendu faire le coup de force contre le régime nationaliste de Modibo Keïta.
En disant qu’il faut libéraliser le commerce, le CMLN entendait ainsi instaurer dans notre pays le pouvoir de l’argent aux dépens de la qualité des ressources humaines car cette libéralisation a été l’occasion pour les hommes du sérail de la junte de se faire fortunes illicites en se constituant en bourgeoisie compradore qui ne jure que par l’enrichissement illicite sur le dos des masses travailleuses.
En rappelant que le salaire d’un lieutenant était de 80 000 francs maliens sous Modibo Keïta, cette sangsue du CMLN a fini de dévoiler que leur ambition, en décidant de faire leur coup d’Etat, n’était ni plus ni moins que de profiter de l’occasion pour se faire les poches au détriment des autres maliens et donc aussi des militaires subalternes.
Aussi, ce coup d’Etat apatride et assassin de tout un peuple était l’occasion rêvée pour ses sous-officiers maliens de se tailler un standing de vie comme des cow-boys foulant au pied les sacrifices consentis par le peuple travailleur du Mali en quête de dignité et de liberté fondées sur une prospérité économique. Dès lors, ce n’était plus étonnant d’entendre dire que le CMLN a trouvé les ‘’caisses de l’Etat vides’’.
Mais aucun des quatorze (14) membres du CMLN n’osait prendre sur lui la responsabilité de dire à la face de notre peuple où sont partis les 300 millions de franc malien que Modibo Keïta a laissés dans lesdites caisses. Où sont partis les bijoux de l’épouse du président Modibo Keïta ? Que les survivants du CMLN aient le courage et la décence d’esprit d’éclairer la lanterne des Maliens sur ces crimes économiques abominables !
Lorsque le sbire du CMLN estime qu’il faut aux lieutenants des primes spéciales pour que les courtisans de plus en plus mangent à satiété dans les salons meublés de leurs hôtes, il ne pouvait penser à la condition d’un peuple au nom duquel les putschistes ont commis leur forfaiture.
Au lieu de s’occuper d’un toit décent pour chaque Malien, l’ambition non avouable du CMLN était de se partager le gâteau Mali.
On peut simplement retenir du Comité militaire de libération nationale (CMLN) que c’était une mafia organisée pour spolier le peuple travailleur du Mali.
La suite n’a échappé à personne: en lieu et place de la défense des intérêts matériels et moraux des masses laborieuses de notre pays, le CMLN a semé les graines de l’affairisme, de la gabegie, de la surfacturation, de la corruption, du népotisme, de la concussion, des détournements de deniers publics.
Le constat est amer. Pendant les dix (10) premières années de pouvoir du CMLN, ces acteurs tapis dans l’ombre de Moussa Traoré ont travaillé à imposer un vide politique pour que les Maliens cessent de réfléchir politiquement.
Pendant ce temps, sur un fond de répression militaire, le Mali devenait un no man’s land politique laissant la place à la pratique du chacun pour soi et le diable pour tous.
Pour instituer une farce politicienne, Moussa Traoré a mis au point son parti unique dénommé Union démocratique du peuple malien (UDPM). C’était à l’issue de son fameux congrès constitutif des 29, 30 et 31 mars 1979. Un parti politique mort-né a vu le jour dans le pays de Modibo Keïta avec à son actif la deuxième République. Celle-ci a pendant vingt-deux (22) longues années de dictature sanguinaire, Moussa Traoré avait réussi à réduire au silence le peuple malien. Mais, c’était sans compter avec le sens élevé de celui-ci.
Le président qui a passé vingt-trois ans à réduire les intellectuels au silence ne pouvait saisir à bon escient cette réflexion de Louis Auguste Martin qui disait: «Le silence d’un peuple n’est qu’un effet de contrainte et non une adhésion volontaire à la servitude; c’est, le plus souvent, le couvre-feu d’une révolte à venir.»
Dans une farce démocratiste, Moussa Traoré ne manquait pas de dire deux choses: Quand on refuse la parole au peuple, il finit par la prendre. Lorsque la tête pourrie le corps s’étiole (s’adressant aux cadres de son parti et aux responsables de l’administration).
Le 26 mars 1991, son peuple, uni au sein du Mouvement ‘’démocratie’’ a eu raison de lui. La troisième République est née des cendres de la deuxième. Mais le constat reste accablant: Moussa est parti pour mieux rester. Les hommes et les femmes qui ont grandi à son nombre et sous sa protection se sont emparés des affaires de l’Etat à l’issue d’élections démocratistes bourgeoises.
Les graines de la gabegie, de la corruption, du népotisme, pour ne citer que ces forfaitures, ont germé, grandi et mûri sous la troisième République. Nul doute que la tête qui gouverne le Mali depuis la chute de Moussa Traoré, en 1991, s’est illustrée par la grande pourriture.
La conséquence sur le peuple est connue: il s’étiole aujourd’hui à telle enseigne que le Malien lambda croît de plus en plus que la démocratie signifie la course aux intérêts sordides aux dépens de l’honneur et de la dignité nationale avec comme fondement la probité morale et le sens élevé du devoir bien accompli.
Aujourd’hui donc, il apparait clairement que l’apache régime de Moussa Traoré a fait germer et entretenir toutes les conditions de la déconfiture socioéconomique, politique et culturelle de notre pays.
Que dire donc si ce n’est que le Mali est tombé, depuis le 19 novembre 1968. Cinquante (50) ans après, le Mali souffre d’une grave crise de ressources humaines viables et de la faillite de l’Etat. Comme le dira donc Sony Labou «Il faut des hommes pour sauver l’avenir.»
Fodé KEITA
“Le 19 novembre 1968” FUT UN TOURNANT DANS LA VIE DE LA NATION MALIENNE :
– CE TOURNANT A UN NOM :
“L’ INVERSION DE L’ INDEPENDANCE NATIONALE”, PAS PLUS, NI MOINS.
SAVOIR STRUCTURER LES CHOSES PAR SYNTHESE, OU EN SAISIR SA STRUCTURE PAR L’ ANALYSE SCIENTIFIQUE, ECHAPPE AUX PSYCHOLOGIES ENTROPISE’ES ET DISSOUTES DANS UNE SPIRITUALITE’ FRANCO-ARABE LARBINISANTE.
L’ INDUSTRIE DE BASE, MISE EN PLACE PAR MODIBO KEITA, DEVAIT SERVIR DE CHAMP D’ ACTIONS POUR LES INTELLECTUELS -INGENIEURS-SCIENTIFIQUES MALIENS.
MAIS HELAS, SANS CETTE BASE INDUSTRIELLE NATIONALE, JE DIS BIEN “NATIONALE”, TOUTE NATION NE PEUT QUE SE REDUIRE PAS SEULEMENT EN PRE-CARRE’ COLONIAL, MAIS EN BASSE-COUR.
CETTE BASSE-COUR D’ HOMME PAYE AVEC SA CHAIR, TOUT COMME UNE BASSE-COUR DE VOLAILLES : LE PROPRIETAIRE ECONOMIQUE DE LA BASSE-COUR VEILLE A’ LA RENTABILITE’. VOILA’ POURQUOI NOTRE SYSTEME DE SANTE’, D’ EDUCATION ET L’ INFRASTRUCTURE SONT DANS UN ETAT INDIGNE DES HUMAINS.
DES FOIS , LE PROPRIETAIRE ECONOMIQUE DE LA BASSE-COUR NEGLIGE TEMPORAIREMENT SON SON “ELEVAGE” POUR DIVERSES RAISONS.
DANS CE CAS, LE MANQUE DE RESSOURCES, POUR LA SURVIE, FORCE LA POPULACE DE LA BASSE-COUR AU “CANNIBALISME-DE-SURVIE”.
LE CAPITALISME NEO-LIBERAL IMPOSE’ AU MALI N’ EST-IL PAS DU CANNIBALISME ECONOMIQUE, FORME DEGUISE’E DU CANNIBALISME BIOLOGIQUE: DIRIGEANTS HYPER-RICHES, FAMINE ET MANQUE DE SANTE’ DE BASE POUR 99,99% DE LA POPULATION.
AU MALI, LES 99,99% DES ” INTELLECTUELS” SONT DES “INSECTE-TUELS”.
UN “INSECTE_TUEL” MALIEN PENSE QUE LA FONCTION PUBLIQUE EST LE SEUL NID DE SON EXISTENCE.
ET LES “INSECTE-TUELS” ” DOCTORE’S ” ICI ET LA’ NE PENSENT QU’ A’ ETRE MINISTRES OU DIRIGEANTS POLITIQUES A’ VIE.
AINSI, NOS SOCIETE’S ONT PERDU TOUTE VALEUR HUMAINE, AU SENS ANTHROPOLOGIQUE DU TERME.
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