L’esprit de sacrifice de Modibo frôlerait l’extrême. Pour cause, le 19 novembre 1968, ce jour-là, jour où la démocratie malienne a pris un sérieux coup d’arrêt, le président Modibo s’est donné, on dirait même qu’il s’est livré à ses bourreaux comme un mouton qu’on conduit à l’abattoir sans dire mot et sans garder rancune même contre ceux qui lui ont annoncé de visu sa destitution par des militaires instrumentalisés et peu patriotes. Quelle grandeur d’esprit ! Le besoin de restaurer l’histoire réside dans ce fait historique que le président Modibo a été trahi pas parce qu’il mettait mal le peuple à l’aise, mais parce que certains leaders de partis d’opposition qui avaient vendu leur âme à l’ancien colonisateur, se sont ligués avec lui contre le président MODIBO. Et les militaires incultes ont été mis à contribution pour achever la sale besogne. A la mort de Modibo le 16 mai 1977, les militaires ne le reconnaissent pas comme ancien président, mais laconiquement un « Instituteur à la retraite ». A l’Ecole normale de Gorée, Modibo est considéré par ses professeurs comme « Instituteur d’élite, très intelligent, mais antifrançais. Agitateur de haute classe, à surveiller de près » (Jeune Afrique, No 856 du 3 juin 1977).Le besoin de stimuler la jeune génération tient au fait que l’exemple du président Modibo devra l’inspirer quant à la gestion et au goût du pouvoir. Son sens élevé de responsabilité et son humilité lui ont valu d’être mort en martyr pour son pays. Il ne pouvait en être autrement pour qui sait le combat qu’a livré Modibo pour l’indépendance de sa patrie. La jeune génération devrait apprendre à moins désirer le pouvoir qu’à aimer leur patrie. Le témoignage de son rival Sénégalais Mamadou Dia, est une forte illustration. Le 20 janvier lors de la proclamation de l’indépendance de la fédération du Mali, Mamadou Dia déclare «Modibo fut un élément déterminant non seulement pur l’indépendance de la fédération du Mali, aussi pour celle de l’Afrique de l’Ouest toute entière ». Plus loin Mamadou continue en ces termes « Qu’on le veuille ou non, la silhouette de Modibo Keita émerge de cette histoire encore trouble des premières années des indépendances africaines » (Jeune Afrique, No 856 du 3 juin 1977).Certains dirigeants du Mali ont abandonné le pays pour se sauver et sauver leur famille. L’important pour eux, c’était pour leur propre vie. D’autres, tombant sous le piège de l’illusion de leaders politiques ont pris le pays en otage pendant 23 ans avant de se rendre compte de leur ignorance. Et que dire des dirigeants de nos jours ? Peuvent-ils faire preuve de sacrifice pour la cause de la patrie malienne ? L’histoire nous le dira. Comme disent les anglophones : « wait and see !»
DJIRE