CMLN : Chronique des années de plomb : Et si Amadou Djicoroni savait !

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L’inflexible Amadou Djicoroni qui goûte en ce moment aux délices d’une " célébrité " médiatique (bien malgré lui) n’a sûrement pas un don de divination comparable à celui que l’on prête -à tort ou à raison -au capitaine Toumba Diakité, désormais en fuite depuis sa malheureuse tentative d’assassinat ratée contre mon "frère", le pauvre Moussa Dadis Camara. Savez vous pourquoi ?

La réponse est tout simplement ahurissante, car Amadou Djicoroni a passé toute la journée du 18 novembre 1968 avec le principal tombeur de son président, ami et mentor Modibo Keita. Son récit sur cette incroyable parenthèse est à la fois un mélange de surréalisme et de fiction. Peut-être qu’aurions-nous un jour, la chance d’interroger Moussa Traoré aussi sur la véracité d’un tel témoignage.

Le 18 novembre 68 Amadou Djicoroni, alors directeur général du complexe d’entreprises d’Etats regroupant la Librairie populaire, les Imprimeries nationales et l’Ocinam, reçoit le capitaine Yoro Diakité accompagné d’un autre militaire, un lieutenant grand, mince et qui se mit au garde à vous pour le saluer. " C’est mon adjoint à l’Emia (Ecole militaire interarmes), il s’appelle Moussa Traoré. Comme nous n’avons qu’un seul véhicule, il m’accompagne et attendra à ton secrétariat pendant que je travaille avec toi. …

Un livre préfacé par le père de la nation malienne !

… Cette séance de travail a duré plusieurs heures, soit de 8 h 45 à 19 heures. Yoro et son adjoint le lieutenant Moussa, avec lequel je n’avais échangé aucun mot, s’embarquent à bord de leur jeep soviétique et s’en vont… "

Amadou venait de passer ainsi une journée de travail avec le capitaine Yoro Diakité, pendant que le lieutenant Moussa Traoré attendait au secrétariat, muet comme une carpe.

A 24 heures d’un putsch aussi historique, il est vraiment difficile de croire ou d’imaginer que le capitaine Yoro venait pour la troisième correction du manuscrit de son roman intitulé "Une main amie". Pour rappel, ce roman est le premier qui soit écrit  par un militaire malien.  Est-ce que le capitaine Yoro savait réellement qu’un coup d’Etat se tramait contre le président Modibo ? En tout cas ce témoignage de première main prouverait difficilement le contraire tant et si bien que Yoro souhaitait vivement que son livre soit préfacé par le père de la nation malienne.

Le mardi 19 novembre 68, à 7 h45, l’affreuse nouvelle tombe. C’est ainsi que le CMLN fit irruption sur la scène politique. Les avis sont toujours divergents sur la légitimité ou non de ce coup d’Etat orchestré par un groupe de jeunes militaires.

Mais il est cependant établi qu’un grand climat d’insatisfaction générale créé par la direction politique de l’US – RDA qui avait déclenché quinze mois plutôt, soit en août 67, une " révolution active plus subie que désirée " le Comité national de défense de la révolution (CNDR) et ses démembrements locaux, avaient institué un climat pesant, qui par bien des cotés -notamment à travers les excès de la milice populaire, s’assimilait à une chasse aux sorcières qui ne disait pas son nom. Du coup, le peuple fit un accueil démonstratif de soutien aux quatorze officiers qui prirent le pouvoir et qui avaient justifié leur action aussi bien par la rupture de la légalité républicaine que par l’Etat économique désastreux du pays. En dépit de l’existence de plusieurs unités industrielles offertes, clés en main, au président Modibo !

 

 

La gestion de la nouvelle entité politico-militaire devait cependant obéir à un règlement intérieur selon lequel toutes les décisions d’importance seraient soumises au vote des membres et se prendraient à la majorité simple.

Le Comité militaire n’eut pas des débuts sereins, comme le témoignera d’ailleurs cette première purge qu’il opéra dans l’armée, moins d’un an seulement. Le Capitaine Diby Silas Diarra (celui-là même qui serait à l’origine de l’exécution sommaire de Fily Dabo Sissoko, Hammadoun Dicko, Kassoum Traoré), Alassane Diarra, Mamy Ouattara, Tiécoura Sogodogo seront arrêtés pour tentative de coup d’Etat et jugés pour trahison. Ils seront condamnés et envoyés au nouveau bagne de Taoudénit.

En 1971, ce fut au sein du CMLN lui-même ou la cohésion était devenue difficile entre le président et son premier vice-président qui n’était autre que son supérieur hiérarchique direct avant novembre 68, que survinrent les premières dissensions. Le capitaine Yoro Diakité et Malick Diallo furent arrêtés et déportés au nord du pays.

Mais c’est surtout à la création du parti unique constitutionnel (UDPM) qu’allaient vraiment naître les dissensions aigues, au sein d’un comité qui ne comprenait plus que onze membres (le vaillant capitaine Mamadou Sissoko avait trouvé la mort dans un accident de la circulation).

Beaucoup de Maliens à l’époque avaient hâtivement conclu à un sabotage orchestré dans les pures règles de l’art par des faucons du CMLN : Kissima Doukara et Tiécoro Bagayogo.

" Celui qui rame dans le sens du courant fait rire les crocodiles " dit le proverbe. Mais, qui est Moussa Traoré ?

 

 

Bacary Camara A suivre !

Yoro Diakité et Malick Diallo  arrêtés et déportés au nord !

Est-ce que le capitaine Yoro savait réellement qu’un coup d’Etat se tramait contre le président Modibo ? En tout cas ce témoignage de première main prouverait difficilement le contraire tant et si bien que Yoro souhaitait vivement que son livre soit préfacé par le père de la nation malienne.

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