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Certes, la politique étant un jeu d’intérêt et l’histoire l’interprétation des faits et des événements, en abordant cette phase délicate de la longue marche du peuple malien vers la souveraineté nationale, chacun de nous aurait ses propres méthodes d’aborder un tel thème, compliqué et personne ne peut prétendre posséder un quelconque monopole dans ce domaine. Quant à nous de notre côté nous allons essayer de revivre avec vous certains de ces moments palpitants de notre histoire à l’aide de témoignage précieux de certains de ces vieux acteurs dont certains sont encore parmi nous.
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De manière générale, l’on ne peut aborder l’histoire passée sans mettre l’accent avant tout sur certains événements qui ont contribué à démystifier chez le colonisé du dominateur chez le dominé. Des événements qui ont servi à donner l’occasion aux colonisés de côtoyer, de se frotter aux colonisateurs en essayant de se mettre au même niveau que lui. Ces événements majeurs du siècle écoulé qui ont permis et forcé un tel contact sont incontestablement les deux guerres mondiales : celle de 1914 et 18 et celle de 1939-45 (lorsque les métropoles ont eu recours à leurs colonies en procédant à des recrutements massifs de futurs combattants.
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Ce phénomène d’enrôlement avait pris corps sous la forme moderne depuis 1910 lorsque le général Mangin avait publié son livre moderne "la force noire" qui encouragea l’enrôlement d’indigènes et ce malgré les oppositions farouches de certains parlementaires métropolitains de l’époque comme Jean Jaures. (d”autres articles de ce genre sur maliweb . net) Durant la seconde guerre mondiale, les frères d’arme des troupes indigènes appelées tirailleurs ont été déterminants pour la victoire du 8 mai 1945. Cependant après la guerre, une politique de blanchissement de l’armée française, certains milieux tenteront de gommer ces pages héroïques des combattants indigènes.
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La conséquence logique d’une telle politique d’ingratitude caractérisée fut le rapatriement manu-militari de centaines de ces combattants indigènes tout en les privant de leurs droits. Ce qui conduira aux événements lorsque des tirailleurs se sont révoltés contre l’injustice et l’ingratitude de leurs maîtres blancs. Certes que cette mutinerie fut réprimée en décembre 1944 dans le sang. Mais elle contribua beaucoup à l’éveil des consciences dans les événements de Thiaroye et face cela la métropole avait décidé de lâcher du lest d’où la suppression du travail forcé le 22 décembre 1945 et la loi du 7 mai 1946 qui généralisait la citoyenneté française accordée jusque là depuis le 28 septembre 1916 aux seuls originaires des quatre communes.
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Cependant, bien avant il y avait eu en 1944 l’Ordonnance de Brazzaville du Général De Gaule pour la suppression de l’indigénat et l’instauration de la citoyenneté. C’était en réponse à une lette que Fily Dabo Sissoko avait adressé au Général De Gaule en 1944 . Ainsi comme résultat les élus d’Outre Mer pouvaient siéger tous dans un seul et unique collège électoral. Au Soudan, Fily Dabo Sissoko fut le premier député à siéger à l’Assemblée française à la suite des élections d’octobre 1945 au Soudan.
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Comment s’étaient déroulées les premières élections d’octobre 1945 au Soudan ?
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A l’annonce des élections à l’Assemblée nationale, Fily Dabo Sissoko quitta Bafoulabé où il résidait pour venir Mamadou Konaté à Bamako chez lequel il logeait durant ses séjours bamakois. Les deux hommes à l’époque avaient fréquenté les bancs ensemble la main dans la main. De passage rappelons que la grande mère de Fily Dabo Sissoko, Bidiane Diako n’est autre que la sœur de la grande mère de Mamadou Konaté qui s’appelait Kamafin Diako.
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Donc Fily Dabo Sissoko comme Mamadou Konaté étaient tous de la même grande famille et c’est le père de Mamadou Konaté, Tiébleba Konaté qui a envoyé le jeune Fily Dabo accompagné de Mamadou Konaté chez le commandant de cercle pour l’inscrire à l’école. Mamadou Konaté étant plus âgé que Fily de 3 ans, car Mamadou Konaté est né en 1897 et Fily en 1900, chaque matin il réveillait son petit frère Fily, prenait sa main pour l’amener à l’école et à la descente Mamadou Konaté ramenait Fily à la maison en le prenant par la main.
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Cette parenthèse nous a paru nécessaire pour vous montrer les liens familiaux qui existaient entre ces deux hommes au delà de leurs combats politiques. Bref, comme nous le disions à l’annonce des élections à l’Assemblée constituante lorsque Fily Dabo est venu voir son frère Mamadou Konaté à Bamako, ce dernier demanda à Fily de se présenter à ces élections en lui accordant tout son soutien nécessaire. Séance tenante Mamadou Konaté amena présenter Fily aux notabilités de Bamako dont Maridjé Niaré pour leur demander de soutenir la candidature de Fily à ces élections. Lorsque les deux jeunes gens, Mamadou Konaté et Fily sont partis voir Kassoum Touré chez lui, il demanda clairement sans ambages à Mamadou Konaté de se présenter car pour lui cette chose était trop importante pour Fily.
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Mais quelque semaines après le lancement de la campagne électorale de Fily, Mamadou Konaté sous une forte pression de certains de ses proches présents à son retour sa candidature. C’est ainsi qu’aux élections d’octobre 1945 , le Soudan avait aligné les candidats : Fily Dabo Sissoko, Mamadou Konaté. A la suite du vote Fily Dabo Sissoko fut élu premier député du Soudan à l’Assemblée constituante française. Le 2 juin 1946, avec l’adoption de la Constitution, les élections ont été reprises cette fois-ci avec le scrutin proportionnel pour les indigènes. Par conséquent à la suite du vote Mamadou Konaté , Jean Sylvandre et Hammadoun Dicko. Mais bien avant le 26 janvier 1946 Mamadou Konaté fonda le Bloc Soudanais mais qu’il affilia à la SFIO jusqu’en octobre 1946. Le 13 février 1946 Fily Dabo Sissoko créa le Parti Progressiste Soudanais (PSP) qu’il affilia également à la SFIO le 2 juin 1946.
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Pour assurer une coordination du travail des élus d’Outre Mer à l’Assemblée Nationale, Félix Houphouet Boigny créa un mouvement international du nom de "Rassemblement Démocratique Africain (RDA) dont le manifeste fut rédigé par le Soudanais Gabriel d’Arboussier. Le RDA fut affilié au Parti communiste français jusqu’au 15 Octobree 1950. Malgré les pressions du gouverneur Louveau, le Congrès constitutionnel du RDA s’est tenu le 18 octobre 1946 à Bamako. Modibo Kéïta n’assista pas au Congrès constitutif du 18 octobre à cause des mesures d’interdiction coloniale. Ce qui ne l’a pas empêché d’animer la section locale du RDA fondée le 22 octobre 1946 (Union soudanaise RDA) avec Mamadou Konaté comme président Modibo Kéïta comme secrétaire général.
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L’Union RDA naquit de la fusion entre le Soudan issu des cercles d’études communistes animés par Pierre Moulet et Idrissa Diarra. Cependant cette union sacrée au sein de la grande famille panafricaine du RDA fut de courte durée. Les premières divergences entres ses membres apparaîtront au Congrès du RDA du 25 septembre 1957 à Bamako entre les partisans de la thèse fédéraliste qui étaient Modibo Kéïta, Ahmed Sékou Touré de la Guinée et les anti-féderalistes comme Félix Houphouét Boigny, Hamani Diori etc..
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Une exclusivité historique sur Fily Dabo Sissoko
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Son destin, c”était Kidal, dans le désert brûlant, loin de la falaise du Tambaoura et du site sacré de Dambao où l”eau glisse sur les laves pétrifiées aux vives couleurs, loin des marigots des karités de Benderi, de Galéma et de Horokoto. Poète, philosophe, écrivain beaucoup plus qu”homme politique. André Gide, dit de lui dans la page de son journal datée de Bafoulabé en janvier 1938 " L”étonnant ce n”est pas que Sissoko soit fétichiste, l”étonnant c”est qu”il n”ait pas cessé de l”être et convaincu, malgré la lecture de Descartes, de Spinoza, de Platon etc. Il parle de Frazer, de Levy Bruhl. Son grand maître est Fustel de Coulanges, c”est vers la cité antique qu”il se retourne, c”est là qu”il trouve son point d”appui. "
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Fily Dabo Sissoko naquit le 15 mai 1900 à Horokoto, dans le cercle de Bafoulabé en pays malinké au sein d”une vieille famille de chefs. Le père de Fily Dabo avait décidé de faire de lui un marabout mais au moment où l”enfant allait commencer ses premières études coraniques survint la mort de son frère aîné, Djiné-Moussa qui lu était entré à l”école primaire de Bafoulabé. C”est alors que le petit Fily devrait aller prendre la place que son frère laissé vide. C”est le père de Mamadou Konaté Tiébléba Konaté qui a envoyé Fily accompagné Mamadou Konaté chez le commandant de cercle pour l”inscrire à l”école. Mamadou Konaté étant plus âgé que Fily de 3 ans car Mamadou est né en 1897 et Fily en 1900.
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Chaque matin Mamadou Konaté prenait son petit frère Fily par la main et l”amenait avec soin à l”école puis le ramenait à la maison à la descente. Rappelons que la grand mère de Fily Dabo Sissoko, Budiane Diallo, n”est autre que la soeur de la grand-mère de Mamadou Konaté qui s”appelait Kamafin Diako, donc ces deux hommes sont liés par des liens parentaux très profonds. Après Baloufabé, Fily poursuivit ses études à l”école Normale d”Instituteur, puis il commença sa carrière d”enseignant. Parmi ses élèves : Gabriel d”Arboussier. Instituteur hors cadre. Fily Dabo Sissoko quitte l”enseignement pour devenir chef de canton de Namba.
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Fily Dabo Sissoko écrit beaucoup. Ses études publiées dans diverses revues et ses ouvrages témoignent de l”étendue de ses lectures et de la finesse de ses pensées.
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Fily Dabo ne s”instruit pas pour sa seule satisfaction, il veut mettre la culture reçue au service de la masse. Il est certain que les portraits débordant d”humour et de malice qu”il brosse de certains de ses compatriotes faux évolués, qui ne songent qu”à imiter les blancs et les imitent mal contribuent à revaloriser la personnalité africaine. Les répercussions de ce mouvement allant à contre courant dans ses débuts, sont peut être plus profondes qu”on ne le suppose à première vue entre 1930 et 1940.
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C”est en effet un texte de Fily Dabo Sissoko critiquant l”assimilation culturelle qui fut reçu par la conférence de Brazzaville en février 1944 en tant que témoignage des aspirations de l”Afrique occidentale française. Fily Dabo entend démontrer que l”apport de l”âme nègre dans le courant évolutif de l”humanité n”est pas négligeable et qu”il est même essentiel à l”évolution actuelle de l”humanité. Pour cela, affirme-t-il, il conviendrait que primo le "Noir" reste noir de vie et d”évolution et que secundo le "blanc" essaye par tous les moyens appropriés de faire évoluer le Noir selon sa ligne d”évolution propre ou noire…
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En octobre 1945, Fily Dabo est élu député du Soudan-Niger à la première Assemblée constituante française puis à la seconde en juin 1946.
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Comment s”étaient déroulées les élections d”octobre 1945 au Soudan ?
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A l”annonce des élections à l”Assemblée constituante, Fily Dabo Sissoko quitta Bafoulabé où il résidait pour venir Mamadou Konaté à Bamako chez lequel il logeait durant ses séjours bamakois, les deux jeunes gens ayant fréquenté, à l”époque les blancs ensemble avec la main dans la main. Ainsi Mamadou Konaté remercia Fily de l”honneur qu”il venait de lui témoigner mais demanda à Fily Dabo de se présenter à ces élections et qu”il bénéficiera de tout son soutien. C”est Mamadou Konaté qui présenta Fily aux notabilités de Bamako dont Maridjé Niaré pour leur demander de soutenir la candidature de Fily à ces élections.
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Lorsque les deux jeunes gens Mamadou Konaté et Fily Dabo sont partis voir Kassoum Touré chez lui, ce dernier demanda clairement sans ambages à Mamadou Konaté de se présenter à ces élections car pour lui cette chose était trop importante pour Fily à cause de son jeune âge par rapport à Mamadou Konaté. Cependant cela n”a pas fait changer d”avis Mamadou Konaté.
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Quelques instants après le lancement de la campagne électorale de Fily, Mamadou Konaté sous une forte pression de son entourage présenta à son tour sa candidature aux dites élections. C”est ainsi qu”aux élections d”octobre 1945, le Soudan avait aligné les candidats suivants : Fily Dabo Sissoko, Mamadou Konaté, Modibo Kéïta et Tidiane Sidibé. A la suite du vote Fily obtint 17 voix et fut le premier député du Soudan -Niger à la première Assemblée constituante française.
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Le 2 juin 1946 avec l”adoption de la constitution, les élections ont été reprises cette fois-ci avec le scrutin proportionnel pour les indigènes. Par conséquent à la suite du vote, quatre députés furent élus au Soudan, ce sont : Fily Dabo Sissoko, Mamadou Konaté, Jean Sylvandre et Hammadoun Dicko.
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Arrivés à Paris, il met tout de suite en pratique les théories qu”il élaborait depuis plusieurs dizaines d”années.
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En 1946, il présente avec Felix Houphouet Boigny une proposition de loi demandant le développement de l”enseignement en Afrique occidentale française. En 1946, Fily Dabo crééa à Bamako le Parti Progressiste Soudanais (PSP) qu”il affilia à la SFIO le 2 juin 1946. Peu de temps après, il signe le manifeste des élus africains lancé par Houphouet Boigny en vue de la convocation du Congrès de Bamako au mois d”octobre 1946.
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Malheureusement le jeu des influences politiques métropolitaines devait aboutir à désunir les signataires de l”appel et, au lendemain du congrès un fossé infranchissable va désormais séparer l”Union Soudanaise RDA et le PSP de Fily Dabo Sissoko. Membre du Conseil général du Soudan, il sera appelé à présider cette assemblée à partir de 1953, tandis qu”il siège au Grand Conseil au Commerce et à l”Industrie au second ministères de Robert Shuman qui n”allait durer que du 5 au 9 septembre 1948. Par contre il appartiendra pendant plusieurs années à la délégation française auprès de l”ONU. Il est réélu député du Soudan en 1951 et 1956.
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En janvier 1957 à Conakry, Fily Dabo Sissoko préside le Congrès constitutif du Mouvement socialiste Africain dont il sera l”un des vice-présidents aux côtés du leader du mouvement : le président Lamine Gueye. Un manifeste adopté par le MSA fixant les buts de la nouvelle formation dont le premier est d”oeuvrer pour une "politique démocratique assurant la personne humaine de la libération de toutes ses servitudes et le libre exercice de ses droits humaine et de citoyen".
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A suivre…
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