Archives du MALI : L''affaire de Sokoiba (suite)

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Son ami Mamadou Diarra est venu le dissuader de tirer sur la foule. Il ne l’a pas écouté et il  a tiré, tuant Tiémoko Bâ et Souleymane Traoré de Balamoussala et blessant plusieurs personnes. Son ami avança vers lui avec des paroles apaisantes. Il a proféré des menaces et finalement, a abattu son ami à bout portant. La gendarmerie est intervenue et Abdoul Wahab a été neutralisé. C’est donc à Ségou et non à Sokoïba qu’il y a eu des morts au cours d’affrontement au sein de la population avant l’intervention des services de sécurité.

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 Le procès concernant cette affaire a eu lieu sous l’autorité de la France, car  sous le régime de l’autonomie interne, la justice relevait de la France. Il y a eu des condamnations. Le dossier doit exister encore à ce jour dans les archives. Mais toutes les personnes impliquées et emprisonnées avaient été libérées avant le coup d’Etat de 1968. Ici, je prends Cheick Modibo Diarra lui-même à témoin puisque dans le livre qu’il a publié en l’an 2000 aux Editions Albin Michel à Paris, il a écrit ceci, page 78 : "Au cours des sept années que mon père passa au pénitencier de Kidal, son régime de détention s’adoucit peu à peu. Assigné à résidence, il gagna une relative liberté de mouvements. De sortes qu’il put monter un petit commerce de colas, de condiments et des produits qui ne poussent que dans le Sud  du pays. Il finit même par prospérer et acheta une maison à Kidal, où vinrent habiter à tour de rôle chacune de nos mères et où furent élevés mes jeunes  frères ; puis il fit l’acquisition d’une autre maison à Gao, la principale ville du Nord.

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En comptant 7 ans de plus que 1959 ont est en 1966 soit deux ans avant le coup d’Etat de  1968. Par ailleurs, il apparaît nettement que la détention qui permet de faire du commerce et de prospérer au point d’acquérir une maison à Kidal et une autre à Gao, un commerce basé sur les "produits qui poussent dans le Sud du pays", cette détention est loin  de celle que nous avons connue, nous les détenus politiques (Modibo Kéïta y compris) qui avons passé 10 années au Fort de Kidal ou à Intadéinit, un poste militaire qui en dépend. En 10 ans, personne d’entre nous n’y a reçu une seule visite, à plus forte raison sa femme ou son enfant. En plus de la faim, des mauvais traitements et même des sévices corporels, nous vivions dans un statut de réclusion telle que même les sentinelles qui nous gardaient n’avaient ni le droit de nous saluer, ni celui de répondre à notre salut. On y a torturé des nomades soupçonnés de simple sympathie à notre égard alors qu’ils n’avaient aucune possibilité de contact avec nous. Pourtant nous n’étions  ni inculpés, ni jugés à plus forte raison  condamnés. Personnellement, en plus de la séquestration, j’ai été privé même de correspondance avec ma famille pendant trois ans, de  1975 à 1978. Et à ma libération, il a fallu qu’on me présente à mes propres enfants qui, évidemment, ne pouvaient pas deviner que l’homme tout sale, en haillons et couvert de poux qu’ils voyaient était le même que celui dont la photo en costume cravate pendait dans le salon.

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Ce n’est pas pour minimiser la peine de Moussa Diarra, mais avouons avec Cheick Modibo Diarra que ses conditions dites de détention étaient en réalité une résidence obligatoire lui  laissant  le loisir de se livrer à des activités commerciales rentables, bien que jugé et condamné.

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Reconnaissons également que ce n’est pas le Comité Militaire de Moussa Traoré qui l’a libéré.

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Personnellement, il m’a adressé depuis sa maison à Kidal, à travers un de mes geôliers, un salut fraternel dès qu’il a appris que j’étais enfermé au Fort.

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Le père de Cheick Modibo Diarra, avait pu ainsi s’enrichir à Kidal pendant son assignation à résidence et il entretenait un important troupeau de boeufs, de moutons et de chèvres, en marge de son commerce de produits.

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Par contre une des victimes innocentes de l’affaire Sakoïba fut mon ami Tiémoko Coulibaly, Secrétaire municipal de Ségou au moment des faits et qui avait été retenu en résidence obligatoire à Douentza après l’expiration de sa peine de quatre de prison. Quand il a été établi qu’il n’avait rien fait de tout ce qu’on lui a reproché, le  Président de la République Modibo Kéïta n’a pas hésité un seul instant à se rendre au domicile de l’intéressé en cortège officiel pour lui présenter ses excuses personnelles et celles de l’Etat avant de le nommer sur le champ, Directeur de Cabinet du Gouverneur de la région de Mopti. Ce geste seul suffit à démontrer combien le chef de l’Etat Modibo Kéïta était fidèle au principe de ne faire gratuitement du tort à aucun  citoyen et de présenter ses excuses publiques à tout Malien vis-à-vis duquel des actes injustes ont été posés.

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Ceux qui parlent aujourd’hui de victimes de cette affaire sans pouvoir communiquer la liste des personnes tuées à Sakoïba et du fait d’un pouvoir détenu par Modibo Kéïta doivent faire la preuve de leurs déclarations.

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Le savant Modibo Cheick Diarra, à cause de sa naissance et à cause de son alliance (il est marié à la fille du général Moussa Traoré), celui-là même qui, pendant 23 ans a exercé une dictature féroce dans le Mali) a participé à la Conférence du PSP à l’Institut Islamique, avons-nous dit. Mais  il ne devait pas verser de l’eau dans le  moulin de ceux qui entretiennent la confusion pour des raisons inavouées. La science est vérité et les scientifiques se doivent de respecter les  principes qui guident leur activité principale. Nous espérons que plus informé désormais mais, il n’hésitera pas à corriger son attitude et celle de ceux qui l’écoutent.

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Quant au président du PSP, étant qu’il participe au gouvernement de consensus et d’apaisement, que solennellement, il avait annoncé la fin des controverses concernant les rapports du PSP et US-RDA depuis 1966, il est malaisé de comprendre sa démarche. Espérant que cet acte sera l’unique dans cette direction, nous attendons de lui, un grand effort d’objectivité et de dépassement de soi, pour donner aux débats qui s’ouvrent ainsi sous les plus mauvais auspices, les  correctifs nécessaires pour éviter à notre pays, des drames inutiles à propos des situations que le Peuple malien a transcendées historiquement, grâce à l’attitude et à l’action des patriotes de toutes origines et convictions philosophiques, qu’ils soient anciens PSP, anciens RDA, anciens PAI, anciens BDS, anciens MUF, anciens RPF ou autres.

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En faisant la part des choses, la question se pose politiquement de savoir de quelle nature peut être la connexion entre le PSP issu de la révolution du 26 mars  1991- lequel est différent du PSP qui s’est fondu officiellement dans l’US RDA en mars 1959, par la volonté de sa direction au cours d’une réunion tenue sous la présidence de Fily Dabo Sissoko lui-même à son domicile à Niaréla ;  le Colonel Youssouf Traoré du "Comité militaire" le savant  Cheick Modibo Diarra. Est-ce à dire que ce PSP se retrouve dans le coup d’Etat  du 19 novembre 1968 et le perçoit comme une revanche sur le  20 juillet 1962 ? Cheick Modibo Diarra constitue t-il le noeud gordien d’une conjonction ou d’une collusion politique ? Questions angoissantes !

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Quant au savant Cheick Modibo Diarra, son ascendance et ses liens matrimoniaux suffisent-il à lui obstruer la vision politique au point d’oublier qu’il est un jour produit de la Réforme de l’Enseignement initiée par son homonyme de chef d’Etat Modibo Keïta ? Comment peut-il  se tromper sur la nature des régimes politiques au point d’intervenir la valeur de la Première République et de la 2ème République ? A partir de ce moment nous crions gare et demandons aux hommes politiques et aux savants de vérifier les repères !

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Curieusement, toutes les critiques sont adressées au seul  Président Modibo Kéïta et à la Première République alors qu’on l’on connaît la dimension de l’hécatombe du régime de Moussa Traoré, y compris par rapport à la famille de Fily Dabo Sissoko dont le premier fils Mohamed  Lamine Sissoko est mort dans les conditions atroces en détention dans le bagne-mouroir de Taoudenit.

rnSource Amadou TRAORE

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