ARCHIVES DU MALI : La composition et les grandes actions du premier gouvernement du Mali indépendant

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La proclamation de l’indépendance le  22 septembre 1960 permit à l’Union Soudanaise R.D.A. de réaliser l’union sacrée du peuple malien et d’autres partis autour de lui. Fily  Dabo Sissoko considéré comme opposant politique à l’époque avait proclamé à la tribune du Congrès extraordinaire son entière disponibilité pour la construction nationale du  Mali.

 Un enthousiasme grandiose avait salué la naissance du Mali et avait créé des conditions exceptionnelles qui donneront des moyens psychologiques particuliers aux responsables de l’US RDA pour la construction d’un Etat socialiste. Le premier gouvernement de la République du Mali issue du congrès extraordinaire du 22 septembre  1960 était composé comme suit

Président du Conseil, Ministre de l’Information, de la jeunesse et des Anciens combattants : Modibo Kéïta

– Vice Président du Conseil chargé de la Justice et la Fonction publique : Jean-Marie  Koné

Ministre de l’Intérieur : Madeira Kéïta

Ministre des Finances Attacher Maïga

Ministre de l’Economie rurale et du Plan : Seydou Badian Kouyaté

Ministre du Commerce et de l’Industrie : Hamaciré N’Douré

Ministre des Travaux publics, des Transports et des Télécommunications : Henri Correntin

Ministre de l’Education nationale : Abdoulaye Singaré

Ministre de la Santé  publique : Dolo Solominé

Ministre de l’Information : Mamadou Gologo

Secrétaire d’Etat à l’Agriculture, à l’Elevage et aux Eaux et Forêt : Salah Niaré

Secrétaire d’Etat au Travail et aux Affaires sociales : Oumar Baba Diarra

Ce gouvernement avait pour priorité de doter la nouvelle République du Mali des structures permettant la construction d’un Etat socialiste. Le Parti procéda à une planification socialiste et à la  création de sociétés et entreprises d’Etat.

Le comité de direction économique qui devient à partir de janvier  1961 le comité national du Plan et de la direction économique mit sur pied avec l’aide d’économiste étrangers comme l’Égyptien Samir Amin et le Français Jean Bernard un plan quadriennal qui prévoyait un  investissement de  64 milliards de FCFA dont 49% pour la production agricole, les industries de transformation, l’énergie, et  les mines. Ce premier plan est rapidement révisé et remplacé par un plan quinquennal malien, adopté le 18 août  1961 par l’Assemblée nationale et promulgué par décret le  1er septembre  1961, qui prévoyait en volume d’investissement de  105,4 milliards de FCFA. Il fixait comme objectif un taux d’accroissement annuel de 8% et une réduction du déficit de la balance commerciale de 1,5 milliards de FCFA dès 1964. Il conservait la priorité à l’agriculture et prévoyait une augmentation de 50% du secteur industriel. Le statut général des sociétés et entreprises d’Etat qui définit leur vocation leur assignait quatre fonctions :

Une fonction politique

Les sociétés d’Etat devraient permettre de couvrir les besoins des populations, donc de réduire les importations des biens de consommation

– Une fonction financière :

Les sociétés d’Etat devraient permettre à l’Etat d’accumuler pour financer son économie

– Une fonction sociale

les sociétés d’Etat devraient permettre l’épanouissement de la personne humaine et familiariser les cadres avec la gestion des affaires.

Les sociétés d’Etat devraient couvrir trois secteurs d’activité : l’industrie, le commerce et les transports.

Comme exemple concret , on peut  citer la société d’exploitation des produits oléagineux du Mali (SEPOM) créée avec l’aide de la République Fédérale d’Allemagne, la société malienne d’Importation et d’Exportation (SOMIEX), le géant du commerce malien à l’époque avec le monopole de l’importation et de distribution de onze produits de consommation courante.  La Compagnie des Transports aériens (Air  Mali), créée avec la coopération de l’Union soviétique. Elle assurait les liaisons intérieure, et internationale du Mali. Au total une vingtaine de société et entreprise d’Etat sont créées dans les premières années de l’indépendance.

Parallèlement à la mise en place des jalons de l’économie nationale, il fallait des réformes administratives. Avant tout il fallait détruire l’appareil d’Etat colonial et le remplacer par un appareil d’Etat national et entièrement au service de la politique populaire du Parti. Des réformes administratives s’imposaient comme par exemple la suppression des chefferies traditionnelles, l’africanisation complète des cadres, la décentralisation administrative avec la création de circonscription nouvelles (cercles, arrondissements etc.).

Outre le gouvernement avec tous ses ministères et directions centrales, il y avait déjà en 1968 au Mali, six (6) régions, 42 cercles et plus de  400 arrondissements.

Structure de fonctionnement de l’administration :

Au niveau du village, le Conseil et le comité de village réglaient tous les problèmes politiques, économiques et socio-culturel.

Au niveau du cercle, il était fait l’obligation au Commandant de cercle, de réunir mensuellement une conférence qui regroupait tous les responsables de la circonscription.

Au niveau national, au stade de l’élaboration des décisions, toutes les couches sociales intéressées sont associées à l’examen des projets : deux organismes constitutifs jouent à cet égard un rôle extrêmement important : il s’agit du Comité national de planification et de Direction économique et du Comité national de Direction sociale et culturelle.

Le Comité national de Planification et de Direction économique était placé sous la haute présidence du chef du gouvernement , Secrétaire général du Parti.

Le Comité national de Direction sociale et culturelle était présidé par un Secrétaire du Bureau  politique national. Il comprenait outre son président, deux représentants de l’Assemblée nationale , les Commissaires politiques etc. Parallèlement, l’Etat malien se dotait des principaux attributs de la souveraineté nationale.

Dès le 1er octobre  1960, l’armée malienne  est créée.

La Milice populaire est créée en septembre  1960. C’était une formation para-militaire avec pour mission la surveillance et la défense intérieure et extérieure du territoire national.

Que représentait réellement ce corps spécial de la première République ?

Plus connu sous le nom de "Brigade de vigilance". La seule évocation du mot milice suffit à faire trembler certains de nos vieux aujourd’hui.

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