Les passes d’armes entre Ahmed Sékou TOURE et le général Charles De GAULLE, voilà le coin de voile que lève Me Boubou BOCOUM dans cette contribution à la semaine dédiée à l’homme du 28 septembre 1958 dont les activités ont commencé hier nuit au Centre international de Bamako à l’initiative du club portant le nom de l’illustre disparu.
Ce digne fils de Faranah sortit de la légende pour rentrer la l’histoire. Que d’adjectifs, d’épithètes et de superlatif ont été charriés par le chef de la France libre pour parler de l’homme et de son vaillant peuple.
En fouillant « les carnets secrets de la décolonisation » de Georges CHAFFARD, j’ai relevé certains passages que le Général De GAULLE a adressés à l’endroit du leader guinéen. En voici quelques échantillons : « Ce Sékou TOURE, quel orgueilleux ! » Ch. De GAULLE.
Charles De GAULLE s’adressant à Bernard Cornut GENTILE, le ministre de la France d’outre-mer, M. Jean MAUBERNA, gouverneur de la Guinée : «Messieurs, voila un individu avec lequel nous ne pouvons jamais nous entendre. Nous n’avons plus rien à faire ici. Allons, la chose est claire : le 29 septembre, au matin, la France s’en ira ». « La Guinée, messieurs, n’est pas indispensable à la France. Qu’elle prenne ses responsabilités ». « Bonne chance pour la Guinée ». « S’ils veulent l’indépendance, qu’ils la prennent le 29 septembre. Mais s’ils ne la prennent pas, alors qu’ils sachent ce que la France leur propose : la communauté Franco-africaine… ». « Nous ne contraignons personne, nous demandons qu’on nous dise ‘’OUI’’ ou qu’on nous dise ‘’NON’’ ». « S’il nous dit NON, nous en tirerons les conséquences ».
Pour l’histoire et pour la postérité, la Guinée a voté NON à 95 %.
Le 2 octobre 1959, dans la matinée, l’Assemblée territoriale s’est réunie pour proclamer l’indépendance du nouvel Etat et se transformer en Assemblée nationale. L’histoire retiendra, en 1958, que Ahmed Sékou TOURE, héritier de Samory, commandeur de la dignité africaine et du nationalisme noir, s’adressait au Général De GAULLE en ces termes : «Nous ne renoncerons pas et nous ne renoncerons jamais à notre droit légitime et naturel à l’indépendance ». « Nous préférons la pauvreté dans la liberté à la richesse dans l’esclavage ».
Et De GAULLE de répondre : «L’indépendance est à la disposition de la Guinée ».
Ainsi donc naquit la République indépendante de la Guinée, sous l’impulsion de Ahmed Sékou TOURE. « Le meilleur moyen d’exister, c’est exister dans la mémoire de son peuple », aimait dire feu Léopold Sédar SENGHOR.
Disparu il y a 22 ans, Ahmed Sékou TOURE vivra dans la mémoire collective de ses contemporains. Pour perpétuer sa mémoire, le « club Ahmed Sékou TOURE » piloté par la brave Me Mariam DIAWARA, inscrite au barreau malien, fera revivre Bamako, berceau de l’authenticité et de l’originalité africaine. Donner à cette date symbolique du 28 septembre 1958 toute sa signification.
Maître Boubou BOCOUM
Membre du club Ahmed Sékou TOURE“