33ème anniversaire de l’avènement de la démocratie au Mali : Quel bilan pourrait –on tirer de ce modèle de gouvernance fait des hauts et des bas ?

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Le 26 Mars 1991, au petit matin, le peuple, après des longues et pénibles journées de lutte pour sa liberté, au prix du sang, s’est réveillé en découvrant sur le petit écran des nouveaux visages, ceux des jeunes officiers avec à leur tête un certain lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré. Ces jeunes officiers patriotes ont tout simplement décidé de parachever la lutte du peuple en arrêtant et le bain de sang et le dictateur, à savoir le Général Moussa Traoré. De cette date jusqu’à aujourd’hui le peuple malien a amorcé une longue et pénible marche vers des horizons prometteurs. Cette laborieuse et chancelante marche a été interrompue à deux reprises, en 2012 avec le plus stupide coup d’état de toute l’histoire du monde, perpétré par le Capitaine Amadou Haya Sanogo et en 2020 par cinq colonels de l’armée malienne sous le leadership d’Assimi Goita. Demain mardi 26 Mars 2024, le peuple se souviendra et fêtera dans la plus grande sobriété sa victoire contre la dictature, même si cette victoire est en passe d’être confisquée.  Ne faudrait-il pas  dresser le bilan de 33 ans de démocratie.

Si tout n’a pas été rose, il ne serait pas non plus objectif encore moins raisonnable de tout peindre en noir. Le bilan de la pratique démocratique loin d’être reluisant est sans nul doute  fait des hauts et des bas. Nul ne peut remettre en cause certains acquis de la démocratie comme les libertés qu’elles soient d’association, d’expression, ou même confessionnelle. Chaque malien est libre de dire ce qu’il pense et de militer aux partis et associations de son choix. Chaque citoyen a le droit de pratiquer le culte de soin choix.  Autre acquis de la démocratie est l’alternance au pouvoir. N’eussent été les deux interruptions, à savoir le coup d’Etat de 2012 et celui de 2020, le dernier est d’ailleurs toujours en cours, aucun président n’a eu la moindre velléité de falsifier la constitution pour se maintenir au pouvoir. Le Mali était même cité en exemple des pays où l’alternance était une réalité surtout quand le premier Président démocratiquement élu, à savoir Alpha Oumar Konaré, avait passé pacifiquement le flambeau à son successeur Amadou Toumani Touré en 2002. Ce dernier était dans des bonnes prédispositions de remettre à son tour le témoin à son successeur, quand les militaires se sont mutinés et ont mis fin à cette belle aventure démocratique en s’accaparant du pouvoir d’Etat. Malgré le retour à l’ordre constitutionnel avec l’élection d’Ibrahim Boubacar Keita dit IBK, en 2013, le Mali n’a plus jamais retrouvé la tranquillité et la paix. En effet, quand politiques et militaires menaient une lutte acharnée pour le pouvoir à Bamako, le nord et le centre ont été envahis par une horde djihado-terroristes. Malgré l’intervention des forces françaises, Serval en 2012 pour arrêter leur progression vers Bamako, ils se sont repliés vers le grand nord pour se réorganiser. L’élection d’un nouveau Président qui était censée mettre fin à la période  d’exception et signer le retour à l’ordre constitutionnel normal, n’a pas apporté grand-chose à la lutte contre le terrorisme. C’est d’ailleurs l’insécurité qui a été l’une des causes de l’impopularité d’IBK. A cette insécurité on pourrait ajouter la corruption, le népotisme, l’affairisme et la gabegie financière, toutes choses qui ont fini par pousser de nouveau une frange importante du peuple dans la rue pour réclamer son départ du pouvoir pour incompétence. L’appel du peuple ne serait pas tombé dans des oreilles de sourds, car cinq colonels de l’Armée ont pris leur courage en mains pour « parachever la lutte du peuple ». IBK comme ATT, le pouvoir retourne encore entre les mains des militaires. Si la première transition a été de courte durée, celle qui a commencé depuis 2020 est toujours en cours et nul ne pourrait prédire sa fin tant ceux qui sont au pouvoir n’ont pas l’intention de lâcher prise.

Faudrait-il jeter le bébé avec l’eau du bain ?             

Malgré toutes ces turpitudes, la démocratie reste la meilleure alternative pour une gestion inclusive, participative et transparente. Sa mise entre parenthèses serait une grosse erreur, d’où sa préservation. Comme toute œuvre humaine, la démocratie est tout aussi perfectible, pour non seulement la tropicaliser et l’adapter aux réalités, mais aussi l’expliquer au grand public qui semble avoir un jugement erroné. Les détracteurs de la démocratie ont tendance à la faire passer pour une camisole de force que l’occident veut nous imposer. Bien que sa forme actuelle soit venue de l’occident, mais la démocratie parait être un modèle universel de gestion de l’Etat, le seul modèle qui met d’ailleurs au cœur de la gestion de la République le peuple d’où le pouvoir du peuple par peuple et pour le peuple…..

Youssouf Sissoko

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