Le mardi 26 mars 2024, notre pays, le Mali a commémoré le 33ème anniversaire de l’avènement de la démocratie dans notre pays. C’est un 26 mars 1991, au prix du sang et de nombreux sacrifices, après un soulèvement populaire que le peuple vaillant du Mali conduit par le Mouvement démocratique s’en glorifie toujours. Après avoir renversé le régime de Moussa Traoré c’est le Mouvement démocratique à travers ses nombreux leaders qui a hérité de la gestion du pays. Trente ans après, le constat du bilan de trois décennies de gestion est désastreux et beaucoup de leaders du mouvement démocratique sont réduits au silence et n’osent plus regarder le peuple en face. L’histoire donne-t-elle raison à Moussa Traoré ?
Beaucoup de jeunes de la nouvelle génération n’ont pas vécu mars 1991 et ne connaissent pas réellement l’idéal qui entourait cette lutte. On raconte seulement que le Président Moussa Traoré après avoir fait le coup d’État à Modibo Keita, a, pendant plus de trente ans, géré le pays d’une main de fer, les libertés fondamentales étaient restreintes, le peuple vivait dans la misère. Raisons valables de réclamer sa démission et de son régime. Et après des semaines de lutte soldées par des morts d’hommes, Moussa Traoré a été déposé par feu Lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré grâce au soutien du peuple et l’engagement des leaders du mouvement démocratique. Après une transition a été mise en place et dirigée par le même homme. Ainsi notre pays ouvre la voie au multipartisme et la liberté d’expression a été mise en valeur. En 1992, les premières élections de l’ère démocratique sont organisées et Alpha Oumar Konaré du mouvement démocratique et de l’Adema-PASJ est élu président. Et depuis des leaders du mouvement démocratique ont bénéficié de tous les postes avantageux au Mali. Ministres, députés, Cadres de l’Administration, ils sont ceux qui ont tiré profit de la lutte de Mars 1991. A cause de leur intérêt personnel, beaucoup ont oublié le fondement de la lutte du peuple et se sont adonnés à toutes les dérives : Corruption, népotisme, gestion clanique… Voici d’un trait ce qu’on peut tirer comme bilan de la gestion de ceux qui ont chassé Moussa Traoré du pouvoir. C’est grâce à la faillite de ce mouvement que notre pays a enregistré plusieurs coups d’Etat après 1991. La mémoire des victimes de mars 1991 a été trahie et le peuple en est conscient, raison pour laquelle il a été toujours dans la rue et avec des arguments.
A part l’acquisition de la liberté d’expression et le multipartisme, les leaders du mouvement démocratique ne peuvent se vanter d’aucun bilan élogieux des trente ans d’une gestion centrée sur leur intérêt personnel et leur propre confort. Et c’est leur mauvais choix politique et leur inconstance qui a fait qu’aujourd’hui un des disciples de Moussa Traoré en la personne de Choguel Kokalla Maiga est à la Primature et jouit d’une popularité mieux que n’importe quel acteur dudit mouvement démocratique. Faut-il le rappeler, Choguel a eu la Primature grâce au M5-RFP, un mouvement politique hétérogène qui était composé à 98% des partis issus du mouvement démocratique. Jamais on n’aurait pu imaginer que les leaders du mouvement démocratique s’associeraient à un disciple de l’ancienne UDPM pour renverser un pouvoir démocratiquement élu et en plus un pouvoir dirigé par un des leurs. Chose qu’il regrette amèrement, et aujourd’hui ils sont accusés de tous les péchés d’Israël. Sous cette transition dirigée par les jeunes militaires, l’on raconte partout que les hommes politiques sont responsables de tout ce qui est arrivé à notre pays. Beaucoup de hommes disent que Moussa Traoré est mieux qu’eux. Et certaines personnes qui ont vécu mars 1991 regrettent aujourd’hui pourquoi ils sont sortis combattre le régime de Moussa Traoré. Ainsi l’histoire a rétablit l’honneur de Moussa Traoré.
Et les leaders du mouvement démocratique réduits au silence sont partagés entre consternation et regret. La célébration du 26 Mars perd de plus en plus son sens.
Adama Tounkara