«Le silence d’un peuple n’est qu’un effet de contrainte et non pas une adhésion volontaire à la servitude, c’est le plus souvent, le couvre-feu d’une révolte à venir.» (Louis Auguste Martin).
Il n’est plus besoin de rappeler que la misère populaire avait atteint un niveau si humiliant sous Moussa Traoré qu’il était devenu impossible pour celui- ci de continuer à régner sur le Mali et que notre peuple ne pouvait plus se soumettre à l’autorité du régime sanguinaire et dictatorial du général Bazin.
Débout comme un seul homme au sein de ce que l’on appelait mouvement ‘‘démocratique’’, notre peuple est venu à bout de l’apache régime de Moussa Traoré. Le sacrifice en vies humaines enduré par ce peuple reste gravé dans les mémoires: 224 morts dont la jeunesse a payé le plus lourd tribut. L’espoir était grand de voir un Mali nouveau naître des cendres d’un pays dont les populations n’avaient que trop souffert.
Moussa est dégagé du pouvoir par des soldats au-dessus de tout soupçon négatif. C’était le 26 Mars 1991. Mais vite, les esprits les plus avertis avaient compris que le lieutenant- colonel Amadou Toumani Touré (ATT), qui se sentait sûrement redevable de Moussa Traoré, a dirigé le coup de force contre le président pour mieux le protéger des tribunaux populaires qui allaient se mettre en place. Un procès hypocrite a été intenté contre Moussa Traoré et compagnons: le procès ‘‘crimes de sang’’ avec une question dont la réponse ne pouvait que noyer la vérité.
Pour tenter de noyer le poisson, la Cour dirigée par Mallé Diakité se disait toujours «suffisamment informée». Elle avait posé une question sans queue ni tête: ‘‘qui a tiré et qui a donné l’ordre de tirer ?’’. La conséquence fâcheuse de ce simulacre de procès est que les politiciens apatrides ont transformé l’espoir de tout un peuple en désespoir et en déshonneur. C’est pourquoi il convient de dire que la montagne de la ‘‘démocratie’’ a accouché d’une souris ridicule, comme le dit cette locution latine: «Parturiunt montes; nascetur ridiculus mus » (Les montagnes sont en travail: il en naîtra une souris ridicule).
Trente (30) ans de «démocratie» affairiste pour trente (30) ans de calvaire populaire: voilà le tableau sombre de la récompense du sang de nos enfants et de nos femmes qui ont accepté le sacrifice ultime pour que rien ne soit plus comme avant dans notre pays. Mais lâchement, ce sont ces traitres de la démocratie qui ont vendu le Mali aux ennemis de notre peuple tapis dans le grappillage d’une bourgeoisie arrogante en complot avec les régimes coloniaux français contre la nation malienne.
Trente (30) ans après la chute de Moussa Traoré, il n’y a que péril en la demeure, comme si les Maliens ont donné leur vie pour qu’ils accomplissent cette sombre forfaiture. Alpha Oumar Konaré a hautement trahi la mémoire de tous les enfants maliens qui sont tombés sur le champ de l’honneur. Mais que tous ces politiciens se soient associés pour se partager les biens et services nationaux, il ya là de l’indicible indécence.
En tout cas, leurs fortunes acquises aux dépens de nos masses travailleuses reviendront un jour au peuple malien. Ils ont trompé ce peuple travailleur en chantant leur ignoble chanson de la «démocratie» après avoir sucé le sang de ces millions de Maliennes et de Maliens qui croupissent dans la misère la plus humiliante. Ils doivent jalousement garder à l’esprit cette réflexion du sieur Abraham LINCOLN selon laquelle «On peut tromper tout le Peuple une partie du temps, une partie du Peuple tout le temps, mais pas tout le Peuple tout le temps.»
Les autorités de la transition constituent le seul espoir du peuple malien quant à voir les déprédateurs du tissu socioéconomique national répondre de leurs actes. Que les Maliens se rappellent des cyniques campagnes électorales que les bourreaux du peuple malien ont menées avec l’argent des contribuables maliens; ils se rendront à l’évidence que ces démocrates affairistes n’ont pas combattu le régime de Moussa Traoré pour le bien être de ce peuple, mais bien plutôt pour des intérêts illicites égoïstes. Que ces politiciens gardent à l’esprit que notre peuple les a bien compris et que leurs forfaitures ne sauraient rester impunies.
Louis Auguste Martin avait déjà avertit: «Le silence d’un peuple n’est qu’un effet de contrainte et non pas une adhésion volontaire à la servitude, c’est le plus souvent, le couvre-feu d’une révolte à venir.»
Les trente ans d’exercice démocratique ont été un long moment de détresse nationale, de mensonges politiques, de détournements, d’enrichissement illicite, de combines politiciennes et de cocufication aux dépens des masses laborieuses dont ils sont les ignobles sangsues. Une fois encore, les autorités de la transition doivent organiser l’audit de la nation parce que tous les coins et recoins du territoire national ont fait l’objet d’appropriations illicites tordant le cou aux textes du législateur malien.
À notre peuple travailleur, nous souhaitons bonne journée de réflexion et de recueillement à la mémoire de nos femmes et de nos enfants qui ont versé leur sang pour l’avènement de la démocratie au Mali.
Dieu est clairvoyant, juste et miséricordieux, omnipotent, omniscient et omniprésent.
Il ne laissera pas impunies les forfaitures dont se sont rendus coupables les politiciens affairistes maliens tapis dans ce qu’ils appellent ‘‘partis politiques’’ aux dépens de notre peuple travailleur. En toute chose, il faut considérer la fin. Dieu est avec ce peuple. N’en déplaise aux traitres de la nation et à leur conscience d’occident capitaliste et en particulier de la France coloniale !
Fodé KEITA