Avant-hier, lundi 26 mars 2018, cela fait exactement 27 ans que le Mali a accédé au multipartisme et à la démocratie au prix du sang. De mars 1991 à nos jours, il n’y a pas eu une alternance tant souhaitée. Alors à qui la faute ?
Dans nos démocraties calquées sur le modèle occidental, dites représentatives, l’accent est mis sur la présence de partis politiques et sur des élections qui permettent à la population de choisir ses élus pour les représenter dans la gestion de l’État au profit du bien commun du peuple. Exprimée ainsi, la démocratie garde tout son sens. Cependant, l’histoire nous enseigne que des pouvoirs dominants et bien argentés (opérateurs économiques et industriels) ont su prendre le contrôle de partis politiques ainsi que du choix de leurs principaux candidats. Ils ont également su s’assurer d’une bonne emprise sur les mécanismes électoraux de manière à ce que leurs choix initiaux soient confirmés par l’élection de ceux qui leur permettront de maintenir le régime de leur choix, leur accès aux richesses et leur participation aux décisions fondamentales. Ces groupes puissants peuvent s’identifier aux hommes d’affaires nationaux et étrangers et être, ce que certains auteurs appellent « l’État profond ». Ce sont finalement eux qui prennent le contrôle des pouvoirs de l’État et ce sont eux qui décident des grandes orientations politiques et économiques, tout comme des guerres et des alliances avec d’autres pays. Sur ces questions, le peuple n’a rien à dire et ne peut rien dire, l’information étant elle-même sous leur contrôle. Cette démocratie que défendent la France et tous ses Alliés au Mali et ailleurs à travers le monde prend les allures d’une véritable dictature qui impose les régimes politiques et économiques qu’elle veut bien et que les peuples n’ont qu’à accepter et suivre. Nous pourrions l’appeler la dictature des hommes d’affaires mise au service prioritaire de leurs propres intérêts. Les intérêts du peuple devront s’ajuster à ces derniers.
En tout cas, la vraie alternance viendra par le peuple. 27 ans après l’ascension de la démocratie, il est temps que le peuple prenne conscience de faire la vraie alternance. Et l’année 2018 semble être la mieux indiquée pour le faire.
La Rédaction