23ème anniversaire de la révolution de mars 1991 : Les Maliens partagés entre espoir et désespoir !

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Traoré lors de la cérémonie d'investiture de IBK au CICB
Le général Moussa Traoré lors de la cérémonie d’investiture de IBK au CICB (Photo maliweb.net)

Hier 26 mars 2014, les Maliens ont célébré le 23ème anniversaire du 26 mars 1991, date marquant la chute du régime dictatorial du général Moussa Traoré et le début du pluralisme politique au Mali. Après plus de deux décennies d’exercice démocratique marqué par des soubresauts, de nombreuses questions restent en suspens et divisent le peuple malien sur les acquis de cette révolution.

 

 

Suivez les avis de quelques citoyens que nous avons interrogés à l’occasion de la célébration de cette date mémorable.

Abdoulaye Bekaye KEITA, Promoteur d’ONG-AJP

‘’Il est temps que la jeunesse malienne prenne son destin en main!’’

« Cet événement a permis à notre pays d’avoir une avancée significative dans la défense et le respect des droits de l’homme. C’est grâce à cet événement que nous avons également eu une nouvelle constitution le 25 février 1992 à travers laquelle le Mali a opté pour la démocratie. C’est une constitution qui garantit le principe du gouvernement du Peuple, par le Peuple et pour le Peuple. Cela interpelle tous les citoyens à jouer leur rôle dans la consolidation des acquis de la démocratie.

 

 

Après cet événement du 26 Mars 1991, on comptait énormément sur les nouvelles autorités démocratiques pour un vrai changement dans le cadre d’une véritable éducation de nos citoyens afin d’élever le niveau de conscience civique et patriotique au sein de nos institutions, en vue de mettre en place une démocratie forte et participative au Mali.

 

 

Malheureusement, tel n’a pas été exactement le cas. A la mémoire des martyrs, il faut que nous arrivions à dire non, à un Mali où les personnes naissent, grandissent et meurent en ayant connu que la faim, la misère et la maladie ; non à un Mali où les enfants n’auront jamais accès au savoir ; non à un Mali où les citoyens sont privés de leurs droits et leurs devoirs ; non à un Mali où la santé n’est pas assurée à tous les citoyens, où l’environnement leur est défavorable ; non à un Mali où les jeunes deviennent adultes mais jamais  responsables.

 

 

Aujourd’hui, avec ce nouveau Mali, nous osons espérer que le Président Ibrahim Boubacar KEITA doit être en mesure d’apporter un maximum de projet adapté au contexte réel du développement socio-économique et culturel de notre pays à travers son peuple qui n’aspire qu’à vivre dans la paix et dans la dignité. Enfin je voudrais dire qu’il est temps que la jeunesse malienne prenne son destin en mains. C’est-à-dire que nous devons être une jeunesse ambitieuse, audacieuse, respectueuse et dynamique. Car, il y a un adage qui dit : ‘’ La jeunesse est le fer de lance d’une société’’ ».

 

 

Dr Kassoum Barry, secrétaire à l’information de l’AEEM, bureau d’Oumar Mariko et docteur Soumaré, président de l’URP

‘’Le 26 mars est le couronnement d’un certain nombre de luttes sociopolitiques qu’il faut célébrer’’

Abordant dans le même sens, ces deux hommes, tous acteurs du mouvement démocratique pensent que cette date doit être bien célébrée quelles qu’en soient les conditions.

 

 

 

« Le 26 mars mérite d’être bien fêté. Elle est et reste le fondement du pluralisme politique. Pour cause, il est le couronnement d’une lutte sociopolitique. Malgré certaines dérives des politiques, l’espoir est encore permis pour le peuple surtout ceux et celles qui ont participé à la lutte pour cette démocratie.

 

 

Le 26 mars 1991, le peuple malien s’est battu pour acquérir certaines choses. Les étudiants avaient un certain nombre de revendication, dont des  conditions meilleures d’études. En cette période, les autorités de l’heure ont mal compris cette démarche et ont riposté par la barbarie, chose qui a fini par embarrasser tout le peuple. Ce sont ces différentes luttes qui ont abouti à la démocratie avec à la clé des revendications légitimes pour un bon développement de la nation. Cette lutte continue même si on assiste à un ralentissement des procédures.  Donc, le 26 mars mérite d’être bien fêté tout en rappelant au peuple malien, les causes de la révolte du 26 mars qui a abouti à cette démocratie. Normalement, les politiques issues de la démocratie devraient continuer dans le sens de cette lutte. Malheureusement, on n’a tendance à croire que ceux-ci  cachent quelque chose au peuple ou qu’il y a des choses que le peuple ne doit pas savoir.  Nous avons étudié dans les conditions meilleures plus que ceux d’aujourd’hui malgré la lutte. Ce qui veut dire que les conditions sont pires au lieu d’assister à une amélioration. Depuis des années, on assiste à des proliférations d’écoles privées qui sont aussi très chères que le public. Comme si c’est fait uniquement pour des enfants de riches. Voilà l’un des exemples de la déroute de la lutte du 26 mars. Malgré les déroutes, on assiste à certaines améliorations. Aujourd’hui, on peut dire qu’il y a le pluralisme politique. Les Maliens ont la liberté de créer leur association, leur parti politique et il y a la liberté d’expression chez nous. Tous ceux-ci sont des fruits de la révolution du 26 mars ».

 

 

Fily Kéïta, étudiante à Genève : ‘’ Le 26 mars doit être une journée de prise de conscience… !’’

« Du 26 mars 1991 à aujourd’hui, il y a eu des acquis, mais les choses n’ont pas beaucoup changé. Je pense que ça été juste un renversement de situation avec l’arrivée d’une nouvelle stratégie politique. Car malgré cet événement, les mêmes maux persistent toujours aujourd’hui. Il s’agit de la corruption, du favoritisme, de l’injustice etc.

 

 

La commémoration de cette date ne doit pas se limiter à chômer une journée et à aller déposer une gerbe de fleurs au Carré des martyrs. Le 26 mars doit être une journée de prise de conscience pour le peuple malien et une pensée pieuse et d’hommage pour les martyrs qui ont payé de leur sang pour que le Mali soit aujourd’hui. Pour cela, il faut réaliser des actions concrètes afin d’atteindre les objectifs de cette date historique à travers laquelle la démocratie a vu le jour dans notre pays.  Mais aujourd’hui, il ne faut pas avoir peur de dire ou de le reconnaître que notre démocratie est très limitée dans la mesure où il n’y a pas de liberté d’expression et les plus forts écrasent toujours les faibles ».

 

 

Youssouf  Fadiga  Samounou, ancien membre de l’AEEM : ‘’On doit bien fêter le 26 mars avec éclat’’

« Le 26 mars  doit être fêter avec éclat quel qu’en soit les conditions du pays car, cette date a permis au Mali de se hisser dans le mouvement démocratique. Après l’adoption de la démocratie, tout homme politique peut pointer sa tête par tout où il veut. Cette possibilité n’existait pas avant. Par ailleurs, du 26 mars 1991 au 26 mars 2014, je pense qu’il y a eut beaucoup d’améliorations. Tout d’abord, malgré la crise qui a frappé notre pays, les élections ont pu se tenir sans incidents.

 

Cela démontre le caractère démocratique du peuple malien où seule la voie des urnes compte. Aussi, le Mali est cité en exemple à l’extérieur sur le plan de la démocratie. Mais  notre démocratie actuelle en comparaison avec les objectifs de la révolte du 26 mars 1991 qui nous a amené la démocratie, je trouve qu’il reste beaucoup à faire. L’école n’est pas à la hauteur des attentes. Aussi, qu’en est-il du dédommagement des martyrs ? ».

 

 

Boubacar THOUREE, informaticien : ‘’ Le 26 mars devrait être une journée de sensibilisation !’’

« Je dirais qu’il n’y a pas eu d’acquis puisque la commémoration de cette date n’a rien à envier à une fête. Le 26 mars devrait être une journée de sensibilisations afin de montrer à tous les Maliens et toutes les Maliennes qu’il y a eu des citoyens qui ont sacrifié leur vie pour qu’on soit là aujourd’hui. Donc, c’est dire que les chants et les danses n’ont pas leurs places dans cette commémoration. Il faut que l’on fasse de cette date, un repère et non tout simplement un jour férié où il faut seulement aller déposer une gerbe de fleurs à la place des martyrs. On doit profiter de cette journée pour dégager le bilan de ce qui a été fait sur le plan de la consolidation de la démocratie et du développement socioéconomique et culturel au Mali ».

Par D.T & O. B

 

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2 COMMENTAIRES

  1. Vive le Président Moussa. Au Mali la démocratie a été mauvaise chose pour le peuple Malien. Le Tresor Publique ainsi nos ressources ont été privatisé

  2. Bonjour,
    Excellent et émouvant discours du Président Ibrahim Boubacar Keita lors de la commémoration de la journée des martyrs et de la révolution du 26 mars 1991.

    En parlant de sa fille Ramatoulaye, symbolisant la dépouille injuste de l’innocence comme il le dit, et de nos enfants, frères, sœurs, amis, parents, époux et épouses, martyrs, morts pour notre liberté et notre démocratie, il nous émeut tous.

    Que de pertes pour le Mali. C’est atroce.

    Malgré tout, notre résilience aidant, les Maliens ont su prendre de la hauteur, ont su se retrouver et ont su cultiver le vivre ensemble.

    Cette culture du vivre ensemble, indispensable pour la réconciliation nationale, exige que la vérité, la justice et la non impunité soient mises en avant.

    UNE COLLABORATION, EN BONNE INTELLIGENCE, ENTRE LA JUSTICE ET LA COMMISSION CVJR (COMMISSION VÉRITÉ, JUSTICE ET RÉCONCILIATION) PERMETTRA D’ASSEOIR UNE TELLE JUSTICE POUR TOUS, ÉQUITABLE ET IMPARTIALE, REPOSANT SUR LA VÉRITÉ.

    La réconciliation nationale ne peut se faire que si chaque Malien (e) s’engage et participe aux pourparlers inclusifs pour lesquels le Président IBK tend la main aux uns et aux autres.

    Que tous les Maliens, y compris ceux des groupes armés, prennent cette main tendue, afin d’avancer, ensemble, vers la réconciliation nationale et la refondation durable d’un Mali Un et Indivisible dans lequel chacun (e) doit jouer pleinement son rôle dans le cadre d’une régionalisation qui ne peut être faite sans l’apport et la participation de tous.

    Responsabilisant chacun (e) et permettant l’interaction entre les niveaux, national, régional et local, la régionalisation permettra un développement endogène, utilisant autant que possible et de façon optimale, les ressources régionales et locales.

    Ainsi, les régions deviendront des centres de production de services et de valeur ajoutée.

    Leurs services pourront être utilisés de partout, à travers la mutualisation, le partage et la collaboration.

    Elles contribueront à la richesse nationale.

    Créons cette richesse à travers la régionalisation dans un Mali Un et Indivisible et mutualisons-la pour le bien-être des Maliens et des Maliennes, sans exception.

    Bien cordialement
    Dr ANASSER AG RHISSA
    EXPERT TIC ET GOUVERNANCE
    E-mail: Webanassane@yahoo.com
    TEL 78 73 14 61

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