19 novembre 1968 : Jour de descente aux enfers du Mali

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Jadis connue de tous les Maliens et célébrée avec fastes sur les antennes de la radio nationale, qui à l’occasion jouait de la musique militaire ou des hymnes à la bravoure de la junte militaire qui avait renversé le président Modibo Kéita, la date du 19 novembre 1968 s’efface petit à petit des mémoires.

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« La longue marche du Mouvement démocratique malien s’activa le 19 novembre 1968, quand un groupe d’officiers de l’armée nationale, au nom d’un Comié militaire de libération nationale (CMLN), s’empara du pouvoir en renversant le régime du président Modibo Kéita, père de l’indépendance du Mali et premier président de la République » , peut-on lire sur le site adema-pasj.org.

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Jadis connue de tous les Maliens et célébrée avec faste, la date du 19 novembre 1968 s’estompe petit à petit des mémoires. Cela est d’autant logique que le CMLN puis son rejeton l’UDPM se sont montrés aussi incapables de satisfaire les préoccupations des Maliens et pour lesquelles ils avaient affirmé prendre le pouvoir.

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Demeurant un pan de notre histoire, le 19 novembre 1968 n’a pas fait que sauver de nombreux Maliens d’une mort certaine comme l’a prétendu le colonel Youssouf Traoré. Ancien membre CMLN et président de l’Union des forces démocratiques et du progrès, (UFDP), il avait osé, au cours d’une conférence débats sur l’éducation, demandé à l’assistance de bénir la date du 19 novembre 1968.

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Pour le premier responsable du parti de l’Eléphant, « le 19 novembre avait sauver la vie de plusieurs centaines de Maliens d’une mort certaine ». Mais ce que le colonel avait oublié d’ajouter c’est que cette date est l’une des plus macabres de notre histoire, et ce n’est pas pour rien que l’Adéma trouve que la longue marche démocratique s’activa dès ce jour-là parce qu’en fins politiques ceux qui ont créé ce parti savaient que le peuple ne pouvait rien attendre de bon de cette junte militaire qui venait d’accéder au pouvoir par la force. Et les événements leur donnèrent raison.

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Les réalisations furent spectaculaires sous Modibo Kéita. Pays à vocation agro-pastorale, le Mali, alors s’est engagé sur dans la voie du socialisme et se dota d’industries, dont de petites unités qui absorbaient les productions agricoles. Les sucreries, la cimenterie, la Sonatam, etc. sont autant d’unités industrielles qui ont contribué et contribuent à présent à l’essor de l’économie nationale.

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Bases d’un Etat moderne

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Au niveau de l’enseignement, le régime du président Modibo Kéita a incontestablement fait beaucoup plus que le CMLN et l’UDPM réunis. Il a entrepris une réforme audacieuse en juillet 1962, dont le slogan de base restait une éducation de masse et de qualité. Il opta pour le système des grandes écoles. L’Ecole normale supérieure (EN Sup) pour la formation des enseignants, l’Ecole nationale d’administration (ENA) où étaient formés les cadres de la magistrature, de l’administration, de l’économie, l’Ecole nationale d’ingénieurs (ENI), etc. Un système éducatif performant dont le pays reste fier de nos jours parce qu’ayant formé de cadres compétents qui ont fait leur preuve partout où ils ont servi.

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Pour l’encadrement de la jeunesse, le mouvement pionnier a beaucoup contribué à éveiller les consciences des jeunes malgré son caractère politique.

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Au plan diplomatique, le régime de Modibo a réussi à nouer des relations avec presque tous les pays de l’Est et du bloc occidental. Le Mali a ainsi été l’une des rares nations à avoir reconnu les deux république d’Allemagne (RFA et RDA).

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En Afrique, le Mali a soutenu tous les mouvements de libération en particulier le FLN (Front de libération nationale) algérien qui avait même des bases au Mali. Il a soutenu également les combattants pour la liberté en Angola, au Mozambique, en Afrique du Sud. Mieux qu’une prouesse, le régime de Modibo a réussi, en 1963, à réconcilier Algériens et Marocains à Bamako. « Force est de reconnaître que le régime de Modibo Kéita a jeté les bases d’un Etat moderne », reconnaissent même ses adversaires les plus irréductibles.

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Peut-on en dire autant du CLMN ? La comparaison est hasardeuse. Mais la réponse, assurément, est non. Autant le régime de Modibo Kéita a connu une dérive sur le plan du respect des libertés humaines, autant celui du CLMN a connu la sienne. Mais nombre d’observateurs de notre vie politique et sociale sont de plus en plus unanimes que le 19 novembre est une date « sinistre » en ce sens que les régimes CMLN et UDPM qui en sont issus, n’ont pas su renforcer, voire pérenniser les acquis de l’indépendance. Les espoirs suscités par la junte militaire ont tôt fait place aux désillusions.

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La presque totalité des industries ont été liquidées faisant des chômeurs. L’éducation, une fierté de la nation eu égard au système d’enseignement efficace, va progressivement tomber dans une déchéance au point que les sujets d’examen et les notes deviennent des marchandises.

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Que serait le Mali si le 19 novembre 1968 n’avait pas eu lieu ? Cela est une autre histoire pour nos historiens politologues. Pour l’heure, prendre l’auteur du 19 novembre 1968 comme le Messie Sauveur de la nation, c’est prendre sa vessie pour une lanterne.

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Denis Koné

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