19 Novembre 1968-19 Novembre 2018 : 50 ans après le coup d’Etat, qui pour succéder à Modibo Keita ?

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Ils sont quatre à avoir  porté le chapeau de Président de la République après Modibo Keita. De Moussa Traoré à Ibrahim Boubacar Keita, en passant par Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré, tous ont géré le Mali à des moments différents et chacun a un bilan qu’on pourrait interpréter, selon qu’on soit partisan ou opposant. Qui, parmi ces quatre, aura incarné l’idéologie et les valeurs défendues par Modibo Keita ?

Moussa Traoré : Cet anniversaire est d’autant plus triste qu’il nous rappelle les années sombres du régime militaire, caractérisées par une aliénation de l’intelligentsia, la corruption, la gabegie et la culture de la médiocrité. En 23 ans, Moussa Traoré et sa junte ont instauré un climat de terreur pour faire disparaitre l’idéologie socialiste de Modibo Keita.  Donc, le lieutenant, bombardé Général Moussa Traoré, ne saurait succéder à Modibo Keita, parce qu’il n’a incarné aucune des valeurs et en plus il a été évincé par le peuple à la suite d’une révolution sanglante le 26 Mars 1991.

Alpha Oumar Konaré s’installa au pouvoir en 1992. On dit qu’il serait un  adepte de Modibo Keita, car faisant partie de la jeunesse qui s’est rebellée contre le coup d’Etat qui le renversa. Il aurait même fait la prison, pour avoir distribué des tracts avec des slogans hostiles au Comité Militaire de Libération Nationale, CMLN. Une fois au pouvoir, AOK aura lui aussi posé certains jalons. Les réalisations et surtout l’aura et l’audience qu’Alpha Oumar Konaré  avait pendant les dix ans, semblent faire de lui le plus proche de Modibo Keita idéologiquement parlant. Il serait sans nul doute le digne  successeur de Modibo Keita, car  sous son règne, le Mali a retrouvé sa grandeur et sa voix était audible dans les foras. Alpha Oumar Konaré comme Modibo Keita partageaient les mêmes valeurs, celles du  patriotisme et  de  la fierté.

Amadou Toumani Touré, ATT : On pourrait douter de sa capacité intellectuelle, de sa vison pour le Mali, mais nul ne peut douter de son amour pour la patrie. ATT est aussi une référence à travers le monde pour son coup de grâce en débarrassant le pays du Général Moussa Traoré, devenu très féroce en 1991. Il a rendu également  le pouvoir aux civils au terme de 14 mois de transition réussie. S’il avait  fait  l’économie d’un come-back sur la scène politique, il serait aujourd’hui une icône. Mais, son retour après une exemplaire transition, a étalé au grand jour sa personnalité, ses failles, ses limites. Certes, il a été un bâtisseur, mais loin d’incarner les valeurs défendues par le premier Président du Mali indépendant. C’est pourquoi, il est sorti par la petite porte de l’histoire.

Ibrahim Boubacar Keita, IBK : En 2013, pour la première fois au Mali, l’élection d’un Président de la République a suscité un grand engouement et mobilisé les Maliens de toutes les confessions, de toutes les obédiences politiques, parce qu’il avait bonne presse. Il a été le seul Premier ministre à avoir battu le record de longévité à ce poste. C’était sous Alpha Oumar Konaré. Ainsi, jouissant d’un préjugé favorable et d’un fort charisme, IBK a accédé au pouvoir dans l’espoir d’indiquer aux Maliens la voie à suivre et  pour ranimer en les citoyens le sentiment de patriotisme qui s’est presqu’éteint. Cinq ans au pouvoir, son bilan est loin d’être à la hauteur de l’estime et de la confiance que les Maliens ont placé en lui. Il a battu tous les records, mais dans le sens négatif. Record en instabilité gouvernementale, avec cinq Premiers ministres en cinq ans ; record en termes d’argent volatilisé dans le cadre de la corruption et enfin record en décompte macabre dû à l’insécurité et à l’instabilité sociale. Son bilan du premier quinquennat fait froid dans le dos. Il ne ressemble à Modibo Keita que par le nom de famille, sinon tout les oppose. Il n’a fait qu’un mandat, il lui reste  encore cinq ans pour se ressaisir et écrire une nouvelle page de l’histoire du Mali.

Youssouf Sissoko

youssouf@journalinfosept.com

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2 COMMENTAIRES

  1. ߒߞߏ
    “Le 19 novembre 1968” FUT UN TOURNANT DANS LA VIE DE LA NATION MALIENNE :
    – CE TOURNANT A UN NOM :
    “L’ INVERSION DE L’ INDEPENDANCE NATIONALE”, PAS PLUS, NI MOINS.

    SAVOIR STRUCTURER LES CHOSES PAR SYNTHESE, OU EN SAISIR SA STRUCTURE PAR L’ ANALYSE SCIENTIFIQUE, ECHAPPE AUX PSYCHOLOGIES ENTROPISE’ES ET DISSOUTES DANS UNE SPIRITUALITE’ FRANCO-ARABE LARBINISANTE.

    L’ INDUSTRIE DE BASE, MISE EN PLACE PAR MODIBO KEITA, DEVAIT SERVIR DE CHAMP D’ ACTIONS POUR LES INTELLECTUELS -INGENIEURS-SCIENTIFIQUES MALIENS.

    MAIS HELAS, SANS CETTE BASE INDUSTRIELLE NATIONALE, JE DIS BIEN “NATIONALE”, TOUTE NATION NE PEUT QUE SE REDUIRE PAS SEULEMENT EN PRE-CARRE’ COLONIAL, MAIS EN BASSE-COUR.

    CETTE BASSE-COUR D’ HOMME PAYE AVEC SA CHAIR, TOUT COMME UNE BASSE-COUR DE VOLAILLES : LE PROPRIETAIRE ECONOMIQUE DE LA BASSE-COUR VEILLE A’ LA RENTABILITE’. VOILA’ POURQUOI NOTRE SYSTEME DE SANTE’, D’ EDUCATION ET L’ INFRASTRUCTURE SONT DANS UN ETAT INDIGNE DES HUMAINS.

    DES FOIS , LE PROPRIETAIRE ECONOMIQUE DE LA BASSE-COUR NEGLIGE TEMPORAIREMENT SON SON “ELEVAGE” POUR DIVERSES RAISONS.
    DANS CE CAS, LE MANQUE DE RESSOURCES, POUR LA SURVIE, FORCE LA POPULACE DE LA BASSE-COUR AU “CANNIBALISME-DE-SURVIE”.

    LE CAPITALISME NEO-LIBERAL IMPOSE’ AU MALI N’ EST-IL PAS DU CANNIBALISME ECONOMIQUE, FORME DEGUISE’E DU CANNIBALISME BIOLOGIQUE: DIRIGEANTS HYPER-RICHES, FAMINE ET MANQUE DE SANTE’ DE BASE POUR 99,99% DE LA POPULATION.

    AU MALI, LES 99,99% DES ” INTELLECTUELS” SONT DES “INSECTE-TUELS”.

    UN “INSECTE_TUEL” MALIEN PENSE QUE LA FONCTION PUBLIQUE EST LE SEUL NID DE SON EXISTENCE.

    ET LES “INSECTE-TUELS” ” DOCTORE’S ” ICI ET LA’ NE PENSENT QU’ A’ ETRE MINISTRES OU DIRIGEANTS POLITIQUES A’ VIE.

    AINSI, NOS SOCIETE’S ONT PERDU TOUTE VALEUR HUMAINE, AU SENS ANTHROPOLOGIQUE DU TERME.

  2. @Youssouf Sissoko. Nous avons tous été des acteurs de la révolution du 26 mars. Malgré les retards de salaires, le régime Etat-UDMP avait réussi à maîtriser le coût des denrées de première nécessité. On a même vu certains quartiers “huppés” de la capitale (Kalaban koura et Magnambougou) où sur une simple présentation du livret de famille, on a octroyé des lots à usage d’habitation à des citoyens. Pourquoi vous ne dites jamais que sous GMT il n’y avait pas autant de fonctionnaires milliardaires ? Qu’Il n’y avait pas autant d’insécurité ? Je connais un autre peuple (libyen) qui a réclamé comme nous au Mali de la “démocratie”. Comme nous il l’a eue mais a perdu tout son pouvoir d’achat et l’insécurité s’est installée là-bas comme chez nous. Quant à la corruption au Mali, de 1968 à nos jours elle n’a fait que croitre de façon linéaire: sous GMT il y avait autant de corruption (sinon moins) que de nos jours en 2018!Le seul aspect positif est la Liberté d’expression (qui ne se mange pas comme du pain) sinon le citoyen lambda souffre autant aujourd’hui que sous Moussa TRAORE.

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