19 novembre 1968 – 19 Novembre 2010 : Faut-il oublier ?

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Les martyrs réels ou autoproclamés (aujourd’hui encore en vue) qui ont subi des humiliations, la prison, la torture à compter du 19 novembre 1968 ont-ils oublié ?

Ceux qui ont mangé des araignées dans la prison de Taoudénit, partagé la prison de Kidal avec des cafards, salamandres et lézards et dont certains camarades y sont restés à jamais ; semblent aussi, avoir oublié.

En somme, le 19 novembre est sur le point d’être effacé de la mémoire collective. Les raisons de cette amnésie presque nationale, sont simples et révoltantes.

Comme le disait l’autre, depuis la chute de GMT, tout le monde est devenu héros ou martyrs. Et si d’un côté, nombre de ces vieux ex « compagnons fidèles » réels ou autoproclamés de feu Modibo Kéita voyaient en la chute de GMT un « droit légitime… » de gérer les affaires du pays, d’autres, les anciens prisonniers de la dictature se réservaient aussi le même droit. « Face donc à ces héritiers »traditionnels, il y a aussi la troupe des nouveaux héros actifs, les vrais tombeurs » de GMT en 1991 dont certains menaient le « combat » à partir de la France ou organisaient des marches dans leurs concessions pendant que les autres étaient dans la rue. Question de stratégie… Ces grands « démocrates » eux aussi, réclament le pouvoir qu’ils ont « conquis » en concédant « le sacrifice suprême », tout en restant… en vie.

Tous, sont si obsédés par le pouvoir, l’argent et seulement cela, qu’ils ont fini par effacer de leur mémoire le passé pour ne voir que le présent et l’avenir. Enfin de compte, même ceux qui avaient leur « avenir derrière eux, l’ont projeté, devant.

Quant au « livre » d’histoire du Mali, ils l’ont piétiné car pour eux désormais, l’histoire de notre pays, commence à partir de 1991. Par la même occasion, ils ont aidé à ressusciter le Diable. Au nom d’une réconciliation nationale n’ayant comme objectif que de falsifier l’histoire à défaut de l’enterrer. Et dans toute cette histoire, les grands gagnants, ce sont les assassins et les voleurs d’hier qui sont devenus les nouveaux héros et leurs victimes mortes ou vivantes, les coupables.

Les amnésiques, les aphasiques et les hypnotiseurs peuvent continuer de courir à grand bruit. Le Peuple malien se souviendra. Son histoire est écrite avec une encre indélébile. Et ne peut être ni avalée, ni dévorée. Encore moins brûlée ou assassinée.

 

 

 

 

19 Novembre 1968 – 19 Novembre 2010

 

 

 

Sans vouloir réveiller des chagrins ou retourner le couteau dans des plaies, il est nécessaire de rappeler le sens dramatique du 19 Novembre 1968, l’une des dates les plus sombres de notre histoire contemporaine.

19 Novembre 1968, triste symbole de la prise du pouvoir par une junte militaire poussée par la soif de régner et animée par la haine pour le peuple malien.

Pour tous ceux qui ont subi les foudres du régime militaire de 1968 à 1991, l’évocation de cette date donne encore le frisson.

Entrée par escalade dans l’histoire de notre pays, la junte militaire avait promis, dès le lendemain du coup d’Etat, plus de libertés démocratiques et son retour immédiat et imminent dans les casernes, dans les six mois qui suivraient.

La suite est connue de tous.

Moussa Traoré et ses sbires vont tomber dans l’ivresse du pouvoir.

Aucune propagande, aucune distraction ne feront oublier au peuple les atrocités commises par Moussa Traoré. Après avoir envoyé dans les bagnes mouroirs, le Président Modibo Kéïta et ses compagnons, Moussa Traoré et sa junte organisent, dès 1969, une véritable descente aux enfers pour les Maliens.

Le 17 Avril 1969, une importante grève est déclenchée par les étudiants et élèves à Bamako. Le Comité Militaire répond par une répression sauvage.

Plus tard, Aberhamane Baba Touré, Bernard Sissoko, Kadari Bamba, Oumar Yattara, Mamadou Doucouré, Santigui Mangara et Monobem Ogognangaly sont accusés de : « constitution d’association illégale, offense au chef de l’Etat, diffamation des membres du gouvernement, appel au peuple à la révolte ».

Sans jugement, ils sont maintenus cinq mois dans les geôles, humiliés et torturés.

C’est seulement le 11 Mars 1970 que les 7 militants du PMT sont condamnés à 18 mois d’emprisonnement.

Toujours en 1969, le capitaine Diby Silas Diarra et d’autres militaires sont accusés de tentative de coup d’Etat. Beaucoup d’ente eux ont péri dans les salines de Taoudénit.

C’est le 16 Mai 1977, à 12 heures que le Président Modibo Kéïta est mort, manifestement assassiné au camp militaire de Djikoroni. Le père de l’Indépendance et Premier Président de la République du Mali, a alors été réduit au statut de simple « instituteur à la retraite » !

La date du 19 novembre doit être inscrite à l’encre indélébile, dans nos cœurs et dans l’histoire de notre pays.

 

La Rédaction

Gravé dans nos mémoires !

Boubacar Sankaré

Les Vieux « patriotes sincères » se réclamant jadis « amis intimes », « camarades de lutte », « hommes de confiance », « héritiers » ou compagnons fidèles » de feu Modibo Kéïta, ont, semble-t-il oublié cette date anniversaire du 19 novembre 1968.

L e 19 novembre 2010 passera-t-il inaperçu ? Comme un jour banal, ordinaire ?

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