Adama Sangaré maire du district de Bamako a exproprié les Touré, une des familles fondatrices de Bamako, du terrain situé dans la servitude de leur mosquée sise au marché Dabanani. M. Sangaré semble avoir perdu les notions de respect des valeurs humaines ancrées dans notre société.
En effet, il aurait vendu ce terrain à Cheichna Bathily, un commerçant sous le prétexte d’un bail. Il s’agit de la servitude située dans le site de la mosquée des Touré sise au marché Dabanani. Cet édifice cultuel et patrimonial issu du morcellement du titre foncier n°164 est enregistré depuis 1915 dans le livre foncier de Bamako sous le numéro 199.
Après avoir consommé sa magouille, l’insolent maire du district de Bamako Adama Sangaré est allé voir les Touré pour leur faire part de sa volonté d’occuper le lieu. C’était le 6 décembre dernier. Ces derniers lui ont remercié de les avoir consultés, au préalable, pour ce qu’ils croyaient être un projet d’aménagement communautaire. Les Touré ne savaient pas que le coup était déjà monté. Ils ont promis un bref délai, pour lui donner leur avis sur la question qui devait être décidée en conseil de famille.
A l’issue de cette courte entrevue, le maire du district de Bamako Adama Sangaré, a offert aux Touré une enveloppe d’un million en coupures de 10. 000 FCFA. Mais, ceux-ci n’ont pas tardé à savoir qu’un tel geste venant d’un magouilleur n’est jamais gratuit. Trois jours plus tard, à leur grande surprise, le nouveau propriétaire du lieu Cheickna Bathily a commencé les travaux. Pour réussir le coup, plusieurs dizaines d’agents des forces de l’ordre ont été mobilisés. M. Bathily savait-il le caractère litigieux de son entreprise ou était-ce une provocation?
En tout cas, il a provoqué la colère des gens qui étaient prêts à tout pour empêcher l’occupation de leur site. Il a fallu l’intervention des sages de la famille Touré, pour que le pire soit évité. En effet, de la colonisation à 2010, cette servitude a été épargnée par toutes les administrations pour le respect de nos coutumes. Surtout du grand parent des Touré de Bamako Taleb Mohamed, dont la tombe et le puits sont situés sur l’étendue de l’espace concerné. Aujourd’hui, le maire du district de Bamako Adama Sangaré fait abus de pouvoir.
Malgré tout, les Touré ont fait savoir que nos valeurs nous enseignent le dialogue, l’entente, la tolérance et la paix qui ont beaucoup contribué à la stabilité de notre pays. Pour prendre le taureau par les cornes, Ibrahim Touré a été chargé de prendre contact avec Adama Sangaré pour lui demander de se raviser. Il lui a fait savoir que les siens détiennent un titre de propriété sur la zone. Mais en vain !
L’omnipotent maire central de Bamako aurait rétorqué «qu’il s’en fout et que l’endroit en question se trouve, de toute façon, sur une circonscription relevant de sa compétence». Avec de telles idées, est-ce qu’il n’envisagera pas, un jour de vendre la ville de Bamako? Ce qu’il n’a peut-être pas appris est que dans notre société, il faut perdre le sens du respect pour répondre un septuagénaire de la sorte. En dépit de son intransigeance, les Touré sont et restent sur la voie du dialogue.
Le 9 décembre 2010, ils ont formé une délégation composée de leur chef accompagné d’Ibrahim et de Madou Touré, afin de rencontrer le ministre de l’intérieur Kafougouna Koné. Ce dernier les a fait recevoir par son secrétaire général à qui, ils ont exposé le problème. Après, ils ont fait parvenir une correspondance au ministre Kafougouna avec ampliation à la primature, au ministère des domaines et à la présidence de
Selon Ibrahim Touré, cette démarche a été entreprise dans le souci du respect strict des institutions de notre pays. Ils ont aussi commissionné leur frère Karamoko auprès du président du Haut conseil islamique Mahmoud Dicko pour l’informer de la situation. Celui-ci a proposé une rencontre tripartite. Mais Adama serait sur le point d’aller à Ségou. Les choses en sont là ! Le maire du district de Bamako refusera-t-il d’écouter toutes ces personnalités? On le saura.
Ne voyant que leur propre intérêt, certains de nos compatriotes sont prêts à bafouer leur dignité. Se croyant intouchables, ils s’adonnent à des gabegies outrancières. C’est malheureusement le cas de certains de nos élus. Si ça continue, ils finiront par vendre toutes les places vides.
A suivre…
Issa Santara