Au moment des faits que nous rapportons ici, Moussa Mara, maire de la Commune IV du district de Bamako, délivre un permis de construire sur une parcelle sise sur un espace public situé en pleine rue, à Lafiabougou. L’obtention du duplicata afférent à ladite parcelle serait liée à des manœuvres frauduleuses. En octobre 2013, feu Amadou Baba Kéïta, ancien haut fonctionnaire au ministère de la Fonction publique, décédé, il y a plus de six ans, adresse une demande d’autorisation de construire au maire Moussa Mara de la Commune IV qui lui répond favorablement.
Décidément, la question liée à la spéculation foncière ne cessera d’être au centre des préoccupations des citadins de Bamako. Dans tous les quartiers périphériques de la ville, des émissaires fantômes et agents véreux des mairies du district, en contacts discrets avec des complices, enjambent coins et recoins à la recherche de lopins et de parcelles vierges pour courir le souffler à l’oreille de leurs chefs. Ces derniers, à leur tour, sans chercher à y voir clair, en termes d’appartenance, ni à se référer à aucun texte juridique en vigueur, se livrent à une espèce de tractations devant aboutir à l’usurpation, à l’expropriation des propriétaires et à la mise en vente au plus offrant. Cela, sans se rassurer de la légalité des déclarations de leurs démarcheurs ni se soucier des conséquences de telles mesures qui frisent la fraude aux yeux de la loi.
Pour certains maires, il y a manque de bonne foi pure et simple tandis que, pour d’autres, c’est une question de vigilance. Tel semble être le cas de Moussa Mara, cité dans une affaire liée à l’attribution erronée (ou de manière douteuse) d’une parcelle sise à Lafiabougou, section C, Rue n°319, à un détenteur d’une pièce d’identité établie en 2013 alors que celui-ci est décédé depuis le 17 janvier 2007. En fait, sur la base des pièces justificatives, il est établi que celui à qui la mairie de la Commune IV a délivré en juin 2013 un permis de construire sous le n°0464MCIV-DB suivi du n°AF 42639 sur la parcelle n°64/F(du lotissement de Lafiabougou Section Cde la Lettre d’attribution N°222/Dom du 27/06/1981, est décédé depuis le 17 juillet 2007.
L’intéressé s’appelait Amadou Baba Kéïta, ancien Directeur de Cabinet au ministère de la Fonction publique. Et là où se pose la question, c’est au fait qu’une carte d’identité nationale ait pu être établie au nom de ce défunt à la date du 24/09/2013 délivrée sous le n°6226/BT/Kati. C’est avec cette pièce qu’une autorisation de construire a été obtenue à la mairie, le 28 octobre 2013.
En plus, il se trouve que la parcelle en question est située sur un petit espace public, dans une ruelle en face de la rue n°319 de Lafiabougou, Sect. C. Sept chefs de famille, regroupés dans un mouvement dit ‘‘Les Riverains’’, après avoir découvert que le duplicata afférent à la parcelle a été obtenu à l’issue de manœuvres frauduleuses, ont saisi le ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières. Dans leur courrier, ils signifient au ministre que toute construction sur ladite parcelle «va boucher» leur rue. Par conséquent, ils contestent la régularité et la validité des conditions d’attribution de la parcelle en question. Et révèlent à l’autorité compétente en la matière que c’est un certain Abdoulaye Cissé qui prétend être attributaire de la parcelle n°64/F du lotissement de Lafiabougou Section C.
Affaire à suivre!
Paul MAHAMANE