La population de Kalabancoro Hèrèmakono (Niamakorocourani) depuis une semaine ne dort que d’un œil. Les chefs de familles, femmes et enfants, tous sont inquiets. « Que Dieu nous sauve des griffes de cette sorcière et de ses soutiens. » lance une vendeuse de beignet assise à la devanture de sa concession et qui pense à ce qu’elle va perdre dans une semaine. La cause ? Une express sommation venant de Madame Fatoumata Tall, inspecteur de douane et son conseil Me. Gaoussou Fofana, Avocat à la Cour. Ils ont décidé et jugé bon qu’à partir du 21 octobre 2019, les populations dudit quartier devaient libérer les lieux qu’elles occupent, pour certains depuis 20 ans et, de démolir à leurs propres frais les réalisations faites. Leur force, une grosse du jugement N°221 en date du 7 août 2006 rendu par le tribunal de 1ère Instance de Kati ordonnant « l’expulsion des occupants de la parcelle querellée, tant de leur personne, de leurs biens, que de tout occupant de leur chef ; ordonne la démolition des constructions y effectuées ; les condamne aux dépens… ». Elle soutient qu’elle est détentrice d’un titre foncier et dont les familles sont installées sur sa parcelle. A l’annonce de cette nouvelle, la population s’est vite organisée pour créer un collectif dénommé « Siguida Jigi » afin de faire face à cette baronne des terres qui semble ne rien craindre et serait prête à affronter quiconque pour dit-elle rentrer dans ses droits c’est-à-dire obtenir les 5 hectares où vivent depuis 20 ans 134 familles ; où une mosquée est construite avec des espaces verts et airs de sport.
Comment comprendre qu’une personne se réclame propriétaire de titre foncier d’une terre attribuée légalement par l’Etat malien aux déguerpis de Niamacoro il y’à bientôt 20 ans ? Une parcelle sur laquelle des centaines de chefs de famille ont construit leur vie ? Notons que l’espace qui fait l’objet de litige a été attribué aux habitants par l’Etat du Mali suite au déguerpissement du quartier de Niamakoro. C’est donc un lieu de recasement que l’Etat lui-même a donné aux occupants actuels.
Déboussolé et très en colère, le nouveau collectif a, aux noms des 134 familles interpellé le chef de village de Kalabancoro et, en commun accord ont fait appel ce mercredi 30 novembre 2019 à Maitre Mohamed Bathily, très populaire en faveur des couches faibles. Me. Bathily a été ministre du domaine et des affaires foncières puis ministre de la justice, garde des sceaux sous plusieurs gouvernements du président Ibrahim Boubacar Keita. On lui doit beaucoup de reformes dans le domaine foncier le plus souvent favorables aux plus faibles, chose qui lui a fallu l’estime de cette couche.
Il a été selon la coutume reçu dans le vestibule du chef de village qui lui a supplié de venir en aide à cette centaine de familles désespérées qui ne comptent que sur lui désormais. En retour Me. Bathily a promis de prendre connaissance du dossier avant et voir ce qu’il peut faire. Après ce bref entretien, lui et sa délégation se sont rendu sur le site de litige où une marée humaine l’attendait. Il a été applaudi par un tonnerre d’applaudissements et des ovations. Le porte-parole du collectif M. Mahamar Yacouba Haidara après avoir fait un bref rappel de l’histoire de Niamakorocourani a aussi demandé le soutien de Me. Bathily dans ce dossier qui leur coupe le sommeil. « Comment peut-on demander à des personnes qui ont passé une grande partie de leur existence sur leur propriété acquis légalement de dégager un beau matin parce qu’elle serait bâtie sur le titre foncier d’une autre personne ? » lance-t-il très déçu. A tour de rôle, les notabilités ont demandé la même chose, l’annulation de la grosse autorisant démolition. En homme de droit, le ministre lui-même habitant de Kalabancoro, a promis de prendre connaissance du dossier et faire tout ce qui est de son possible pour soulager la population. Il a rassuré que si convocation il y a, ce n’est pas aux populations mais plutôt au préfet contre qui elle a gagné le procès. Une visite du site a mis fin à la rencontre.
L’état doit s’assumer dans ce dossier pour éviter que ces pauvres citoyens soient d’éternels nomades. Pour l’heure nous n’avons pu rencontrer Madame Tall ni son conseil pour avoir leur version des faits. Cependant ceux que nous avons contactés disent qu’ils ont reçu l’ordre de ne rendre compte à personne. La grosse en elle-même est une explication soutiennent-ils. Nous y reviendrons.
Amadingué Sagara/Maliweb.net
Mr le journaliste, ne fait pas de parti pris. Elle est en fasse avec la loi.
On ne peux pas occupé une espace appartenant à autrui impunément.
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