Spéculation foncière à Kalabancoro : Un maire qui se fait passer pour un grand ami d’ATT

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L’espace du parking réservé aux occupants du marché de Kalabancoro-Hèrèmakono a été morcelé par le maire Issa Ballo. Pire, après sa sale besogne, il a osé convoquer les habitants du quartier auprès de l’autorité judiciaire du cercle, en prétextant que ces derniers se sont opposés à l’autorité communale et empêché  la viabilisation du marché, alors qu’en réalité, il ne s’agit pas du marché de ce quartier, mais de l’espace vert réservé au parking pour les occupants du marché et des habitants des familles voisines.

Dans le quartier de Kalabancoro Hèrèmakono, le maire de la commune rurale du même nom est depuis un certain temps en train de faire fi des règles en matière foncière en se livrant à la spéculation. En plus de spéculer, il serait parvenu, en complicité avérée ou non avec certains responsables administratifs et judiciaires du cercle de Kati, à intimider les populations victimes de ses spéculations, voire même à proférer des menaces à leur endroit.

Actuellement, les populations de Kalabancoro-Extension (Hèrèmakono), notamment les membres de l’Association du développement de Kalabancoro-Hèrèmakono qui sont confrontés à un problème relatif au morcellement du parking réservé aux occupants du marché et autres familles voisines. Un morcellement opéré par le maire Issa Ballo et un de ses complices : un opérateur économique du nom de Sékou Hamala Simpara. Le maire Issa Ballo, qui a été approché à maintes reprises par les populations voisines du parking et surtout par le président de l’Association pour le développement de Kalabancoro-Hèrèmakono (ADKH), Monsieur Abdramane Sangaré, serait en train de se livrer à des ventes de parcelles sans tenir compte ni des règles foncières inscrites dans le Code des collectivités, ni des espaces verts et publics.

Pourtant, le parking qui fait actuellement l’objet de morcellement de la part du maire (qui clame être « un grand ami du Président ATT ») est un espace vert attribué par les plus hautes autorités aux habitants du quartier de Kalabancoro-Hèrèmakono. Conformément au droit foncier, les membres de l’ADKH, en plus d’avoir dressé une correspondance au maire, l’auraient rencontré à plusieurs reprises, mais sans succès. Par ailleurs, au moment même où les habitants du quartier se plaignaient, le maire avait déjà fini son travail : il avait morcelé le parking au profit de cinq personnes.

Mais suite au soulèvement des habitants du quartier (qui ont marché le 16 juin dernier pour dénoncer cette attitude malsaine), quatre des cinq personnes qui avaient acheté des terrains sur le dit parking ont dû abandonner leurs parcelles, et cela, par respect envers les habitants du quartier. Parmi les quatre qui ont abandonné leurs projets de construire sur cet espace vert figurait le sieur Bathily qui, selon nos sources, avait investi plus de 5,6 millions de FCFA, mais n’a pas hésité à tout abandonner. Il aurait soutenu qu’il a été induit en erreur par le maire Issa Ballo et un de ses complices du nom de Lamine (sans autre précision sur l’identité de ce dernier). Pour empêcher que cet espace vert soit davantage occupé par des particuliers, notamment par des opérateurs économiques, les membres de l’ADKH ont approché l’Union des associations et des coordinations pour le développement et la défense des droits des démunis (UACDDDD). Et pour freiner le maire Issa Ballo dans son aventure malencontreuse, le président de l’UACDDDD l’avait saisi par une correspondance en date du 28 juillet 2011 dont voici la teneur :

« A Monsieur le maire de Kalabancoro,

Monsieur le Maire,

L’Union des associations et des coordinations d’associations pour le développement et la défense des droits des démunis de Kalabancoro-Hèrèmakono au sujet du morcellement de l’espace réservé pour le parking à Kalabancoro-Hèrèmakono et de l’opposition ferme de cette population à cette action abusive et illégale. Monsieur le maire, je sollicite qu’il vous plaise votre intervention immédiate pour arrêter ce morcellement qui peut entraîner un soulèvement des populations dont les conséquences seront regrettables. Par ailleurs, je vous rappelle que suite à beaucoup de plaintes concernant les changements de vocation des places publiques, espaces verts et places communautaires dont les parkings, le Ministre de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales a pris la décision N°1973/MATCL-SG du 05 août 2010 dont une copie est jointe. Monsieur le maire, je vous rappelle que les espaces verts et places publiques et communautaires sont les compléments naturels de l’habitat et jouent un rôle très important dans la fonctionnalité des villes et dans l’amélioration du cadre de vie des populations. En comptant sur votre esprit de civisme, je suis convaincu que vous allez prendre toutes les dispositions idoines pour trouver une solution définitive au problème en annulant votre décision de morcellement pour le bonheur de la population. Très franche collaboration ». L’ampliation de cette correspondance a été faite au Préfet de Kati et au Sous-préfet de Kalabancoro. A propos, que disent la Loi du 3 juin 2002 fixant les règles générales de l’urbanisme et les articles 23 et 24 du Décret N°05-340/P-RM du 25 juillet 2005 fixant règlementation des équipements collectifs urbains ? Il est libellé comme suit :

« Il m’a été donné de constater que de nombreux changements de vocation de parcelles de terrain issues d’opérations d’urbanisme déjà approuvés interviennent sans que leur justification n’apparaisse clairement. Les espaces verts et places publiques sont les plus fréquemment concernés par ces opérations. Or, ces espaces verts et places publiques qui sont les compléments naturels de l’habitat jouent un rôle très important dans la fonctionnalité des villes et dans l’amélioration du cadre de vie des populations. Je vous rappelle que le changement de vocation des espaces urbains s’effectue conformément aux dispositions de l’article 12 de la Loi N°02-016 du 3 juin 2002 fixant les règles générales de l’urbanisme et des articles 23 et 24 du Décret N°05-340/P-RM du 25 juillet 2005 fixant règlementation des équipements collectifs urbains. C’est dire que le changement de vocation reste subordonné à l’un des préalables suivants : la révision ou l’abrogation d’un document ou d’un programme opérationnel d’urbanisme. Celle-ci peut intervenir à la suite de la prise d’un acte règlementaire de même niveau ou de niveau supérieur à celui qui a prévalu pour fixer la vocation initiale.

L’autorisation préalable du service chargé de la protection de la nature en particulier pour la suppression d’arbres ou de plantations en vue de la réalisation ou de la modification d’un immeuble. Lorsque la suppression d’arbres est autorisée, l’autorisation de construire peut être soumise à l’obligation de plantation d’arbres de remplacement par le requérant. L’avis des services chargés des espaces verts urbains pour les propositions de déclassement d’espacements et les projets d’aménagement, notamment de jardins publics, de places publiques, d’aires de jeux, de pelouses de stades, de ceintures vertes et de plantations d’accompagnement des voies de circulation. Compte tenu de tout ce qui précède, je vous invite à limiter les changements de vocation aux seuls cas de nécessité avérée et observer scrupuleusement la règlementation y afférente. Vous voudrez bien m’accuser réception de la présente. Signée le Général de Division Kafougouna Koné, Grand Chevalier de l’Ordre National ».

C’est à toutes ces précisions que les populations du quartier Kalabancoro-Hèrèmakono se sont référées pour se lever et défendre leur droit. Par ailleurs, les membres de l’ADKH, le chef coutumier du quartier et les populations (tous rangés derrière le droit légal) ont adressé des correspondances au maire de la commune rurale de Kalabancoro, Issa Ballo, au Préfet du cercle de Kati, au directeur national des domaines et du cadastre, au Procureur (sortant) de la République du parquet de Kati, au ministre de l’Administration territoriale et des collectivités locales, au Premier ministre,…bref aux plus hautes autorités, tout cela pour éviter un soulèvement ou une révolte des populations du quartier. Mais ce qui paraît le plus embarrassant dans cette affaire, c’est que le maire Issa Ballo croît avoir avec lui les autorités judiciaires du cercle : un état de fait « paraphé » par sa probable « amitié » avec le Président de la République et faisant croire qu’il est en bons termes avec le Chef de l’Etat. Aussi, les administrés de la dite commune rurale ne savent plus où se plaindre.

C’est pourquoi le maire, qui agit à sa guise et à son aise, attribue les terrains à qui il veut, et cela, sans être inquiété. Selon des témoignages recueillis sur place, le maire Issa Ballo avait vendu l’espace du parking à cinq personnes. Mais quatre d’entre eux ont abandonné leurs terrains pour raison sociale et surtout par respect de l’environnement des populations voisines dudit espace. Le seul acquéreur qui fait la sourde oreille et refuse de quitter les lieu, c’est le sieur Sékou Hamala Simpara, qui a même porté plainte contre les populations du quartier pour dommages causés sur un terrain qui, jusqu’ici, n’a connu aucun aménagement. Seulement, il a fait faire des briques et transporté un certain nombre de chargements de sable et de gravier sur l’espace. Bien qu’ayant marché pour protester contre l’attitude du maire, les populations n’ont touché à rien qui appartienne à Sékou Hamala Simpara.

A cette plainte de Simpara, il faut ajouter celle du maire qui, pour mieux « rouler dans la farine » les populations de Kalabancoro-Hèrèmakono, a lui, aussi porté plainte à la gendarmerie de Kalabancoro contre les populations de la zone pour « opposition à l’autorité communale ». La plainte aurait été déposée au niveau du Parquet de Kati avec les mêmes motifs, alors qu’en réalité, au lieu d’un quelconque aménagement du marché, le maire est plutôt en train de morceler le parking qui se trouve juste près du dit marché.

Mais dans cette affaire, le Lieutenant Sékou Boukader Dagnoko et ses éléments n’auraient pas suivi le maire dans son jeu. En effet, le gendarme averti et professionnel n’a pas voulu sortir du cadre de la légalité : un comportement rare dans le Mali de nos jours. Le seul acte posé par le Commandant de la brigade territoriale de Kalabancoro a été de dépêcher un élément sur le terrain pour constater les lieux. Et après avoir entendu de tierces personnes, le Lieutenant Sékou Boukader Dagnoko a autorisé les intéressés à regagner leurs domiciles respectifs. Selon nos sources, l’affaire est transportée au niveau du Parquet de Kati. (A Suivre) 

 

Zhao Ahmed A. Bamba


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