Sécurisation des frontières : La Direction des gardes-frontières verra le jour

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Les frontières sont réputées poreuses. Et font le lit des conflits séparatistes, de la contrebande de cigarettes, d’essence, de véhicules tout-terrains, de pierres précieuses que le gouvernement espère juguler.

Si les frontières sont capitales aux échanges économiques, elles nourrissent les trafics et la contrebande qui irriguent des conflits intérieurs impliquant des groupes armés séparatistes et servent de base de repli aux guérillas impliqués dans les guerres dans les pays voisins. Face à ces défis, le Mali ambitionne de s’engager dans des stratégies de sécurisation combinant la création probable du corps de garde-frontières – qui ne devrait pas jouer en solo, mais en parfaite collaboration avec les autres frères d’armes – et le recours si possible à des innovations technologiques – drones de surveillance, radars, entre autres. Les forces de sécurité qui vont se mouvoir dans cet espace vont disposer des équipés adaptés à la réalité du terrain.
Le problème des Touaregs au Sahara relève tout particulièrement des effets induits par l’existence de frontières distinctement tracées. L’ensemble social qu’ils forment est lui-même fragmenté en plusieurs communautés, avec des revendications propres (y compris parfois sécessionnistes), qui vivent dans cinq pays : le Niger, le Mali, le Burkina Faso, l’Algérie et enfin la Libye.

A la fois trafiquant et combattant

La dernière insurrection touarègue en date survient au Mali début 2012. Elle ouvre la porte à l’implantation dans le nord du pays de plusieurs mouvements djihadistes, dont Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).

Par ailleurs, la violation des frontières s’avère un sport favori des civils et qui remontent loin dans le temps. L’histoire regorge d’exemples de trafiquant la nuit et combattant le jour ou vice-versa.  « Grand nombre de résidents, habitués à commercer d’un territoire à l’autre, sans considération pour une ligne généralement abstraite. Ces échanges peuvent également tirer parti des différentiels économiques entre deux pays résultant par exemple de l’existence de produits subventionnés par l’État (hydrocarbures, denrées alimentaires) ou inversement surtaxés, débouchant ainsi sur des avantages comparatifs artificiels et faciles à exploiter. Les trafics transfrontaliers dans le Sahara par exemple remontent à des époques reculées, bien antérieures à la naissance du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) qui devient ensuite Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) » soulignent les chercheurs de l’Institut français des relations  internationales. « Si la frontière est indéniablement un espace de contestation, d’opposition et d’affrontement, la frontière en Afrique est aussi, et peut-être surtout, une ressource considérable, non seulement pour les trafics et la contrebande qui traversent tout le continent, mais aussi pour les acteurs de la violence politique qui y trouvent à la fois un moyen de prospérer et de se protéger» ont-ils poursuivi.

Frontières ouvertes et sûres

Les frontières peuvent être à la fois ouvertes et sûres : ouvertes afin de permettre les échanges et le commerce transfrontalier légitimes, et sûres au sens où les intérêts nationaux en matière de sécurité sont assurés. Pour parvenir à un équilibre entre la nécessité d’assurer la sécurité face aux menaces transfrontalières et la libre circulation des personnes, des biens et des services, la Direction des gardes-frontières verra le jour. Elle sera un outil pour le développement de compétences techniques et de meilleures pratiques dans le domaine de la gestion et de la sécurité des frontières. Ses opérations de terrain vont englober plusieurs activités, notamment le maintien d’une présence dans les zones frontalières, l’échange d’informations en temps réel avec ses homologues de pays voisins, initier des ateliers de formation sur les procédures de patrouille, techniques de surveillance, lutte contre le trafic de drogues, renforcement de la sécurité des documents de voyage, techniques internationales de profilage, lutte contre la criminalité transnationale organisée et le trafic illégal de drogues et de précurseurs chimiques et la fourniture d’une assistance et d’avis techniques afin de prévenir les incidents aux frontières et d’y faire face.

Un colloque national de trois jours, ouvert lundi, et regroupant les gouverneurs de région, les organisations de la société civiles et les partenaires techniques et financiers se propose d’examiner sous toutes ses facettes l’épineuse question du « Comment rendre les frontières sûres ? », un thème d’une brulante actualité au Mali et ailleurs sur le continent.

Fanfan

 

 

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