Le ministère en charge du commerce et de l’Industrie a organisé pendant deux jours (du Vendredi 8 au Samedi 9 octobre 2015) au CICB, un atelier sur le projet de décret portant réglementation des loyers à usage d’habitation en République du Mali. C’est dans le but de mettre fin à certaines pratiques et de soulager la souffrance des locataires. Comment ont-ils accueilli la mesure ? Nous les avons demandés.
Les coûts de location s’avèrent très élevés à Bamako, en l’occurrence. Les deux chambres- salons sont compris entre 65.000 et 75000 F CFA particulièrement dans les communes V et VI. Les studios ou chambres uniques oscillent entre 35000 F à 4000 F CFA. Quant aux villas elles varient entre 150.000 et 500.000 F selon les quartiers.
Mais ce n’est pas seulement le prix qui tourmente les locataires. Ils sont aussi confrontés aux démarcheurs (coxers), à l’intransigeance de certains propriétaires de maison ; aux conditions environnementales, et surtout, à l’indifférence de l’Etat. Nous avions interrogé certains d’entre eux.
Niambélé (Boulkassoumbougou): «je suis en location depuis sept (7) ans en commune I, précisément à Boulkassoumbougou. Je paye par mois, 30. 000 F CFA pour une (01) chambre, un (01) Salon, un (01) magasin. Malgré tout, la douche est impraticable… Le propriétaire ne voit que son argent… Aujourd’hui que le gouvernement s’intéresse à ce sujet nous réconforte».
Dagnon (Djelibougou): « ma famille est en location, et je paye 75 .000 F CFA / mois sans compter l’eau et l’électricité. J’occupe 2 chambres, 1 salon, 1 magasin et la véranda à Djelibougou en commune I. Pourtant, il s’agit d’une maison presqu’en chantier (non finie) mais le propriétaire nous prend 75.000 F CFA. On a même peur de lui en parler. Mais puisque nos autorités ont décidé d’agir, nous allons réclamer nos droits »
Diarra: (Djelibougou): « je suis en location depuis 10 ans. Je paye 1 chambre, 1 salon, 1 magasin à la somme de 27. 500 F CFA. Mais l’intermédiaire (coxer) nous dit que c’est lui-même le propriétaire. Et à partir du 1er du mois, il nous harcèle».
Touré (Quartier Hippodrome) : « J’espère que ce n’est pas une annonce en l’air. Je suis, en tout cas très heureux que l’Etat s’intéresse enfin à ce sujet. Les propriétaires de maisons pensent que les locataires sont les maudis. Tout le monde ne peut être riche au même moment. Et un pauvre d’aujourd’hui peut être un riche demain. Je paye 60.000f comme frais de loyer sans compter les dépenses imprévues. Pourtant, je gagne 90.000f / mois. J’occupe 2 chambres, 1 salon, 1magasin et 1 douche à l’hippodrome».
Kané (Lafiabougou) : « je suis en location dans la maison de Bocar Niambélé à Lafiabougou depuis plus d’une décennie. Et je lui paye 75.000 F CFA / mois comme frais de location. Mais les chambres sont trop petites. Et il a divisé la cour entre les locataires et lui le propriétaire… Je suis d’accord avec le gouvernement. Il faut règlementer ce secteur »
Keita (Lafibougou): « les frais de location ne sont pas proportionnels au revenu des locataires. Quand tu habites dans la maison de certains, ceux-ci pensent que tu es leur esclave. Ils viennent à tout moment. J’occupe 1 chambre, 1 salon, 1magasin et une douche pour 40. 000F /mois sans compter l’eau et l’électricité… Comment dans ces conditions je pourrais me construire une maison ? Je n’ai pas confiance au Gouvernement. Ils disent toujours des choses qu’ils ne font pas».
Modibo Keïta (stagiaire) et S. Ballo