Les locataires de maisons au Mali, particulièrement ceux du District de Bamako, traversent depuis quelques temps un véritable calvaire et,pour cause, le rapport entre les locataires et les propriétaires de maisons n’est pas du tout tendre. A cela, il faut ajouter le comportement peu orthodoxe des promoteurs immobiliers qui constituent souvent des intermédiaires. On se demande même s’il existe au Mali des textes régissant le logement.rn
En effet, si l’on en croit au comportement méprisant de certains propriétaires de maisons et de promoteurs immobiliers à l’égard des locataires, on est en droit de dire sans ambages que la réglementation sur le logement au Mali n’existe que sur papier. Les propriétaires n’en font qu’à leur tête. Ils fixent le prix des loyers à leur guise, rompent unilatéralement le contrat de location sans respecter les conditions requises par la loi, refusent d’effectuer les travaux d’entretien des immeubles…
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Aussi, la plupart des logements en location ne respectent pas les conditions hygiéniques pour un logement digne de nom, en témoigne l’état de délabrement des latrines. Il n’est pas rare de voir aussi un propriétaire de maison augmenter le prix de son loyer du jour au lendemain. Par exemple, Il n’y a pas longtemps, on pouvait trouver un bâtiment de deux pièces à Bamako à 1000 FCFA. Aujourd’hui, ce même type de bâtiment à deux pièces est cédé entre 20.000 et 30.000 F CFA. L’unique pièce qu’on pouvait avoir 5.000 F peut atteindre aujourd’hui 10.000 F CFA. La caution qui était d’un mois a quadriplé. Et gare au locataire qui oserait lever son petit doigt pour protester, car il sera automatiquement expulsé sans le délai minimum de trois mois comme l’exige la loi. La réalité est que, quels que soient le prix et le comportement désagréable du propriétaire, la maison trouvera toujours un preneur.
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Quant aux promoteurs immobiliers, il n’est un secret pour personne que l’habitat au Mali constitue aujourd’hui un véritable fonds de commerce pour ces derniers, qui, le plus souvent, ne visant que leur propre intérêt, n’hésitent pas à faire des propositions aux propriétaires de maisons afin de déloger le ou les précédents locataires.
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Ce sont tous ces facteurs ci-dessus qui démontrent que la problématique de loyer est devenu aujourd’hui crucial pour le citoyen moyen. Les locataires, soufflant le chaud et le froid à chaque fin de mois, se trouvent ainsi entre le marteau et l’enclume.
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En effet, cette situation, qui perdure, risque de compromette la politique de logements sociaux initiée par le régime d’Amadou Toumani Touré.
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Qu’en est-il de l’habitat et de la politique du Gouvernement
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Les autorités de la République du Mali se sont engagées dans une politique volontariste de promotion de l’habitat. Le Cadre Stratégique de lutte contre la pauvreté, qui est le programme de référence de la politique de développement du Mali, a retenu le manque de logements comme étant l’une des dimensions de la pauvreté. C’est ainsi que ce cadre a adopté la Stratégie Nationale du logement (SNL).
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La SNL est une réponse aux nombreux défis posés par la problématique de l’habitat au Mali. En effet, depuis quelques temps, le Mali connaît une forte tendance des conditions d’habitat tant au niveau urbain que rural.
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La situation est particulièrement critique dans les zones urbaines et péri urbaines, notamment avec un habitat essentiellement fait de logements précaires, réalisés sur des terrains sans sécurité foncière avec des matériaux non durables. Ceci, dans un contexte de forte croissance démographique et sans équipements ou infrastructures de base.
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La forte croissance démographique des villes engendre des problèmes socio-économiques et environnementaux, notamment à Bamako.
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Selon les prévisions de la SNL, le Mali devrait réaliser, à l’horizon 2005, environ 15.000 unités de logements dans le District de Bamako et 120.000 unités pour les villes secondaires du pays. A l’heure actuelle, force est de reconnaître que les réalisations effectuées sont très loin de ces prévisions optimistes malgré de sérieux efforts accomplis.
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Le Président de la République, Amadou Toumani Touré, conscient de cette situation, a fait de la construction des logements sociaux son cheval de combat afin que le rêve de chaque malien d’avoir son propre toit devienne une réalité.
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En effet, si l’objectif est de permettre à chaque Malien d’avoir un toit, cette politique est loin cependant d’influencer sur le comportement désagréable des propriétaires de maisons et des promoteurs d’immobiliers. Faudrait-il donc que l’Etat exige le respect des textes réglementant le loyer pour pallier cet atmosphère pollué entre les locataires et les propriétaires de maisons d’une part, et, d’autre part, entre les locataires et les promoteurs d’immobiliers? Certes, oui. L’intervention directe de l’Etat dans le loyer paraît la solution la mieux indiquée, comme l’avait fait le régime de feu Thomas Sankara au Burkina Faso. A cet effet, l’Etat pourrait donc veiller sur le prix et la qualité des maisons à usage d’habitation dont certaines ne répondent à aucune norme d’habitation et d’hygiène…
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Cette solution demande cependant un courage politique de la part des autorités quand on sait que l’immobilier au Mali appartient en grande partie aux barons de l’administration, ceux-là mêmes qui occupent les couloirs du pouvoir et quelques commerçants aisés, qui se moquent le plus souvent de l’utilisation faite par le locataire de la maison louée, d’où la floraison des chambres de passe. Toute chose qui pourrait, si elle ne l’est déjà, être source de dépravation de nos moeurs. Cet dernier aspect suffit seul pour démontrer combien l’intervention de l’Etat est nécessaire dans le loyer. L’’autre solution consistera pour les propriétaires de maison à faire preuve de concitoyennéte en diminuant le prix de leur loyer.
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En conclusion, cette affaire de loyer nous interpelle tous, à savoir l’Etat et les populations.
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Moussa TOURE
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