Prétendue affaire de 17 parcelles spoliées à Koutiala : Une promotrice accuse, le président du Tribunal se défend

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Aïchata Coulibaly dite Lanoire, promotrice de l’agence immobilière Balimaya, résidant à Koutiala, traverse présentement une passe difficile. Raison principale : elle dit être victime des spéculateurs fonciers aidés par une décision de justice du Tribunal de grande instance de Koutiala la spoliant de 17 parcelles.

C’est une dame abattue et désorientée que nous avons reçue au siège du journal Aujourd’hui Mali le lundi dernier ne sachant plus à quel saint se vouer afin qu’elle soit remise dans ses droits. De quoi s’agit-il. A en croire Lanoire, elle a été approchée par un certain Fousseyni Diallo promoteur de  l’agence immobilière Inia avec pour siège à Bamako afin de l’aider à morceler un champ.

“En tout, après le morcellement, ce sont 35 lots qui devaient sortir du site sur lesquels 17 parcelles devaient me revenir. Mais lorsque j’ai su que Diallo de l’agence Inia et son complice Drissa Ballo étaient dans la dynamique de ne pas respecter leur engagement, j’ai été voir le président du Tribunal de Koutiala, Fatoumata Diallo dite Lala, pour prendre conseil auprès d’elle. Sur place,  elle m’a suggéré de porter plainte auprès de sa juridiction contre M. Diallo”, nous a expliqué Lanoire. Cependant, elle a exprimé tout son étonnement de voir le président du Tribunal la demander ce qu’elle aurait au retour si elle tranchait l’affaire en sa faveur. “Je l’ai rien proposé car je n’ai rien à la donner”, a-t-elle affirmé. Pour Lanoire, elle n’était pas encore au bout de sa peine.

“Pour la simple raison qu’à l’énoncé du verdict, bien que le titre mère des 35 lots soit en mon nom, je me suis retrouvée bredouille, ni mes 17 parcelles qui étaient prévues encore moins  les 12 que je voulais rejeter ne m’ont été données”, a regretté  la dame. “Et si j’avais proposé des terrains comme elle aurait souhaité le verdict allait être le même ?” s’interrogera la promotrice de l’agence immobilière Balimaya. Elle a ajouté qu’elle a investi ses propres ressources, s’est endettée pour que le site soit loti.

“Pour ce faire, j’ai investi en tout plus de 18 millions F CFA entre les domaines de Koutiala, le cadastre de Sikasso. Sans compter le fait que je venais en aide à Diallo et Ballo pour des dépenses connexes dont les crédits en espèces  et nature (achats de moto Apsonic pour Ballo, moutons, frais de réparations et crédits pour Diallo) avant le règlement de l’affaire”, a poursuivi la plaignante.

Ce que Lanoire dit ne pas comprendre c’est que de nos jours ce sont les plus proches parents du président du Tribunal de grande instance de Koutiala qui sont en train de vendre ces parcelles au plus offrant au vu et au su de tout le monde. “Comment ceux-ci ont eu ces parcelles”, a-t-elle questionné.

“Avec de telles pratiques peut-on parler d’Etat de droit ?”, s’est-elle insurgée ? D’ailleurs c’est pourquoi elle a invité le ministre de la Justice, les autorités de la Transition à se saisir de cette affaire pour qu’elle soit remise dans ses droits. “Je réclame sans cesse justice et je vais dénoncer cet acte jusqu’au jour où justice me sera faite car j’ai tous les documents afférents à cette spéculation”,  a-t-elle prévenu.

Démentis formels

Contacté par nos soins au téléphone, le président du Tribunal de Grande instance de Koutiala  Fatoumata Diallo dite Lala a balayé d’un revers de la main ces accusations qu’elle juge infondées  et calomnieuses surtout.

“Au grand jamais, je ne l’ai jamais dit de porter plainte contre qui que ce soit”, a introduit le président du Tribunal. Avant de poursuivre qu’il y a plus d’une année qu’Aïchata a été  commise par l’agence immobilière (sise à Bamako) de Fousseyni Diallo de procéder au morcellement d’un champ.

“Pour ce faire, l’intéressé lui a donné une procuration pour faciliter le travail et a financé l’opération, mais après les travaux, Lanoire a vendu la moitié des terrains bien avant que les cartons avec les titres individuels ne sortent de l’urbanisme. Elle a vendu et encaissé l’argent  à l’insu du promoteur de l’agence Inia tandis qu’elle avait la procuration juste pour morceler. Elle est venue vers moi essayant de me soudoyer avant le jugement j’ai dit non. Comme j’avais le dossier entre les mains, j’ai écrit à l’urbanisme qui m’a remis en présence de mon greffier en chef et de mon secrétaire les papiers des 35 lots. Je n’ai rien entrepris sans la présence d’un témoin. Aussi le jour du délibéré, elle a été appelée et n’est pas venue au tribunal, le verdict a été rendu ordonnant de remettre les 35 cartons au promoteur de l’agence Inia de Fousseyni Diallo, qui a été faite par le greffier”, a répondu le président du Tribunal de grande instance de Koutiala.

A l’en croire depuis ce jour, elle fait l’objet de calomnies de diffamations de la part de cette dame. “Elle a même écrit à travers un avocat à l’inspection des services judiciaires contre moi. Et ce service a dépêché une mission sur Koutiala elle n’a rien vu d’anormal. Malgré tout, elle continue de me calomnier partout et de me harceler”, a regretté le président du Tribunal. Avant de mettre Lanoire au défi d’apporter la preuve de toutes ces accusations. “Elle va jusqu’à montrer des parcelles sur le site du lotissement que celles-ci m’appartiennent. Je dis dit à qui veut l’entendre et je suis formelle, je n’ai aucun terrain à Koutiala. Qu’elle me montre quelle spéculation je suis en train de faire”, a poursuivi Lala. Elle a révélé que l’affaire opposant Lanoire à Fousseyni Diallo est toujours pendante devant la Cour d’appel. “Pour votre information, son avocat s’est dessaisi du dossier. Même le fait de dire qu’elle a investi 18 millions F CFA ce sont des histoires. Il faut lui demander aussi pourquoi elle a attendu le départ du procureur Dramane Diarra pour ouvrir à nouveau cette affaire. Car le procureur Diarra connaissant bien l’histoire, l’a mise en garde de ne plus mettre ses pieds dans le tribunal”, a soutenu le président du Tribunal qui dit même avoir reçu une plainte contre elle, d’une personne à qui elle a vendu une parcelle sur ledit site qu’elle ne parvient pas à remettre dans ses droits. Affaire à suivre                      

 Kassoum Théra

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