Niamana Tabakoro : l’Etat dépouille des propriétaires terriens : Après deux ans, le processus de dédommagement peine à venir

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Ils sont tous jeunes et ont décidé de prendre leur avenir en main en s’octroyant de ce dont rêve tout Malien : avoir une parcelle pour y construire une maison. L’Etat, avec sa politique de donner à tout Malien un toit, a étendu la construction des logements sociaux sur des terrains appartenant déjà à des particuliers. Dans ce genre de situations, l’Etat doit prendre l’engagement de dédommager tous ceux dont les parcelles sont dorénavant occupées en les mettant dans leurs droits. Apparemment, le processus devant leur permettre d’être mis dans leurs droits semble avoir de la difficulté à aboutir, pendant que les acteurs disposent de toutes les preuves de la fiabilité de leurs dossiers.

Selon le Professeur Youssouf Abdramane Maïga, chargé de communication des victimes, «cela fait deux ans que les agents de l’urbanisme sont venus nous recenser afin de nous indemniser. Depuis le recensement, nous n’avons pas eu gain de cause, à chaque fois que nous passons au ministère, on nous dit que ‘’ni Allah sona, a be gnanabo’’, vous serez indemnisés. Pourtant, les ministres viennent et s’en vont sans que nous puissions avoir un terrain d’entente et nous sommes dans cette mouvance jusqu’à présent. C’est pourquoi nous demandons au gouvernement si réellement il nous considère comme étant des Maliens qui ne viennent pas d’ailleurs. Nous avons commencé ce combat depuis septembre 2013, mais jusqu’à présent, aucun ministre ne nous a répondus de façon favorable. Le sentiment que nous éprouvons en ce moment, nous amène à nous poser cette question : est-ce que nous sommes des Maliens ? C’est un sentiment de frustration, vu que l’Etat nous retire nos terres et y construit des maisons pour mettre d’autres Maliens et refuse de nous indemniser, comme si nous ne sommes pas nous aussi des Maliens. Nous avons un sentiment de frustration, de regret, de remords ; nous demandons que l’Etat nous indemnise. Nous sommes plus de cent personnes aujourd’hui dans la même situation et nous demandons au chef de l’Etat et à son gouvernement de nous mettre dans nos droits».

Cheick Haïdara, une autre victime, enfonce le clou : «Franchement, nous ne saurons dire pourquoi les autorités ne veulent pas régler notre problème. C’est loin d’être un manque volonté de notre part car nous avons fait toutes les démarches nécessaires, chaque fois que la demande nous est adressée. Cela fait deux ans que nous nous battons et nous avons épuisé nos ressources. Malgré tout, l’Etat reste insensible à notre peine. Si nous avions les moyens, nous aurions pu construire à l’ACI 2000, mais si nous nous sommes réfugiés ici, c’est parce que nous n’avons pas assez de moyens. Nous sommes tous des gens qui nous débrouillons pour avoir un toit. Par contre, l’Etat qui construit pour les Maliens, ne devrait pas priver d’autres Maliens de leurs terrains, sans les avoir indemnisés. Nous avons choisi la voix pacifique pour faire entendre nos revendications, parce que nous sommes conscients des réalités de la vie de la Nation, mais vouloir nous étouffer à tout prix, c’est inconcevable. Avec le nouveau régime, nous avons eu une lueur d’espoir que tout pourrait rentrer dans l’ordre, mais l’injustice continue de prendre le dessus».

Gabriel TIENOU/Stagiaire 

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