Quatre maisons démolies, une grue d’une valeur de 250 millions Fcfa appartenant à la Sifma Sa partie en fumée. Quatre interpellations. Voilà le bilan de la chaude journée du mardi où une opération de démolition par la Sifma-sa a vite tourné à l’incident suite à la résistance d’occupants du site.
De quoi s’agit-il ? Selon l’arrêt de la Cour suprême en date du 11/04/ 2016 dont nous avons eu copie, c’est en 2003 que le chef de bureau des Domaines de Kati a demandé et obtenu l’immatriculation au livre foncier du cercle de Kati de certains immeubles sis à Sirakoro. C’est partant de cette procédure, peut-on lire dans l’arrêt de la Cour, que les titres fonciers 11218, 11226, 30534 à 30 540 et 30543 à 30549 ont été créés au nom de l’Etat puis cédés par des ventes administratives à la Sifma-sa qui en est aujourd’hui propriétaire légal.
Et ceux dont les maisons ont été démolies, notamment Yoro Coulibaly, Dramane Diawara, Fadiala Dembélé et autres, ont été informés qu’ils sont attributaires de bulletins de concessions rurales par le site de Sirakoro, déjà cédé à la Sifma-sa pour la promotion immobilière.
“Nous avons fait 20 procès dont 11 contre le Préfet Sylla, quatre au tribunal administratif de Bamako et quatre à la Cour suprême. Et bien dans ces procès, les hommes de droit on réclamé le départ de ceux qui occupent illicitement ce site, mais en vain” a regretté le Pdg de la Sifma-sa qui avait alerté le 5 mas 2008, suite à l’existence de bulletins vierges sur le site et qui se trouvaient entre les mains des coxeurs (rabatteurs). “Et nous avons adressé cette même correspondance au gouverneur de la région de Koulikoro. Il faut que force reste à la loi“, souligne le Pdg de la Sifma-sa.
Plus de 1 600 logements à construire sur ce site
Selon lui, ils ont tout fait pour convaincre les détenteurs des documents délivrés par le Préfet Sylla à ne pas construire et de trouver une solution à l’amiable. “Ils ont refusé catégoriquement et nous sommes partis en procès, ils ont perdu et c’est à la dernière minute qu’ils nous demandent de négocier” a soutenu M. Coulibaly.
Les grues de la Sifma-sa déplacées pour les besoins de démolition, en référence à la décision de justice, ont pu réduire en amas de gravats quatre maisons avant d’être incendiées, selon un témoin oculaire de la scène, par les proches des maisons détruites. Un argument balayé de la main par ceux dont les maisons sont détruites. Ils soutiennent que ce sont des gaz lacrymogènes lancés par la Garde nationale lors du maintien d’ordre qui ont occasionné cet incendie. Très touché par ces démolitions, les propriétaires de ces maisons ont reconnu qu’ils ont reçu la signification aux fins d’expulsion et de démolition et que même le délai était dépassé.
En tout cas, le patron de la Sifma a été ferme : pas question de laisser un centime de cette parcelle et tous ceux qui sont sur ces 47 hectares vont d’une manière ou d’une autre plier bagages dans la mesure où ce sont plus de 1 600 logements qui seront construits sur ledit site, a-t-il déclaré, tout en pointant du doigt le policier Samba Sissoko, en plus de Bala Kouyaté et Dramane Diawara, comme étant instigateurs de cet incident. Et quatre personnes ont été interpellées, suite à ces échauffourées.
D’ailleurs, il faut ajouter que la Sifma-sa qui a construit près d’un millier de logements sociaux près de ce site de Sirakoro, avait alerté par le passé le président de la République, le Premier ministre, le ministre des Logements et des Affaires foncières, de l’occupation anarchique de leur site.
Kassoum THERA