Expropriations foncières, arrestations abusives et tracasseries des agents de l’administration dans le cercle de Kéniéba Baboto au bord de l’implosion

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Arrestations abusives, tracasseries et expropriations de terres. Telles sont les affres quotidiennement subies des affres subies par la population de Baboto, localité située dans la commune rurale de Sitakily (cercle de Kéniéba). Le village de Baboto, réputé très riche en ressources minières, enregistre depuis un certain temps un afflux massif de gens  venues d’ailleurs. Cette ruée vers l’or a transformé la zone en un véritable far west. Où seuls les plus forts ont pignon sur rue. L’administration y est quasi inexistante. La population est vouée à elle-même et n’a plus que ses yeux pour pleurer. Tant les nombreux appels au secours sont restés vains.

C’est avec le cœur meurtri et la mine serrée qu’un notable de Baboto a fait le voyage de Bamako pour nous rencontrer et dénoncer les exactions subies  quotidiennement par la population.

Cette population porte un doigt accusateur sur les autorités judiciaires  et sur des éléments de la gendarmerie, pourtant très sollicités  en cas de litiges comme faisant partie des plus corrompus.

La population de Baboto, à travers une correspondance qu’elle nous a fait parvenir, dénonce dans ses moindres détails l’attitude cavalière des agents de l’administration dont le cas le plus flagrant est l’expulsion récente des enfants du défunt Mady Django de leur domicile au profit de ceux de Makan Dabo.

L’histoire remonte très loin et coïncide avec l’arrivée de la première vague de chercheurs d’or dans la zone. Mady Django, un autochtone de Baboto très respectueux de l’hospitalité, prit la décision de confier sa propriété à Makan Dabo, nouvellement arrivé du village et qui n’avait nulle part où aller. Ce dernier aménagea avec sa famille dans la nouvelle maison qui lui est confiée.

A la mort des deux hommes, les enfants de Mady Django ont décidé d’entrer en possession de leur maison. Ceux de Makan Dabo  ont catégoriquement refusé de céder. Les premiers se sont rabattus sur le tribunal, munis de leur titre de propriété.

La déception fut totale. Contre toute attente, le tribunal va les débouter de leur requête et soutenir que la maison revient aux enfants de Makan Dabo.

Les héritiers de Mady Django sont en train de remuer ciel et terre pour être rétablis dans leurs droits. Ce n’est pas tout, la population est loin d’être au bout de sa peine. Elle dit avoir été chassée de ses terres par d’éventuels exploitants miniers sans que l’administration lui vienne en aide en dépit de ses nombreuses sollicitations. Ce qui est tout de même aberrant, c’est que la population privée de ses terres de culture dit avoir obtenu des documents délivrés par les autorités en charge du foncier. C’est à croire qu’on assiste à une politique  des deux poids deux mesures.

Par ailleurs, elle a fustigé les descentes inopinées de la gendarmerie dans les habitations. Une gendarmerie à laquelle il est aussi reproché d’abuser de ses prérogatives pour soutirer de l’argent aux populations.

Les infractions retenues le plus souvent contre ces habitants se résument au manque de permis de conduire pour les motocyclistes et au port de casques. Après chaque arrestation, deux possibilités s’offrent aux usagers : payer cash ou accepter de purger une peine de prison.

Malgré l’intervention de l’honorable Fily Kéïta, député de Kéniéba, les tracasseries et les nombreux cas d’injustice signalés sont loin de prendre fin.

La population, qui dit avoir épuisé toutes les voies de recours, interpelle les plus hautes autorités du pays pour rappeler à l’ordre les agents qui sont à l’origine de ces pratiques. Faute de quoi, avertit-elle, elle se verra dans l’obligation de prendre ses responsabilités.             

                       Abdoulaye DIARRA

 

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