Du coup c’est la colère voire la révolte de ces chefs de famille qui se sont endettés auprès des banques pour être chez soi. Face à cette situation calamiteuse et insensée les habitants réunis au sein d’un collectif des déguerpis de Tièganafouga n’entendent plus encore se laisser faire même au prix de leur vie.
En effet on était en 2010 lorsque des hommes et des femmes avaient acquis des parcelles sises à Dialakorobougou à travers des lettres à usage d’habitation signées par le maire d’alors de Baguinéda, Toumani Diarra devenu aujourd’hui député à l’Assemblée nationale. Aussitôt ces personnes ont engagé des travaux de constructions de leurs maisons et forages à travers des prêts de plusieurs millions de francs CFA au niveau des banques et autres structures bancaires. D’ailleurs certains avec leurs familles ont même déménagé dans leurs nouvelles demeures se croyant définitivement à l’abri de tout problème. Mais à la surprise générale les bénéficiaires ont été sommés de déguerpir le premier site tout simplement il appartienaitt aux députés de l’assemblée nationale dirigée d’alors par Dioncounda Traoré bien que des maisons et forages aient été construits sur ce site. Face à cette situation sensible, le président de l’assemblée nationale d’alors avait saisi le ministre de l’administration territoriale d’alors, Kafougouna Koné pour trouver une solution qui amoindrirait les souffrances de ces personnes issues de la classe moyenne pour les unes et pour les autres qui vivent du jour au lendemain. Après plusieurs débats et échanges souvent houleux, un nouveau site non loin du premier fut proposé aux bénéficiaires qui ont accepté après avoir obtenu des garanties de ne plus se faire déguerpir à nouveau. Aussitôt le ministre Kafougouna ordonna au préfet d’alors de Kati, Ibrahim Mamadou Sylla de recaser ces personnes sur le site qui fut baptisé 300 logements de Dialakorobougou en 2012. Et pour éviter tout problème à l’avenir, des bulletins c’est-à-dire des permis de construire furent signés et remis à ces déguerpis tant par l’ancien préfet Sylla que par l’actuel préfet, Baye Konaté. Et c’est fort de cela que ces personnes ont de nouveau investi avec une fois de plus des prêts auprès des banques et autres structures bancaires de la place ou même auprès des personnes de bonne volonté. D’ailleurs plus de 10 familles ont déjà démangé et ce sont plus de 30 maisons qui sont presque en finition . C’est le cas d’un enseignant du nom de Boubacar Mamadou Coulibaly qui a investi plus de 10 millions dans sa maison. D’ailleurs il n’a pas encore fini de rembourser ses dettes contractées auprès d’une banque de la place. Quant aux autres constructions, elles sont au niveau des soubassements. Rappelons que ce sont 150 familles avec 1350 personnes qui y vivent déjà aux 300 logements de Dialakorobougou.
Le préfet de Kati ouvertement mis en cause
Au moment où ces habitants continuent à s’endetter et d’autres qui l’ont déjà fait pour achever la construction de leurs maisons afin de déménager, ils ont été surpris d’entendre de la part du préfet Baye Konaté de déguerpir pour la 2e fois des lieux au motif que ce site est un titre de la Commune V. Pourtant au moment où ces personnes occupaient ce site, les services techniques des domaines de Kati sous la supervision du chef de l’urbanisme Moussa Camara, avaient visité ce site et avaient conclu l’inexistence de titre. Si aujourd’hui le préfet de Kati parle de titre appartenant à la Commune V alors que c’est lui même qui a signé certains permis de construire pour ces personnes, c’est que quelque part il a failli à sa mission régalienne d’administrateur civil e l’état. C’est ainsi que pour en savoir plus, les habitants réunis au sein d’un collectif des déguerpis de Tièganafouga à travers une forte délégation, ont rencontré aussitôt le préfet de Kati la semaine dernière. « Le préfet Baye nous a dit que la décision de ce deuxième déguerpissement vient d’en haut et qu’il est obligé de suivre et d’appliquer à la lettre parce que ce site ne devrait pas être attribué car c’est un titre appartenant à la Commune V et que son prédécesseur l’avait fait sous la pression » confie Hamidou Diarra, membre du collectif. Ce dont Alidji Ibrahim Maiga, membre du collectif tente de démonter en toute pièce « les arguments du préfet Baye Konaté ne tiennent pas du tout. Nous ne sommes pas attribués de nous- mêmes ces parcelles. Ce sont les autorités qui nous ont proposé ce site en compensation de notre déguerpissement sur le premier site. Nous n’avons pas inventé ces permis de construire que lui et son prédécesseur ont signés de leurs propres mains. Est-ce que le préfet est en train de nous dire que l’état n’est pas une continuité et que ces documents administratifs qu’il a signés ne sont pas fiables. Nous ne nous laisserons plus se faire et nous sommes prêts à l’affrontement sanglant même au péril de notre vie» a-t-il déclaré. Et Mamourou Sinayogo, président du collectif d’enchainer « Avant qu’on ne s’installe les services techniques des domaines avaient procédé à des vérifications pour s’assurer que ce site n’est un titre d’autrui à plus forte raison un titre appartenant à la Commune V. Cette vérification a été dirigée par le chef de l’urbanisme, Moussa Camara et le géomètre, un certain Mamoutou tous deux vivants. Qu’on nous dise que nous sommes des maliens qui ne méritent pas de vivre en paix dans ce pays. Pour nous le seul responsable de cette situation n’est ni moins ni plus que le préfet Konaté qui n’a pas dit toute la vérité sur la genèse de cette affaire au ministre. Nous disons aux autorités du pays notamment le président de la république et surtout le ministre des domaines que le préfet est au courant de tout et nous estimons que c’est de l’acharnement pur et simple tout simplement nous sommes des personnes vulnérables et sans défense. Nous sommes prêts à laisser notre vie. Nous n’accepterons plus d’être déguerpis pour une deuxième fois en moins de cinq années après avoir investi toutes nos ressources financières de plusieurs années et pire nous nous sommes endettés pour construire nos maisons. Nous ne céderons la moindre portion de terre de nos parcelles et que cela soit clair. On ne meurt pas deux fois». A noter que dans ce plan d’aménagement de ce site établit en 1983 dispose des espaces verts et une mosquée. « Nous sommes formels là-dessus ce site n’est pas un titre foncier à plus forte raison appartenant à la commune V. Seulement ce site a subi des purges des parcelles appartenant à 85 personnes suivant décision No 340/CKTI-DOM en 2009 » a révélé Mahamadou Doucouré. Notons que sur le premier site abandonné au profit des députés, plus de 200 millions de francs CFA avaient été investi par les déguerpis dans le souci d’apaisement. « Nous sommes 1350 familles dans cette situation et sur les 15 hectares qu’on devait recevoir nous n’avons reçu que 3 hectares soit 52 lots. Mais tout ce que Baye Konaté trouve à nous dire c’est que ce site a été donné sous la pression venue d’en haut. Qu’on nous dise que nous ne sommes pas des maliens. En tout cas pour démolir nos maisons, il faudrait que les autorités marchent sur nos cadavres » a déclaré Alidji Ibrahim Maiga. Rappelons dans le cadre de la compensation de ces personnes déguerpies, devraient recevoir 15 hectares. C’est dire que les arguments avancés par le préfet Baye Konaté ne tiennent pas du tout. Pour les habitants de ces 300 logements, l’attitude du préfet de Kati n’est ni moins ni plus de vouloir sauver son poste ou une façon pour lui d’avoir une nouvelle promotion en cachant la vérité sur ce site au ministre de l’administration territoriale. En effet Il n’est un secret de polichinelle pour personne que l’Etat malien est à la recherche d’un nouveau site depuis plusieurs années pour recaser les milliers et des milliers de déguerpis de la Commune V. Mais il est inadmissible de vouloir compenser ces victimes en faisant de nouvelles victimes comme si ces dernières sont des maliens de seconde zone.
Affaire à suivre donc …
Sadou Bocoum