Encore un grotesque scandale foncier a sotuba : La recherche agronomique malienne victime des spéculateurs fonciers avec la complicité du gouvernement de transition de l’astrophysicien CMD

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Le Mali est un pays agro pastoral, son développement est intimement dépendant de la recherche agronomique. Le colonisateur l’a très tôt compris en créant dès les années 30 le Centre régional zootechnique de l’AOF à Sotuba. Qui peut croire que le Premier ministre Cheick Modibo Diarra, ce scientifique de haut vol, va entériner par l’entremise de son Ministre de l’Urbanisme le rapt, par des spéculateurs véreux et apatrides, de la propriété foncière de l’Institut d’Economie Rurale (IER) du Mali, domaine qui constitue à ce jour la seconde réserve arboricole et florale de Bamako et son second poumon après le parc national ?
Tout est parti d’une lettre en date du 17 Août 2012, où les sieurs Chérif Alpha Haïdara et Hadi Niangadou, respectivement Directeur de Komé Immobilière et PDG de Banga Immobilière, sollicitent le concours du Ministre de l’Equipement, des Transports, du Logement et de l’Urbanisme (à l’époque) pour une compensation des parcelles de terrain qui font l’objet des titres TF 17778, 17779, 17780, 17781, 17782, 17783, 17784, 17785, 17786, 17787, 17788, 17789 sises à Gouana et qui ont été anarchiquement occupées par les habitants de Gouana. Alors pour toute compensation, ils veulent disposer des parcelles de leur choix d’une superficie de 59 ha 54 a 55 ca à déduire du titre foncier N°5627 du domaine de Sotuba. Et ce n’est pas l’anéantissement de la recherche, ni l’avenir de ce pays dans les domaines vitaux que sont l’agriculture, l’élevage et la pêche, encore moins le devenir des agriculteurs, des pêcheurs, des éleveurs qui les préoccupent. Tout tient à leurs propres intérêts, selon les recoupements que nous avons pu faire jusqu’ici. Alors un autre torchon brûle à Sotuba puisque les seigneurs du jour ont osé montrer du doigt le titre foncier N°5627 CI précédemment affecté pour la recherche. Ce qui suscite des interrogations.
Premièrement, que faisaient les intéressés pour que de nouveaux locataires s’installent non pas sur un titre foncier, mais sur douze.
Deuxièmement, comment l’Etat pourrait-il encourager l’anarchie en ces temps de crise d’une part, et décourager la recherche agricole dans un pays à vocation agropastorale d’autre part, tout en s’en prenant à des propriétés légalement acquises ?
Troisièmement, pourquoi au lieu que ce soit l’Etat à travers ses services, ce sont plutôt les sociétés privées qui montrent les parcelles de compensations ?
Quatrièmement, comment peut-on substituer des TF de Bamako d’une si importante utilité, de surcroît un domaine foncier irremplaçable, à des TF de Kati où de grands espaces existent pour toutes compensations ?
Cinquièmement, comment des privés peuvent-ils pousser des agents des Domaines à conspirer contre l’Etat pour lui retirer des titres fonciers affectés à l’IER ?
Soulignons que pour sa part, le Ministre de l’Equipement, des Transports, du Logement et de l’Urbanisme, auprès duquel la lettre a été déposée le 21 Août 2012, s’en est référé le 22 Août 2012, à travers son SEGAL Mahamadou Diallo, au Directeur National des Domaines et du Cadastre. A la décharge du ministre, cette correspondance précise : ” Je rappelle que vous devez vous rassurer du statut du titre foncier N°5627 de la Commune I du District de Bamako sis à Sotuba sollicité par les dites sociétés et éviter tout empiètement avec les réalisations et autres charges éventuelles. ”
Ce rappel vaut ce qu’il vaut, mais il y a à se demander pourquoi le ministre a voulu chercher un bouc émissaire, d’autant plus que les sociétés immobilières Banga et Komé ont elles-mêmes indiqué dans leur lettre que le titre foncier N°5627 CI est affecté pour la recherche à Sotuba ?
Du côté de la Direction Nationale des Domaines et du Cadastre, le 24 Août 2012, le Chef de la Division Législation et du Contentieux Bouréima Bocoum a demandé par écrit au Chef de la Division Cadastre et de la Propriété Foncière d’examiner le dossier et de vérifier particulièrement si la parcelle ne comporte aucun investissement.
En dépit des précautions recommandées, le jeudi 06 septembre 2012, une mission des services du Domaine et du Cadastre s’est rendue à Sotuba pour informer les responsables de la station de la mesure scandaleuse. Ce qui a provoqué l’ire des chercheurs et des cadres de l’IER.
C’est alors que le 07 septembre 2012, le Directeur Général de l’Institut d’Economie Rurale Dr Bino TEME a tenu à attirer l’attention du Ministre de l’Agriculture sur la menace qui prévaut sur les terres de la Station de Recherche Agronomique de Sotuba. Selon lui, le domaine de la Station de Recherche Agronomique de Sotuba, un service déconcentré de l’IER est à nouveau menacé, suite à la demande de compensation au profit de deux sociétés immobilières BANGA et KOME. La mission des services du Domaine et du Cadastre a provoqué, a-t-il expliqué, un choc au niveau de l’ensemble des chercheurs et cadres de l’IER qui ne comprennent pas qu’un pays à vocation agropastorale puisse sacrifier ses domaines de recherche au profit d’Agences immobilières plus préoccupées par leurs propres intérêts.
Rappelons que le domaine de Sotuba, qui était de 1 100 ha à la création de la ferme en 1927, a été réduit pour les besoins de ACI-Sotuba en 1998 à 267 ha 90 a 93 ca suivant le Décret N°98-227/P-RM du 06 juillet 1998. Donc un retrait de plus de 832 ha. A la suite de cette affectation, l’IER a entrepris les démarches nécessaires pour l’acquisition des documents juridiques de propriété et procédé à la clôture de l’ensemble du domaine de la Station de Sotuba sur financement Banque mondiale (PNRA, Crédit IDA 2557-MLI) pour un montant de près de trois cent millions F CFA.
Aujourd’hui, précise le DG de l’IER, l’espace disponible ne permet pas une bonne exécution des activités de recherche. Pour pallier cette situation, l’IER envisage, dans le cadre de son Plan de Développement à Moyen Terme, l’aménagement des parcelles d’expérimentation pour améliorer les conditions d’innovations techniques indispensables à la modernisation de l’agriculture. A l’IER, on a conscience que le domaine de Sotuba est irremplaçable pour la recherche agricole du Mali. Le colonisateur l’avait déjà compris au milieu du siècle dernier en y créant le Centre Fédéral de Recherche Zootechnique pour l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest. Le Mali indépendant se doit de sauvegarder ce précieux outil de recherche scientifique pour le pays si l’on veut figurer dans le rang des pays émergents. L’on se demande même pourquoi des autorités de transition, dont on connaît bien les missions spécifiques de restauration de l’intégrité territoriale et d’organisation des élections, s’adonnent plutôt à des opérations de destruction d’ouvrages de souveraineté nationale et de développement du pays.
Pour sa part, le même 7 septembre 2012, le Secrétaire Général de la Section syndicale SYNAPRO de l’IER, Lassana Sacko, soucieux de la paix sociale, de la défense des intérêts de l’institution et de ses travailleurs, s’est ouvert sur l’épineuse question de compensation à Mme le Ministre du Logement, de l’Urbanisme et des Affaires Foncières en vue de trouver une solution définitive à ce problème de convoitise des domaines de l’IER. M. Sacko a rappelé que par décret n°98-227/P-RM du 6 juillet 1998, signé du Président Alpha Oumar Konaré, du Premier ministre Ibrahim Boubacar Kéïta, du Ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat Fatou Haïdara, du Ministre du Développement Rural et de l’Eau Modibo Traoré, du Ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat Mme Sy Kadiatou Sow, les parcelles concernées ont été affectées à l’IER qui a acquis le droit de propriété par TF N°5627 CI du 6 juin 2006. Il a souligné que la Section syndicale ne comprend pas, aucun patriote ne comprend d’ailleurs, la démarche de la Division Législation et du Contentieux de la Direction Nationale des Domaines et du Cadastre visant à déposséder la recherche agricole nationale de ses parcelles d’expérimentation. M. Sacko de sonner l’alerte comme quoi, si des dispositions adéquates ne sont pas prises pour protéger les terres de la recherche contre les spéculateurs et les agents de l’Etat coupables de délit de déloyauté dans l’exercice de leur mission, le Syndicat se verra dans l’obligation de faire recours aux moyens légaux pour sauvegarder son outil de travail.
En dépit de ces mises au point, le 10 septembre 2012, le Directeur National des Domaines et du Cadastre Imrane Abdoulaye demande par écrit au DG de l’IER de prendre les dispositions pour faciliter le travail de son équipe qui procédera, à partir du mardi 11 septembre 2012, à l’élaboration de l’état des lieux du titre foncier n05627 Commune I du District de Bamako. Le DG de l’IER Dr Bino TEME lui rétorque qu’il a déjà saisi les hautes autorités du Mali à travers son département de tutelle pour exprimer son incompréhension et son indignation par rapport à ce qui est envisagé par la Direction Nationale des Domaines et du Cadastre. Aussi, il lui demande de surseoir à cette visite, déclinant toute responsabilité de l’IER en cas d’éventuels troubles lors des discussions sur le terrain. Il n’y a pas meilleure façon d’avertir les provocateurs, en faisant d’eux les seuls responsables de leur mésaventure. Comme on le dit, qui sème le vent récolte la pluie.
Cependant, le Directeur National des Domaines et du Cadastre Imrane Abdoulaye revient à la charge, prétextant que les dispositions du Code Domanial et Foncier notamment l’article 41 prévoit que l’affectation est toujours effectuée à titre provisoire, et qu’en conséquence la parcelle de terrain objet du tire foncier n°5627 CI du District de Bamako fait toujours partie du domaine privé immobilier de l’Etat qui, seul, reste propriétaire. C’est pourquoi il maintient la réalisation des travaux d’état des lieux du titre foncier n°5627 CI du District de Bamako.
Tout laisse à croire que la Direction Nationale des Domaines et du Cadastre, au lieu de s’employer à trouver les compensations ailleurs, notamment à Gouana ou partout ailleurs à Kati, s’enlise dans des tripatouillages qui écorchent l’honneur et la dignité des Maliens car au détriment de la prospérité de notre nation. Au juste, entre les sociétés immobilières et l’IER, où doit se trouver l’Etat ? Entre la recherche agricole et des intérêts immobiliers privés, où se trouve le salut du Mali ? Y a-t-il anguille sous roche ?
Alors le DG de l’IER Dr Bino TEME de faire, dans sa réponse en date du 18 septembre 2012, toute la lumière sur la situation qui prévaut à Sotuba : ” La nouvelle d’une possible diminution des surfaces réservées à la recherche agricole dans le domaine expérimental de Sotuba continue de susciter des remous au niveau de l’ensemble du personnel de l’IER. Le climat qui prévaut en ce moment n’est pas favorable à la réussite de la mission que vous envisagez. Des difficultés sérieuses peuvent être rencontrées sur le terrain. En effet, le personnel travaillant dans le domaine de Sotuba va au-delà de 300 personnes qui se voient menacées dans leurs activités professionnelles. C’est pourquoi je vous demandais de surseoir à cette mission. Je pense également qu’il faut continuer dans cette voie. Les discussions sur les dispositions du code foncier ne sont pas, de notre point de vue, mes principales préoccupations en ce moment “.
Voilà qui est bien dit. A bon entendeur salut !
Et le même 18 septembre 2012, en vue de la sauvegarde du patrimoine national, M. Sacko s’est adressé au Président de l’Assemblée Nationale en des termes dont voici un extrait : ” Si la grandeur d’une nation doit se mesurer par sa capacité de se prendre en charge, celle-ci doit obligatoirement passer par la valorisation de la recherche. C’est pour cette raison que nous estimons que ce domaine public de souveraineté ne doit en aucun cas être l’objet d’aucun marchandage surtout au profit des intérêts privés. Le Bureau syndical de l’IER fait appel à votre sens de responsabilité pour une solution diligente et définitive à la convoitise des parcelles d’expérimentation de la recherche par les privés et certains agents se disant agir au nom de l’Etat malien “.
En attendant, nous verrons si le coup d’État du 22 mars 2012 a été fait pour ces spéculateurs apatrides, analphabètes, inconscients des enjeux et du devenir de notre pays, omnibulés par l’appât du gain facile, ou pour améliorer notre gouvernance malmenée par leur cleptomanie démoniaque.
Affaire à suivre !
Mamadou DABO

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3 COMMENTAIRES

  1. OK pour sa mise valeur, mais pas de cette façon avec KOME et BANGA, ou les ministres une fois l’attribution faite vont aller prendre leur part de butin avec KOME et BANGA.
    Par conte, faite son morcellement et sa mise en vente publiquement, vous allez voir, le Mali gagnera au minimum 10 fois plus en comparaison de ce que vous avez l’intention de faire.
    selon nos estimations la valeur d’une parcelle de 300 m2 à sotuba équivaut à celle d’un hectar à gouina.

  2. Mon cher journaliste, il est temps de mettre en valeur cette grande zone abandonnée à la ferme de Sotuba. En effet, on ne peut laisser une zone en plein centre ville d’une capitale économique comme lieu d’expérimentation agricole, ton lieu indiqué pour la compensation est bien indiquée pour cela. Le colonisateur l’avait créé au moment où Bamako se résumait seulement aux quartiers de Médine, Bko coura et environs, mais actuellement la ferme est absorbée par l’urbanisation de Bamako que personne ne pourra contester. D’ailleurs cette partie de Bamako est une sanctuaire du banditisme, du fétichisme et du charlatanisme, tous les maux à bannir dans une grande ville, la mettre en valeur évitera tout cela.Dis aux commanditaires de ton article de chercher ailleurs, merci.

  3. Mon cher journaliste, il est temps de mettre en valeur cette grande zone abandonnée à la ferme de Sotuba. En effet, on ne peut laisser une zone en plein centre ville d’une capitale économique comme lieu d’expérimentation agricole, ton lieu indiqué pour la compensation est bien indiquée pour cela. Le colonisateur l’avait créé au moment où Bamako se résumait seulement aux quartiers de Médine, Bko coura et environs, mais actuellement la ferme est absorbée par l’urbanisation de Bamako que personne ne pourra contester. Dis à tes commanditaires de chercher ailleurs, merci.

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