Délimitation de la « zone aéroportuaire » : Une délégation du village de Gouana au siège de l’Asecna

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Le chef de village de Gouana dit à qui veut l’entendre qu’un centimètre carré de son village ne peut être concerné par le déguerpissement de la zone aéroportuaire. Et, ils ont dépêché une mission au siège de l’Asecna, à Dakar pour avoir le cœur net.

Depuis 4 jours des bulldozers sont rentrés en action sur une partie de la zone dite « zone aéroportuaire ». Les premières images sont tout simplement désolants. Des bâtiments habités ont été démolis sous le regard impuissant des locataires. Plusieurs zones selon le ministère des Affaires foncières sont concernées par l’opération.

Dans un communiqué conjoint, le ministre des Affaires foncières affirme que le site « est sous protection de l’Etat et par conséquent, personne ne doit y construire ». Le hic est que de nombreux services de l’Etat et appartenant à des privés, des écoles de formations y ont poussés sur autorisation de la part des mêmes représentants de l’Etat.

A l’allure où les démolitions sont effectuées, certaines personnes craignent qu’elles n’atteignent les maisons du village de Gouana, Commune de Kalabancoro.  Sur le sujet, le chef de village de Gouana est rassurant. Les autorités coutumières de ce village estiment que l’opération ne peut pas les concerner.

Pour le chef de village de Gouana, N’Golo Coulibaly, un centimètre carré de leurs terres ne saurait être concerné par la zone aéroportuaire. De ses  explications, il ressort que leur village existe depuis plus de 200 ans et n’a à aucun moment fait l’objet de déplacement même pendant la guerre contre l’almamy Samory Touré.

La zone de l’Asecna se limite aux murs d’enceinte de l’aéroport

C’est en 1974, dit-il, que les autorités du pays, sous le régime du Général Moussa Traoré, les ont démarché afin qu’ils mettent à disposition une partie de leurs terres pour abriter l’aéroport. Les clauses de la cession des terres ont été bien scellées avec document à l’appui. L’aéroport a été délimité dans l’espace. Pour mieux sécuriser, l’Asecna se souvient-il, a clôturé l’espace qui lui semble opportun pour la sécurité des avions. Un plan de délimitation fut remis au chef de village d’alors (son père) qu’il garde jalousement. Pour lui, dans le plan de délimitation à lui remis, épargne Gouana de la zone aéroportuaire. Sur le terrain, la réalité est toute autre. « Les personnes chargées de faire le bornage ont fait un travail bâclé sans tenir compte du plan », a-t-il dénoncé. « Ils ont planté des poteaux de façon exagérée. C’est pourquoi, vous voyez que des villages entiers : Sirakoro-Méguetana, une partie de Sénou seraient dans leur zone dite aéroportuaire », affirme le chef de village de Gouana.

Des années passèrent, le village a commencé à s’agrandir. Du coup, « les populations ont par la suite occupées le reste de nos terres inoccupées jusqu’à la limite de Kalabancoura ACI ».

Certaines autorités qui ne savent rien de cette histoire, ont élevées la voix pour dire que la population de Gouana construit des maisons au-delà de leurs terres. Le chef de village en a rit. Et de rappeler aux autorités : « C’est nous qui avons donné une partie de nos terres pour la construction de l’aéroport. On ne peut pas nous dire que les maisons qui ont poussées sur nos terres sont illégales surtout que nous savons la limite de ce qui nous appartient conformément au plan ».

Une mission au siège de l’Asecna

Pour M. Coulibaly, c’est indécent de dire que Gouana se trouve dans la zone dite aéroportuaire. Face à l’insistance de certaines autorités les accusant d’occuper illégalement la zone, il dira qu’à l’époque, une délégation est allée à la rencontre du général Kafougouna Koné (paix à son âme) et le directeur des aéroports du Mali de l’époque. « Ceux-ci avaient expliqué qu’en aucun moment qu’ils ne sont concernés par la zone aéroportuaire », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter que la délégation du village ne s’est pas contentée de ces rencontres. Le chef de village a laissé entendre qu’ils ont dépêché une mission au siège de l’Asecna à Dakar pour avoir le cœur net. Selon lui, là, la réponse du service aéronautique de l’aviation a été sans ambages. « Vous n’êtes pas concernés par cette zone aéroportuaire. C’est pourquoi, nous avons construit le mur pour sécuriser nos installations », a affirmé l’Ascena à la délégation du village.

Le chef de village de Gouana est très clair « Nous ne voulons plus que le nom de notre village paraisse dans les questions aéroportuaires, car nous n’y sommes pas ».

Le chef de village lance un appel aux plus hautes autorités de faire en sorte qu’elles épargnent leur village de la zone qu’ils appellent « zone aéroportuaire ».

Mohamed Keita

 

 

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