Depuis 1988, paysans et éleveurs de deux villages du cercle de Nioro se disputent la paternité d’une forêt séparant leurs villages respectifs : Gassa et de Boulouyel. Ce conflit a connu un tournant mortel le 22 juillet dernier, lors d’une attaque des éleveurs de Boulouyel contre les paysans de Gassa. Les affrontements ont provoqué un mort et d’importants dégâts matériels.
Depuis plus de deux décennies, les villages de Gassa (Sarakolé) et de Boulouyel (Peuhl) se regardent en chiens de faïence. L’origine de cette tension permanente est le contrôle d’une portion de terres de 1, 5 km et les choses ont pris une tournure dramatique le 22 juillet à la suite d’une tentative d’occupation forcée dudit espace par les éleveurs de Boulouyel car l’incident s’est soldé par la mort d’un vieil homme de 73 ans.
Les faits et témoignages
Selon les témoignages recueillis par la Radio Nyétaa et de sources bien introduites dans la localité, la situation s’est brusquement détériorée en 48 heures. Informées, la brigade de gendarmerie de Nioro et le maire de la commune ont envoyé des éléments pour parer à tout affrontement. Mais, le lendemain (le 22 juillet 2013), les habitants de Bouloyel ont lancé une attaque surprise en envahissant en masse sur la zone querellée pour y entreprendre des travaux champêtres tout en piétinant les champs des Sarakolé et en coupant les arbres. Alertés, des notables de Gassa (paysans) sont allés à leur rencontre. Lors des échanges, les éleveurs ont affirmé être venus pour récupérer leurs terres.
Selon Cheick Oumar Diaby et Mamadou Diakité, notables du village de Gassa, “les Peuhls étaient venus labourer nos champs sur lesquels poussaient déjà de jeunes plants. Les injures graves qu’ils proféraient montraient combien ils étaient haineux. Les gendarmes ont eux-mêmes constaté les faits et ont pris cinq d’entre eux. Ce n’est pas tout. Ils ont mis le feu aux cases des paysans Sarakolé et proféré des menaces de mort”.
Revenus pour maitriser la situation, les éléments de la gendarmerie se sont mis à faire des interpellations de deux côtés. Mais curieusement, ceux du village de Gassa sont restés en détention, de surcroit des propriétaires des champs sabotés par les Peuhls. Dans le désordre, un notable de 73 ans du nom de Cheick Oumar Diagouraga reste introuvable. Après plusieurs heures de recherche, le septuagénaire sera retrouvé mort dans la brousse avec le crâne écrasé. La veille, les habitants de Boulouyel avaient menacé de faire des captifs dans les rangs des paysans.
Au lieu de concilier les deux positions, la gendarmerie donne l’impression de fermer l’œil sur le crime et se borne à vouloir imposer un pacte de non agressivité entre les jeunes des deux villages.
Daouda Bah, notable et Baïdy Tall (chef de village de Boulouyel, sont soupçonnés d’être les instigateurs. Le premier, apprend-on dans le témoignage du reportage de la Radio Nyétaa, aurait déclaré publiquement qu’il a suffisamment d’argent pour étouffer toute poursuite judiciaire contre lui-même ou contre un des siens. Ces propos ont été confirmés par plusieurs habitants de Gassa.
Selon de nombreux témoignages, ce feuilleton juridico-foncier à son énième incident. Il aura commencé en 1988 sous le chef de village Mady Awa Diaby. En 1996, les protagonistes ont remis ça. En 2003, le tribunal de première instance de Kayes, la Cour d’Appel de Bamako et la Cour suprême ont tranché. Par arrêts n°230 du 23 juin 1998 de la cour d’Appel de Bamako et n°183 du 16 juin 2003 de la chambre civile de la cour suprême ont reconnu le village de Gassa titulaire des droits coutumiers sur lesdits.
Le 23 novembre 2011, la cour d’Appel de Kayes a ordonné l’exécution des dits arrêts conformément aux plans de délimitation et bornage des limites de champ. Mais jusque-là, ces grosses de justice sont restées en l’état. Et chaque année, les Peuhl empiètent sur les superficies querellées malgré l’existence des bornes et une colline qui sert de frontière naturelle entre les deux villages.
A la date d’aujourd’hui, les habitants de Gassa disent avoir confiance en la justice qui doit définitivement trancher pour enterrer définitivement la hache de guerre.
Markatié Daou
C’est minable. Certaines filles nous révèlent toujours de l’inattendu surtout dans les grandes villes.
Comments are closed.