Dans la commune rurale de Tièlè, ex Arrondissement de Baguinéda, se sont les villages de Dratoumou et Dièna qui viennent de faire les frais de ces prédateurs fonciers. Dans ces localités, où nous nous sommes rendus il y a une semaine pour tenter de voir clair dans l’affaire, ce sont au total près de 1 000 hectares de terres, dont plusieurs hectares de champs que les paysans cultivent déjà, qui ont été expropriés, sans aucune concertation préalable dans les villages concernés, par quelques conseillers municipaux.
Cette situation est aujourd’hui à la base d’une vive tension dans les 12 villages du Djamadougou, aire géographique à laquelle appartiennent Dièna et Dratoumou. Ils ont tenu il y a une semaine un meeting à Dratoumou, pour dénoncer ces pratiques et demander l’aide des autorités, qui doivent sortir de leur torpeur. Que s’est-il passé pour que ces terres suscitent la convoitise de prédateurs sans foi ni loi?
Devant la pression foncière d’un village de la zone bien connu pour son goût pour la vente de terres, les habitants de Dratoumou s’étaient réunis, il y a quelques années, pour tenter de recenser les terres leur appartenant, qui les séparent du village en question. Pour cela, ils avaient fait appel au service d’un géomètre, qui recensa au total moins de 500 hectares. Les villageois décidèrent alors de faire établir des titres de propriété sur la zone.
Le dossier sera confié à un conseiller municipal. Celui-ci va égarer ces papiers. Volontairement? Mystère jusqu’à ce jour. Profitant de cette brèche, certaines personnes non encore identifiées profiteront de cette première action pour morceler toute la zone qui sépare Dratoumou de Dièna. Des bornes sont bien visibles dans les faubourgs du premier village, où le champ que Salif Samaké exploite depuis des décennies a même été morcelé à son insu.
Convoqué par les autorités coutumières des villages concernés, le maire de Tièlè, que nous n’avons pas pu joindre, aurait refusé catégoriquement de répondre à l’appel. Empêchant du coup toute possibilité de tirer cette affaire au clair. Les pauvres paysans sans défense s’en remettent aujourd’hui aux autorités, pour que leurs terres de subsistance leur soient restituées, n’ayant participé à aucune transaction sur ce patrimoine que leur ont légué leurs ancêtres.
«Nous ne sommes ni de près ni de loin mêlés à ces ventes. Par conséquent, nous ne les reconnaissons pas. Un paysan ne doit pas morceler et vendre ses terres de culture. Nous faisons confiance aux plus hautes autorités et les invitons à venir nous remettre dans nos droits. Si les autorités ne tranchent pas, nous allons nous rendre justice nous-mêmes», sont, entre autres, des propos qui ont retenti dans la cour de l’école fondamentale de Dratoumou, qui a abrité le rassemblement.
Après Kalabanbougou, Marakodougou, où le Président de l’APCAM, Bakary Togola, est dans un bourbier foncier, qui risque de refaire surface bientôt, Banguinéda ou encore Lamine Bambala à Sikasso, assiste-t-on à un autre foyer de tension sociale dû au foncier?
En attendant, il urge pour les plus hautes autorités de sévir, pour arrêter l’hémorragie foncière dans les localités de Dratoumou et Dièna.
Yaya Samaké