Dans le différend qui l’opposait aux riverains à propos d’une servitude publique, notre officier supérieur de police avait épuisé toutes ses cartouches. Pour couper court à toutes ses prétentions, la Cour Suprême avait rendu un Arrêt définitif, faute de recours. C’était depuis décembre 2014. Se croyant certainement au – dessus des lois de la République, le Général était revenu à la charge en décembre 2015.
Cela lui valut de comparaître devant le Tribunal de Première Instance de la Commune V du District de Bamako. Le jeudi 10 décembre 2015, donc, c’est un général de police vêtu d’une chemise blanche, manches longues, pantalon noir et tête rasée, avion – nous relaté, qui répondait des chefs d’accusations de ” Manœuvres dangereuses “, ” blessures involontaires “, etc. Durant des minutes, il nia les faits. Des faits pourtant têtus soulevés par l’avocat des plaignants. A son tour, le Ministère Public constata des incohérences dans les propos du policier – accusé. ” La description faite par Yahaya Sangaré ne collent pas à la réalité “, avait – il dit en jetant un regard sur l’accusé.
Faut – il rappeler que ce jour le général Yahaya Sangaré se défendit comme un beau diable. ” J’avoue l’irrespect “, se contentait – il de répéter. ” Irrespect ” donc de l’arrêt de tous les travaux sur l’espace querellé, en vertu d’une Ordonnance rendue le 23 novembre. Cette ordonnance était assortie d’une astreinte de 500.0000 F CFA par jour. Le Général y consentait. Les débats du jour ont démontré qu’il avait fallu l’intervention de la Gendarmerie pour ramener le Général à la raison.
Depuis cette date, tout le monde croyait que l’affaire était bouclée, que le Général n’oserait plus s’attaquer à la servitude. Mais, ces derniers temps, les voisins ont constaté des tas de graviers, briques et du sable sur les lieux. Les Ministères de l’Urbanisme et de l’Habitat, des Domaines er des Affaires Foncières, ont été alertés. A présent, il n’y a eu aucune réaction. Des voisins que nous avons rencontrés, ne comprennent pas une telle attitude. ” Yahaya Sangaré veut obstruer notre passage commun. Devions – nous le laisser ? ” S’est interrogé l’un d’eux.
Un autre renchérit : “Le Gouvernement est là pour nous gouverner. Il doit respecter la loi. S’il ne fait, nous serions en droit de le faire à sa place. ”
Les autorités sont donc averties. Le policier Yahaya Sangaré persiste et signe sur le terrain il n’a pas de permis de construire et il se permet de faire remplir les berges. A quel titre ? Ne sait – on pas qu’il a été jugé et condamné car ne disposant pas de document. C’est dire qu’il lance donc un défi à l’autorité. Ce qui se passe aujourd’hui à Bacodjicoroni ACI participe du dépérissement de l’Etat. En tant que Général de Police, Yahaya Sangaré est censé donner le bon exemple. S’il ne le fait pas, comme par le passé, les pouvoirs publics doivent assumer leurs responsabilités pour ne pas en rajouter à la chienlit. Car les populations en ont assez des agissements du policier. Il faut que la justice sévisse pour éviter que les gens ne se fassent justice.
B. Koné