AGICIF-Mali : Faire du foncier pour enfoncer l’honorable citoyen

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Le très respecté cinéaste malien, Souleymane Cissé, affirma un jour que, si l’on ne prend garde, le problème du foncier causerait un semblant de guerre civile au Mali, qu’à Dieu ne plaise. Beaucoup trouvèrent ses propos exagérés. C’est surement sans connaitre l’ampleur du phénomène. Surtout dans un pays qui a l’allure d’une jungle étatique. Quand ce n’est pas la raison du plus fort qui est la meilleure, c’est le plus perfide qui s’en sort. C’est le cas de dame Youma Aissé, victime parmi tant d’autre d’escroquerie sur le  foncier.

Les faits racontés par cette dernière, et qui remontent courant l’année 2016, sont toutes simples. Elle a effectué l’achat de la parcelle numéro 49 dans la localité de Manankoroni auprès de l’Agence de gestion immobilière, de conseil et d’intermédiation foncière (Agicif-Mali). Soucieuse d’être en conformité avec la loi, elle a aussi obtenu tous les documents prouvant la légalité de sa démarche. Seulement, il y a un hic, le terrain était un terrain fantôme. De visu, et ce après moult tractations, elle constata qu’aucun morcellement n’avait été effectué et qu’aucune plaque d’identification n’y était mise par quiconque !

Une année plus tard, l’Agence lui fera savoir que le lotissement de ladite parcelle a été tout simplement annulé. Il s’agit là d’une sombre histoire dont le fin mot n’est pas connu à ce jour. C’est alors qu’elle accepta la proposition de l’Agence qu’est le recasement sur un autre site (Manankoroni 2). Là, en plus du recasement, elle effectua l’achat d’un autre lot contigu (les N°186 et 188) puisque l’on l’avait assuré que pour ces lieux, point de soucis à se faire. Là également, vicerepetita, elle a beau remuer ciel et terre, l’Agence joue de perfidie.

Aujourd’hui, bientôt trois ans après les faits, la situation n’a point changé, et la bonne dame ne sait plus à quel saint se vouer. Et ce, malgré le fait qu’elle est en possession d’un permis de construire. Dans de telles circonstances, la logique voudrait que l’Agence rembourse son client insatisfait. Sauf que, aussitôt que Youma proposa cette alternative, et ce, en attendant de faire toute la lumière sur cette affaire, l’Agicif ne pipe mot. Selon les dires de Youma, la directrice commerciale ne décroche même plus son appel.

Malheureusement, ce genre de cas est du déjà-vu en République du Mali. C’est d’une telle banalité quotidienne que peu de lecteurs de notre journal seront surpris à la lecture de notre article. Cela ne doit, en aucune manière, dédouaner la lourde responsabilité de l’Agence immobilière qui a profité, semble-t-il, de la bonne volonté d’une cliente pour s’en mettre plein les poches. A deux reprises, l’Agence a vendu des parcelles qui, en réalité, n’étaient pas sous sa gestion.

Toujours selon la dame Youma, elle n’est pas la seule qui est dans cette situation. A présent, elle dénonce ce manquement grave à toute forme d’orthodoxie avant d’envisager la forme ultime de demande de réparations.

Ahmed M. Thiam

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