Il y a presque vingt ans, le Gouvernorat du district de Bamako procédait au lotissement du quartier Sabalibougou en commune V. A l’issue de cette action, les bandes des 140 mètres furent octroyées par l’Etat aux familles déguerpies de Sabalibougou Est et Daoudabougou sur la base du droit coutumier. Cette donation fut d’ailleurs approuvée et formalisée par l’arrêt n°80 du 30 juin 1994 de la Cour suprême du Mali. Cependant, malgré les ordonnances n°04 et n°05 des 26/9 et 19/10/2000 du Tribunal Administratif de Bamako qui a ordonné le bornage des bandes de 140 mètres de Sabalibougou Est et Daoudabougou et le maintien des familles installées, les autorités communales ne sont pas disposées à respecter ces décisions de justice.
Pour preuve, depuis mardi dernier, il a été procédé à la démolition de toutes les installations faites par les bénéficiaires. L’opération a été sécurisée par les forces de la police devant les victimes au vu et au su de tous. L’Association sœurs de Sabalibougou Est et de Daoudabougou que dirige Famouy Kamissoko, dénonce l’injustice et accuse le Gouverneur du district de Bamako d’être l’autre de ce « crime ».
Selon des témoignages, les autorités communales refusent catégoriquement d’établir les permis d’attribution permettant la réinstallation des bénéficiaires. Exprimant leur regret, leur inquiétude par rapport à l’exécution de leur grosse, ces familles se lamentent, s’indignent d’avoir été trahies et abandonnées. A qui la faute ?
Aux dires des victimes, le ministre de la Justice, des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, Mohamed Ali Bathily leur a promis que force restera à la loi. On se pose, alors, la question de savoir pourquoi un arrêt de la Cour suprême de vingt ans, reste-t-il toujours inexécuté. A comprendre que cela relève de la mauvaise volonté de l’exécutif de se soumettre à la loi.
En cette année de lutte contre la corruption et la délinquance, ce litige foncier à Sabalibougou doit être définitivement maîtrisé. Il ne s’agit que d’appliquer la décision de la loi. C’est aussi simple si on n’a pas d’autre idée derrière la tête. Il est vrai de dire que la spéculation foncière constitue est un des secteurs essentiels qui doit faire l’objet d’assainissement. Il urge pour les nouvelles autorités de pendre de mesures rigoureuses, sans état d’âme pour relever ce défi. La restauration de la justice sociale, de l’égalité des citoyens devant la loi étant une priorité du régime IBK, il est donc nécessaire que la lumière soit faite dans cette affaire qui n’a que trop duré. D’autre part, il y a lieu de situer les responsabilités dans le non- respect de ces décisions de justice. Pendant ce temps, l’étau se resserre, de plus en plus, autour de ces familles qui ne veulent que défendre leur droit.
Jean Goïta