Faire le pont entre l’université, la recherche et la vulgarisation au profit d’une agriculture durable
Le 12 juin dernier, l’université de Ségou a abrité un atelier d’information sur les Centres d’Innovations Vertes de Ségou. Organisé par le rectorat de l’université et l’appui technique du Centre d’Innovation Verte (CIV) qui avait pour objectif de présenter les acquis du CIV afin de les diffuser à grande échelle. En ouvrant les travaux, le professeur Souleymane BERTHE, recteur de l’université de Ségou a exhorté les participants à suivre les travaux avec intérêt pour une meilleure appropriation des résultats. Des communications qui ont suivi ont porté sur la présentation du Centre d’Innovation Verte et sur les innovations.
Le Centre d’Innovation Verte (CIV) s’inscrit dans l’initiative spéciale « un seul monde sans faim » lancée par la coopération allemande dans quinze (15) pays depuis 2014 avec comme objectif de contribuer à un développement durable dans les régions rurales sélectionnées à travers la diffusion d’innovation du secteur agricole et agroalimentaire.
Pour ce qui concerne le mali, le CIV démarré en 2014 intervient dans les régions de kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou et Mopti. Depuis 2018, il intervient dans le zone office du Niger à travers le projet d’appui aux acteurs pour le développement durable de la chaine de valeur riz dans la zone (PARIZON). Le projet couvre l’ensemble des acteurs des chaines de valeur riz, de la pomme de terre, maraichage, mangue avec une dimension genre. Dans sa stratégie, le CIV travaille avec les instituts de recherche, les universités, tout cela dans l’objectif d’assurer une durabilité.
S’agissant des innovations, les exposés ont porté sur les bio pesticides à base de feuille de Neems, la case à ventilation solaire pour la conservation de la pomme de terre, la prégermination et la SRI (stratégie de la riziculture intensive).
La présentation des ces innovations combien pertinentes a soulevé le questionnement de leur introduction dans les modules de formation. Et pour optimiser les resultats , des participants ont recommandé de faire un mapping de partenariat entre les CIV ,l’université et les autres intervenants, organisation d’une journée d’information sur les innovations, l’élaboration d’une convention de partenariat sur le développement et la diffusion de l’innovation, la formation des experts en value likns au sein de l’université de Ségou, le renforcement de la collaboration entre l’université et les services de vulgarisation sans oublier les faitières de producteurs
Ecole : La mort d’une Vocation
Ceux qui ont choisi d’enseigner, doivent être des modèles en termes de capacités techniques mais surtout de comportement dans la société. Ce faisant, ils doivent renoncer à l’argent facile, aux vices et à toutes formes de tentations nous avait- on avertis. Aux mêmes d’ajouter qu’enseigner, c’est prendre la responsabilité de conduire vers l’humanité des individus biologiques humanoïdes. Ce qui revient à leur transmettre du savoir leur permettant de dominer ce monde ici bas et de vivre en harmonie avec les autres créatures. Enseigner, exige de nous un sens élevé de la responsabilité et du devoir. Cela requiert d’eux un renoncement à une certaine matérialité car ils sont appelés à transmettre aux apprenants la valeur des choses et non leur prix.
Les responsables de la première République avaient prit conscience de cette vision sacerdotale de la profession d’enseigner. C’est pourquoi ils avaient mit des gardes fous pour protéger un secteur duquel dépend l’avenir de la nation tout entière. Ne devenait pas enseignant qui le voulait. En plus des critères de capacités techniques, il fallait justifier une probité morale et l’engagement patriotique. Par ce procédé, le Mali nouvellement indépendant a réalisé de grands progrès dans la scolarisation des masses. L’enseignant devrait être polyvalent pour satisfaire surtout dans les milieux reculés au déficit de cadres. Le choix de vouloir extirper des milliers d’enfants du Mali des griffes de l’ignorance, a valu à l’enseignant outre la satisfaction morale et individuelle, le respect de l’Etat et de la société. Cette dernière avait vite compris le rôle stratégique de l’enseignant dans le modelage de nouvel homme malien trempé dans sa culture et ouvert sur le reste du monde. A l’époque, on était fier d’être enseignant et aucun sacrifice n’était de trop pour atteindre les objectifs pédagogiques. Pouvait –il en être autrement si on sait que les premiers responsables du pays avaient fait de la formation de la ressource humaine la priorité des priorités et avaient banni la corruption.
Cet élan se brisa avec l’entrée par effraction dans l’histoire du Mali, de quelques officiers à la suite du coup d’Etat de 1968, l’école a cessé d’être une préoccupation stratégique. Les ennemis eternels du Mali c’est-à-dire, ceux qui n’ont aucun intérêt à nous voir progresser et qui veulent nous réduire au rang de producteur de matières premières, de forces ouvrières pour les plantations du sud et d’enfants soldat, ont profité de l’occasion pour mettre en œuvre leur plan stratégique de destruction du Mali. Ils ont fait comprendre aux tenants du pouvoir que l’ennemi viendra de cette classe d’instituteurs d’intellectuels qu’ils venaient de chasser un mardi matin. Ces derniers, préoccupés par leurs postes juteux et nourrissant une haine viscérale contre le monde intellectuel sont tombés dans le panneau. L’école a été confié aux amateurs sans foi ni vision. Les enseignants, les vrais voués aux gémonies. La cassure a laissé des stigmates et la profession a prit un sacré coup.
Faut il continuer encore quand les dirigeants ont conçu et mit en œuvre une campagne de dénigrement du corps et de démobilisation ? Faut il rester fidèle au serment quand le mérite ne paye plus et que seules comptent ses relations avec le système ? Pourquoi se sacrifier encore pour une société qui n’est pas prête à vous reconnaitre le minimum ? Autant d’interrogations qui ont tenaillé ce corps d’élite et de militants. N’ayant pas de réponses adéquates, certains ont choisi d’aller vendre leur service, mais à qui ? Aux amis de nos ennemis.
Une deuxième frange a trouvé la facilité de s’accommoder avec le système qu’ils ont fini par soutenir avant de le regretter. Les durs c’est-à-dire ceux qui sont resté fidèles au serment, à la vocation ont partagé leur existence entre la détention abusive, et le silence avant d’entamer la clandestinité. Les mois de 90 jours, ont fini par entamer le peu d’engagement qui restait encore. De plus en plus, la corruption fait rage dans le corps avec son cortège de comportement indélicat. Au même moment, des pièces de théâtre sont conçues et projetées à la télévision d’Etat pour vilipender ceux là charger de former les enfants du Mali en les faisant passer pour des gens atteints de sinistrose.
Les ennemis du Mali se frottèrent ainsi les mains pour avoir amener les tenants du pouvoir à se tromper du cible. La cerise sur le gâteau viendra avec la fermeture des instituts pédagogiques d’enseignement général qui formaient les instituteurs. L’écrasante majorité de la population, préoccupée par la recherche du quotidien ne mesurait pas l’abysse qui se creusait sur le chemin du développement du Mali. Avec la 3ème République, le tableau qui présentait l’école était des plus sombres de l’Afrique et du monde. Il se caractérisait par un taux de scolarisation les plus bas au monde, un ratio maître / élève alarmant sans oublier la faiblesse ou absence d’infrastructure. En somme, tous les indicateurs étaient rouges. Des partenaires, suite au cri de détresse ont porté secours pour la réalisation des infrastructures et équipements. Pour combler le gap né de la fermeture des I.P.E.G et des départs volontaires à la retraite, l’Etat a été obligé de faire appel aux jeunes diplômés qui au bout d’une formation accélérée étaient verser dans l’enseignement. Des professionnels, à l’époque, avaient émit des réserves sur ce recrutement d’enseignants en vrac.
Avait- on le choix au regard du manque criard d’enseignant de tous ordres ? En tout état de cause, la stratégie a permit de relever de façon significative le taux brute de scolarisation. Cependant, force est de reconnaitre que la profession a été infestée par des individus peu recommandables animés par les seuls soucis d’avoir un salaire et qui sont là à leur corps défendant. Avec ces générations d’enseignant D.C.I, les questions de morale et de déontologie sont reléguées au second plan seul le gain compte. Quand l’argent rentre à l’école, le savoir prend la fenêtre et bienvenue dans l’enfer des notes sexuellement transmissibles, des moyennes négociées à coup de billets de banque. L’école a perdu les repères moraux et avec l’affaissement de l’Etat suite à la corruption, l’enseignant, jadis, repère social s’est mu en vulgaire chasseur de prime. Peut-on pour autant le condamner au regard de la gestion chaotique de ressources publiques ? La crise qui a s’écoué l’école très récemment et qui n’est pas totalement soldée, va au-delà d’une simple revendication d’avantages pécuniaires. C’est la remise en cause d’une vocation, et l’agonie d’un serment. Peut-on exiger la loyauté aux enseignants seuls tandis que d’autres continuent d’abuser de la ressource publique ?