Moralisation de la vie publique : Le Mali renforcera bientôt son arsenal juridique

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Pour mieux traquer les voleurs de la République, une nouvelle loi verra bientôt le jour. Le projet de loi portant répression de la délinquance financière et de l’enrichissement illicite au Mali vient de faire l’objet d’un atelier de deux jours organisé par le ministère de la Justice. C’était les 4 et 5 avril 2013.

Une fois finalisé par l’ensemble des acteurs, le projet de loi réprimant la délinquance financière et l’enrichissement illicite suivra le processus normal d’adoption afin de venir renforcer les dispositifs existants déjà en la matière, tout en prenant en compte les exigences internationales auxquelles notre pays a souscrit.

Joignant l’acte à la parole, le gouvernement affiche sa détermination à lutter efficacement contre ce mal du siècle qui annihile les efforts de développement sous nos tropiques.

La cérémonie d’ouverture a été mise à profit par le garde des Sceaux, ministre de la Justice, Malick Coulibaly, pour planter un décor très sombre dans notre pays en la matière. D’entrée, il dira que “l’absence ou l’insuffisance des moyens pour réprimer ce fléau crée un déficit de confiance entre gouvernants et gouvernés”.

En effet, pour le ministre Malick Coulibaly, “si, sous la Première République, le Malien avait honte de voler ; sous la IIe République, le Malien avait peur de voler, aujourd’hui, il n’éprouve aucune honte ni peur de voler. Au contraire, il s’en enorgueillit avec aisance, arrogance et fierté”.

Et de rappeler que “la prolifération d’actes préjudiciables à l’économie du pays commis par certains agents publics peu scrupuleux en vue de s’enrichir rapidement a été et demeure une problématique qui se pose avec une acuité certaine. En plus, l’exposition des biens mal acquis de la part de leurs auteurs et les sentiments de frustration qu’elle implique crée des conditions favorables à une révolte sociale”.

Par ailleurs, “l’absence ou l’insuffisance des moyens pour réprimer ce fléau crée un déficit de confiance entre gouvernants et gouvernés. Tout comme elle apporte du crédit aux discours de défiance et de crise de légitimité prononcés par les citoyens à l’encontre des institutions judiciaires”.

Faut-il rappeler que le vœu avait été émis par le procureur général près la Cour d’appel de Bamako, Daniel A. Tessougué, lors de l’ouverture de la 1re session de la Cour d’assises le 28 mars dernier, de voir le Mali se doter “très rapidement” d’une loi inspirée des insuffisances et lacunes de tous les textes législatifs et règlementaires en vigueur actuellement, pour donner tous les moyens légaux à la justice de traquer sans relâche les délinquants financiers de tout poil.

Faisant diligence à ce cri de cœur du procureur général, le département de tutelle n’a pas perdu de temps, vue l’urgence et l’état déliquescent de la moralité de la vie publique au Mali.

Cependant, il importe de souligner qu’une chose est de se doter des meilleurs textes législatifs et règlementaires possibles. Mais une autre est de les appliquer avec efficacité et efficience. Pour que cela soit, il faut non seulement des hommes bien formés, mais qui disposent également de moyens adéquats pour accomplir leurs missions.

A travers la nouvelle loi en gestation, le Mali se projette résolument dans l’avenir afin de siéger à la table des nations modernes et émergentes grâce notamment à un assainissement et une moralisation sans complaisance de la vie publique.

Cette fois-ci serait-elle la voie du salut pour le Mali de se débarrasser pour de bon de ses délinquants financiers et autres voleurs à col blanc de la République ? L’avenir nous le dira !

Bréhima Sidibé

 

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