L’école supérieure de gestion (ESG) a organisé la semaine dernière en son sein une conférence sur « l’importance de la formation professionnelle dans la société malienne de demain » au profit de ses étudiants. Elle a été animée par l’ancien Premier ministre, Moussa Mara.
Introduisant les débats, le conférencier a défini la formation professionnelle comme étant la faculté qui est laissée aux personnes de renforcer leur formation, d’ajuster leur trajectoire afin de s’adapter aux évolutions de leur emploi, de leur entreprise ou du marché, éventuellement de profiter aussi des perspectives offertes par le marché.
La formation professionnelle qui est indispensable pour faciliter l’employabilité des jeunes (diplômés ou pas) ne semble pas être appréciée à sa juste valeur. Or, elle permet de compléter utilement l’école, le système éducatif d’une manière générale. Et quand le contexte évolue rapidement, la formation professionnelle en devient importante », a-t-il interpellé. C’est pourquoi dans certains pays, a soutenu l’ancien maire de la Commune IV, les dispositifs offerts aux personnes après avoir quitté l’université pour se former sont plus importants que ce qu’on leur offre à l’université. Comme pour dire que nous avons besoin de formation professionnelle après avoir obtenu un diplôme. Parce que nous devons, en continu, nous adapter à l’entreprise où l’on travaille, a soutenu Moussa Mara.
Il a alors invité l’état, l’administration, les autorités publiques à offrir la possibilité aux citoyens d’acquérir de nouvelles compétences, après qu’ils aient eu leur diplôme théorique de base. Ajoutant que les dispositifs mis en place par les autorités vont encaisser un coup à cause de la suppression de la taxe de formation professionnelle et les incertitudes sur son remplacement.
Ce qui est inquiétant au regard des caractéristiques démographiques du Mali. Pays où l’âge médian est de 16,5 ans, 80 % des Maliens n’ont pas 30 ans. L’un des défis pour notre société est sa démographie et son incidence sur l’éducation, la formation professionnelle et l’emploi. « Nous avons entre 20.000 et 25.000 jeunes diplômés, contre 70.000 jeunes non diplômés en âge de travailler qui arrivent chaque année. Cela fait que nous avons autour de 100.000 jeunes qui arrivent chaque année sur le marché de l’emploi pour une création effective d’emploi en dessous de 5.000 », a-t-il déploré.
Parlant des perspectives, l’ancien Premier ministre a jugé nécessaire l’adaptation et l’adaptabilité des employeurs, des employés et des demandeurs d’emplois à l’évolution technologique, aux changements de contexte. « Les individus devront faire face à des métiers qui disparaissent et d’autres qui apparaissent, s’adapter, être flexibles et agiles, ajuster leurs compétences, acquérir toujours de nouvelles compétences. Les jeunes doivent comprendre cela, avoir une compétence est bien mais disposer de facultés de remise en cause et de changement radicaux est mieux, s’informer sur le cours des changements et des évolutions technologiques, savoir être mobiles, disposer d’ouverture d’esprit, maîtriser les langues, surtout l’anglais », a souligné Moussa Mara qui a invité les étudiants à se former continuellement et à s’ouvrir à l’entrepreneuriat.
Mamadou DOLO