Dans le cadre de son projet au Mali intitulé : « Dignité : respect des droits des personnes privées de liberté », Avocat sans frontières de France (ASF France) en partenariat avec Avocat sans frontière au Mali, a organisé du 27 au 28 novembre 2013 une session de formation à l’intention des acteurs judiciaires à l’hôtel Résidence le Margot. La session avait comme thème : les règles minimales pour les personnes privées de liberté au Mali.
La formation était assurée par deux expertes envoyées par Avocat sans frontières France en l’occurrence Françoise Bastien et Elisabeth Rabesanoratane.
Au sortir des deux jours de travaux, nous avons recueilli les impressions d’un certain nombre d’acteurs. Pour Me Gilles Dembélé, avocat à la cour, « ces deux jours ont été très enrichissants par rapport à la compréhension des textes internationaux relatifs aux droits humains. C’était l’occasion pour les différents acteurs de se retrouver et discuter ensemble sur les droits humains parce qu’il y avait des avocats, des parquetiers, des gendarmes etc. ».
Quant à Sidi Oumar Coulibaly, gendarme, il dira que « cette formation a été très instructive. J’ai le sentiment de joie et je suis très fier d’Avocat sans frontières Mali. Je souhaite qu’elle soit étendue à tout le pays ». Pour Me Amady Karembé, président d’Avocat sans frontières Mali, « la formation a laissé une très bonne impression d’autant plus qu’elle a été assurée par deux expertes d’Avocat sans frontières France et un membre d’Avocat sans frontières Mali, Seydou Doumbia. Nous sommes satisfaits et la formation doit être pérennisée. Ça va changer le comportement des acteurs judiciaires face aux détenus. Tout le monde a appris qu’il faut respecter le droit des détenus ».
L’une des formatrices en l’occurrence Françoise Bastien a expliqué que le projet a été lancé en fin septembre 2013 pour une durée de 2 ans. Elle a souligné que la présente session est le coup d’envoi d’une série de 12 sessions que va connaître le projet.
La présente session, a-t-elle expliqué, visait à renforcer les capacités des acteurs judiciaires pour leur permettre d’avoir une meilleure connaissance de la situation des personnes privées de liberté. Il s’agit, a-t-elle ajouté, de mettre le respect de la dignité humaine au centre des préoccupations.
Le coordonnateur du projet Youssouf Daou a quant à lui souligné que le projet est porté par Avocat sans frontière France, exécuté en partenariat avec Avocat sans frontières Mali, mais financé par l’Union européenne. Il concernera les villes de Bamako, Kati et Kayes. Le coordonnateur du projet d’ajouter que dans la journée du lundi, il y a eu des séances de consultation avec des avocats dans certains centres de détention et qu’aujourd’hui une table ronde est prévue avec les autorités judiciaires de notre pays autour des concepts du projet.
Il faut rappeler que ce projet fait suite au constat selon lequel les centres de détention maliens sont souvent surpeuplés, la majorité des détenus étant en attente de procès, n’ayant ni avocat ni même parfois de dossiers.
De plus, l’ensemble des justiciables méconnaissent leurs droits et les moyens de les faire valoir. Le Mali compte en effet moins de 300 avocats, dont l’immense majorité exercent dans la capitale, pour près de 16 millions d’habitants. Malgré la loi 01-082 du 24 août 2001 instaurant l’assistance judiciaire, le système n’est toujours pas effectif. Par conséquent les populations défavorisées ne peuvent pas avoir accès à un avocat pour assurer leur défense ou leur dispenser un conseil juridique.
Le présent projet, faut-il le rappeler, s’inscrit dans la continuité d’un précédent projet financé par Ariance et la coopération française et mené par Avocat sans frontières Mali et Avocat sans frontières France avec un budget de 17 000 euros, « Tours juridiques au Mali, Accès au droit et à la justice pour les populations vulnérables, villes de Koulikoro, Ségou, Sikasso ». Il s’agissait de favoriser l’accès au droit et à la justice pour les détenus et les populations des trois régions cibles.
Abdoulaye Diakité