Convocation du reliquat de la 3e cohorte pour la formation militaire : Les nouvelles recrues de l’enseignement supérieur dénoncent la violation des textes

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Suite à la convocation du reliquat de la 3e cohorte n’ayant pas accompli leur service militaire obligatoire pour le départ à la formation sur Bapho à Ségou, le mardi 25 avril dernier, les nouvelles recrues de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, à travers un document de synthèse des travaux dont nous avons pu nous procurer une copie, dénoncent la violation des textes fondateurs du Service national des jeunes (SNJ).

Selon le document, les nouvelles recrues sont très honorées de servir le Mai en tant qu’enseignants-chercheurs. Et de préciser qu’ils sont plutôt de la 2e promotion des admis de la fonction publique depuis 2021 devant suivre une formation militaire au Service national des jeunes (SNJ). “Mal à l’aise, déçus, anxieux sont des qualificatifs que nous pouvons utiliser pour décrire notre état d’esprit. Mal à l’aise de voir les autorités abuser de leur pouvoir”, mentionne le document.

Ils diront qu’en fouillant les textes, ils été surpris de constater qu’il y a une ambiguïté qui doit vite être levée. En effet, poursuit le document, il n’y a aucun texte au Mali qui oblige les recrues de la fonction publique à suivre une formation militaire dans le cadre du Service national des jeunes. Selon eux, le seul élément officiel dans cette affaire de formation militaire des nouvelles recrues de la fonction publique c’est l’instruction verbale du président de la Transition. Or, précise la synthèse des travaux, le statut de la fonction publique ainsi que tous les statuts particuliers devaient être modifiés normalement afin d’inclure cette instruction présidentielle.

“A ce jour, jusqu’à modification des textes, il n’y a en réalité aucun lien entre le fonctionnaire et le SNJ. Déçus de voir nos multitudes tentatives d’ouvrir le dialogue avec les autorités se solder par des échecs. En effet, aucune recrue à l’heure où nous sommes n’est capable de dire exactement quels sont ses droits pendant le temps du SNJ. Ce sentiment de déception est renforcé par le déficit de communication officielle des autorités quant à notre situation”, déplore le document.

Entre mépris et confusion

A en croire le document de synthèse des travaux, de leur admission au concours, proclamée le 6 octobre 2022, les recrues de l’enseignement supérieur n’ont reçu aucune information avant le 18 novembre où elles ont reçu leur arrêté d’intégration.

“Après cette date, nous sommes encore restés sans information jusqu’au 22 décembre où nous découvrons l’arrêté de notre mise à la disposition du ministère de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne. Ensuite, notre dernière convocation remonte au 10 février 2023 où nous recevons le communiqué de la direction du SNJ nous invitant à la visite d’entrée au centre de formation le mercredi 15 février 2023. C’est seulement après cela, que nous avons reçu le 13 février un avis de la part du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique nous conviant à une réunion le lendemain, c’est-à-dire le 14 février 2023. De cette date à nos jours, nous n’avons reçu aucune autre information”, souligne le document.

Selon eux, il y a en moyenne un mois et entre 3 à 5 jours entre deux informations les concernant. Cela démontre, pour eux, un manque de considération et d’empathie à leur égard. Et d’ajouter que cela fait six mois que cette situation perdure.

Anxieux et déçus

Ils se disent anxieux, car ils ignorent comment leurs familles dont ils ont la charge vont vivre pendant qu’ils seront casernés. “11 240 F CFA par mois, soit 375 F CFA par jour voilà ce avec quoi nous sommes supposés nourrir nos familles pendant que nous effectuons le service militaire ! Sachant que notre arrêté d’intégration date de novembre 2022, soit 5 mois que nous attendons de pouvoir prendre activité et toucher nos salaires. Or nous avons tous dû mettre fin à nos différents engagements professionnels ailleurs après la publication de l’arrêté d’intégration, nous mettant nous et nos familles dans une situation de précarité liée au manque de revenu. S’il faut ajouter six mois de casernement, cela nous ferait pratiquement un an depuis notre recrutement sans salaire”, explique le document.

Ils ajoutent que l’expérience vécue par des fonctionnaires de la troisième cohorte du SNJ les préoccupe d’autant plus, car ces derniers n’ont bénéficié que de 11 240 FCFA par mois pendant toute la durée de leur formation. “Il nous est impossible de nourrir nos familles avec un tel montant, surtout étant casernés. Un tel sacrifice n’est pas demandé même aux militaires car eux bénéficient de rappels, sachant qu’ils sont enrôlés à des âges jeunes et n’ayant pas encore des familles à charge”, ajoutent-ils.

60 % au-delà de 35 ans, l’âge requis pour le SNJ

Par rapport aux différentes irrégularités constatées, ils évoquent les cinq mois d’attente depuis la signature de leur arrêté d’intégration sans effectuer la prise de service. Ensuite, ils poursuivent qu’il y a l’arrêté n°2022-5769/MESRS-SG du 9 décembre 2022 les mettant directement à la disposition du ministère de la Jeunesse et des Sports, sans prendre de disposition concernant les prises de service préalables (aucun texte de loi ne conditionne l’affectation et la prise de service du fonctionnaire au SNJ).

Quant au non-respect de la limite d’âge (18 ans et 35 au plus) prévue dans l’article 5 de la loi n° 2016-038 du 7 juillet 2016 instituant le SNJ, ils font remarquer que plus de la majorité des recrues (environ 60 %) a plus de 35 ans révolus. Enfin le non-paiement des salaires pendant la période de formation bien que cela soit garanti par l’article 8 de la même loi. Tout ceci dans un silence absolu des autorités au pouvoir malgré de multiples correspondances adressées et aussi malgré les sonnettes d’alarme.

 Boubacar Païtao

 

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