Les ragots et autres rumeurs les plus infondés et insensés sont ceux qui disparaissent toujours de la manière dont ils ont apparu: comme par enchantement. Mais lorsqu’ils insistent et persistent à perdurer, c’est qu’ils renferment le plus souvent une grosse part de vérité. Le constat est d’autant plus pertinent qu’une fumée qui tient à ne pas s’éteindre finit, à la longue, par se transformer… en feu.
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Or, trop de ragots, c’est comme trop d’argent: ça ne se prête qu’aux riches. Et ces “riches” ne sont autres que les ayants, les puissants et les savants, autrement dit les hommes d’avoirs, de pouvoir et de savoir.
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Qu’elle soit fausse au fondée, une rumeur a plus de chance d’atteindre une haute personnalité qu’une personne ordinaire. Et pour cause : “on ne peut prétendre terrasser quelqu’un qui est déja couché”, dit l’adage.
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De tout temps, les personnalités influentes de la société ont été sujettes à une rumeur, où le plus souvent la calomnie et la médisance gratuites l’emportent sur la réalité des faits. Tel est le cas des ministres, élus politiques, hauts cadres de l’administration et de la société civile…
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Aussi, ces hautes personnalités qui sont la cible de ces rumeurs ne doivent pas s’en formaliser outre mesure, encore moins si elles sont convaincues du dessein desdites rumeurs. Pourtant, avions-nous précisé, une rumeur qui perdure, persiste et signe renferme le plus souvent une bonne dose de véracité.
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C’est dans ce cadre que quelques mois avant la formation du nouveau gouvernement, certains ministres et hauts cadres ont été aperçus dans certains villages de hameaux reculés du pays.
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Le fait pourrait paraître banal s’il s’agissait de personnes ordinaires. Tel n’étant pas le cas, une question surgit aussitôt dans l’esprit du citoyen… ordinaire: que diable viendraient chercher de si hautes personnalités dans des cas aussi banals?
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Un enseignant d’un village de la 4è région livre une confidence qui pourrait constituer une réponse à la question : “Nous les habitants du village, nous sommes habitués à ces ballets incessants d’hommes politiques et autres grands cadres de l’Etat chez-nous. Mais cette année a battu le record des autres années. Je pense que cela est du au fait que cette année, les vacances scolaires ont abrité d’importants évènements sociaux et surtout politiques. Les élections législatives, la formation de l’Assemblée nationale et du bureau parlementaire, la vacance des membres du gouvernement, la formation du nouveau…, tout cela s’est passé à une période de vacances où les hauts cadres disposaient de plus de temps. Surtout que ça coïncidait avec une forte saison hivernale qui, même si elle est gênante pour les voyages, permettait aux faman (NDLR : les hautes personnalités) de voyager sans être beaucoup aperçus”.
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Et notre interlocuteur, de fournir des explications plausibles sur tant de déplacements :“ Pourquoi viennent-ils ici? Mais ils viennent pour consulter les oracles, je pense. Vous savez, ils sont très rares, ces hauts cadres qui ne le font pas. D’ailleurs, notre village n’est pas le seul réputé dans ce cadre. Personnellement, j’ai vu bien de hauts patrons défiler ici, à chaque fois que je reviens chez moi pour les vacances. La venue de ces patrons ne passe d’ailleurs pas inaperçu chez nous: ils viennent le plus souvent avec plein d’argent et de cadeaux à distribuer entre les villageois. Souvent, c’est des sacs de mil et de riz, du thé, du sucre, du savon…, bref plein de choses. Et comme le village n’est pas grand, on sent tout de suite l’impact de leur arrivée à travers la joie des villageois, surtout les femmes et les jeunes qui sont les plus gâtés.”
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Et de conclure :“Remarquez, nous autres, rares intellectuels de ces villages, nous ne voyons pas ça d’un mauvais côté, du moment que nos parents et nos familles n’y trouvent pas d’inconvénient. De toute façon, patron ou pas, chacun va voir le marabout ou le féticheur en cachette, dès qu’il a des problèmes ou qu’il veut améliorer son sort. D’ailleurs, c’est un des aspects de notre société que la religion n’arrivera peut-être pas à éradiquer”.
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Reste à savoir si ces cadres “consulteurs d’oracles” ont été promus, ou s’ils ont perdu leurs postes, après “consultation”. Dans tous les cas, ce qui importe, c’est que, promu ou pas, un cadre doit donner la pleine mesure de ses compétences intrinsèques, dans l’exercice de ses fonctions, fussent-elles administratives ou politiques. C’est du reste tout ce que l’Etat et les citoyens attendent de lui.
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19 octobre 2007
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