Dans le but de pouvoir maitriser l’effectif des travailleurs de la Fonction publique et mettre fin aux situations de fraudes, le Ministère de la Fonction Publique avait lancé, en octobre 2014, une opération de contrôle physique prenant en compte tous les agents émargeant sur le budget de l’Etat. Cette mesure avait été saluée en son temps par l’opinion nationale. Cependant, elle a causé d’énormes préjudices à de nombreux fonctionnaires victimes d’erreur ou de légèreté de la part des agents chargés de cette tâche. C’est le cas de Mme Anta Konipo, enseignante au second cycle à l’école Babemba 1 de Sikasso. Bien qu’ayant fait le contrôle en bonne et due forme, elle est sans salaire depuis le mois d’octobre 2015 sans qu’elle ne sache qu’elle en est la véritable raison. Et tous les recours qu’elle a eu à faire se sont avérés vains et n’ont pas changé les choses.
En effet, Mme Anta Konipo, après près de 32 ans de service se retrouve aujourd’hui sans salaire. Une situation née d’une erreur administrative dont elle a été victime lors de l’opération de contrôle physique des travailleurs de la fonction publique. Mais ce qui n’est pas compréhensible dans son cas, c’est que bien qu’elle ait apporté toutes les preuves attestant qu’elle a fait son contrôle physique, les choses n’ont pas changé. Et du coup, depuis le mois d’octobre dernier, elle travaille sans percevoir un copeck à la fin du mois.
Anta Konipo, 32 ans de bons et loyaux services
Anta Konipo est enseignante au second cycle de l’école Babemba 1 de Sikasso, qui a intégré la fonction publique sur concours sous le numéro matricule ‘’756 95T’’ à travers l’arrêté de recrutement N° 4430MTFP-DNFPP-D2-1 du 25 septembre 1984. Et depuis cette date, elle a consacré toute son énergie et ses connaissances au service de l’enseignement fondamental.
Après avoir longtemps servi à Ségou, elle a été mutée à Sikasso par la décision N°1421/MEN/SG en date du 11 août 2003. C’est ainsi qu’elle va prendre fonction à Sikasso. La note de service N°031/CAP Sikasso 1, Ecole Sikasso B en date du 22 octobre 2003 en est la preuve.
Erreur grossière lors du contrôle physique
En service à Sikasso depuis 2003 (plus de 10 ans), il était tout à fait normal que Anta Konipo fasse son contrôle physique sur place. Ce qu’elle a d’ailleurs fait avant de percevoir son salaire du mois de novembre 2014. Mais son calvaire a commencé depuis le mois d’octobre 2015, car depuis cette date, elle ne perçoit plus son salaire. Avec comme motif que son nom figure sur la liste des fonctionnaires absent lors du contrôle physique à Ségou. Une erreur d’une grossièreté déconcertante que seule la ministre de la Fonction Publique, Mme Diarra Racky Talla peut expliquer. Sinon, comment comprendre que le nom d’une fonctionnaire qui est en service à Sikasso depuis 2003 et qui y a fait le contrôle physique figure sur la liste des absents de Ségou, une ville où elle a service pendant des années et qu’elle a quitté il ya plus d’une dizaine d’années ?
L’indifférence de la ministre Diarra Racky Talla
Face à cette situation, Mme Anta Konipo qui tend d’ailleurs vers la retraite après près de 32 ans de service a usé de tous les voies de recours possibles, sans voir sa situation changer. Elle a déposé ses dossiers trois fois de suite au niveau du Ministère du Travail, de la Fonction Publique et des Relations avec les Institutions, mais sans succès. Le dernier dépôt de ses dossiers remonte d’ailleurs au 27 janvier dernier. Elle a même rencontré l’un des conseillers techniques du ministre. Mais rien n’y fait. Après cela, on lui fait savoir que le Ministère ne recevait plus de dossiers et qu’elle doit désormais se tourner vers la Direction des Ressources Humaines de la Fonction Publique. Ses recours au niveau de ce département n’ont aussi rien donné. Et finalement, Anta Konipo ne sait plus où donner de la tête et que faire pour pouvoir rentrer dans ses droits.
Cette situation d’injustice vient d’ailleurs renforcer la douleur de cette dame et sa colère contre les autorités de la République du Mali.
En effet, en plus de cette souffrance qu’elle endure actuellement, Anta Konipo n’a pas encore fini de pleurer un de ses fils, mort lors des affrontements entre les FAMAs et les rebelles à Kidal le 21 mai 2014. Il s’agit du Sergent-chef de la Garde nationale Sékou Souleymane Doumbia. Un jeune soldat qui s’était battu jusqu’à son dernier souffle pour défendre les couleurs du Mali lors des affrontements à Kidal pour la reprise du gouvernorat après la visite de l’ex Premier ministre Moussa Mara.
Pour certains de ses proches, Anta Konipo, qui, jusque-là verse souvent des larmes à cause de la mort atroce que son fils a connue ne mérite pas une telle injustice de la part de l’Etat. Surtout qu’elle a déposé tous ses dossiers au niveau du Ministère de tutelle. Mais aussi, pour la simple raison qu’il s’agit d’une erreur dont la réparation ne doit pas poser de problème car, elle a bel et bien fait le contrôle physique à Sikasso où elle a été mutée depuis 2003. Seulement, à cause de cette erreur, son nom a été retrouvé sur la liste des absents à Ségou.
Nous y reviendrons
D. Diama